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Colonisation, terrorisme, influence russe... 5 déclarations à retenir du voyage d'Emmanuel Macron en Afrique

Emmanuel Macron a tenu à aborder des sujets sensibles, comme la guerre en Ukraine, la colonisation ou la corruption. [Ludovic MARIN / AFP]

Emmanuel Macron achève ce jeudi une tournée africaine qui l'a mené du Cameroun à la Guinée-Bissau en passant par le Bénin. Le président français, qui a fait de l'Afrique une priorité diplomatique, a voulu porter la voix de la France sur de nombreux sujets.

Guerre en Ukraine : Emmanuel Macron dénonce l'«hypocrisie» de certains pays africains

A Yaoundé, capitale du Cameroun et première étape du voyage, Emmanuel Macron a dénoncé mardi «l'hypocrisie» observée «en particulier sur le continent africain» consistant à ne pas reconnaître clairement l'«agression unilatérale» de la Russie envers l'Ukraine.

De nombreux pays africains n'ont en effet pas condamné l'invasion russe de l'Ukraine, une neutralité qui peut s'expliquer par des liens de dépendance alimentaire ou sécuritaire avec la Russie.

Le Cameroun, signataire en avril d'un accord de défense avec Moscou, fait partie de ces pays.

La Russie : une «puissance impériale coloniale»

Depuis le Bénin, le président français a accusé mercredi la Russie d'être «une des dernières puissances impériales coloniales» après avoir lancé «une guerre territoriale» en Ukraine.

Dénonçant une «présence hybride» en Afrique, notamment à travers la présence du groupe paramilitaire Wagner, Emmanuel Macron a aussi appelé les Africains à ne pas croire les «contrevérités» diffusées sur le continent par les médias russes. Sur le sujet de la crise alimentaire, «ce ne sont pas les sanctions qui ont créé la situation mais bien la guerre décidée par la Russie», a par exemple tenu à rappeler le chef de l'Etat.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, également en tournée en Afrique, a enfoncé le clou en assurant que son pays allait «significativement accroître» son rôle sur le continent.

influence française : «nous sommes bousculés»

En voyageant à travers l'Afrique centrale, Emmanuel Macron a aussi cherché à raviver l'image de la France. Depuis plusieurs années, le Quai d'Orsay s'inquiète du sentiment anti-français qui se développe dans certaines régions du continent, au profit de l'influence grandissante de la Russie et de la Chine.

Sur le plan économique, l'exemple du Cameroun est flagrant. Les entreprises françaises, qui sont environ 200, ne pèsent plus qu'environ 10% de l'économie du pays contre 40 % dans les années 1990. «Nous sommes bousculés», a reconnu Emmanuel Macron, «peut-être parce nous nous étions endormis. Il nous appartient d'être meilleurs, plus efficaces».

Sur le plan politique, «la France n'a pas à s’ingérer, à adouber qui que ce soit, à donner des leçons», avait souligné l'Elysée en amont du voyage, tout en précisant que les questions d'«Etat de droit» devaient être abordées lors du voyage. Accompagner la transition démocratique sans paraître s'ingérer dans les affaires du pays : une équation difficile à résoudre pour Emmanuel Macron qui a rencontré au moins deux dirigeants accusés de dérive autoritaire : Paul Biya au Cameroun - 89 ans, quarante ans au pouvoir - et Patrice Talon au Bénin.

S'il s'est abstenu de critiquer publiquement la gouvernance des pays traversés, le chef de l'Etat ne s'est pas privé de critiquer la «corruption» qui règne dans les milieux économiques africains.

Terrorisme : «nous ne lâcherons pas»

«Nous ne lâcherons pas la sécurité du continent africain», a prévenu mardi à Yaoundé Emmanuel Macron, en réaffirmant sa volonté de «réinventer» le «dispositif militaire et sécuritaire» français, notamment après le départ français du Mali. «La France restera résolument engagée pour la sécurité du continent en appui et à la demande de nos partenaires africains», a expliqué le chef de l'Etat.

L'évolution du dispositif, engagée depuis l'annonce du retrait de l'opération Barkhane du Mali face à l'hostilité de la junte au pouvoir, sera à la fois géographique et organisationnelle. «Nous opérons une réarticulation de notre dispositif en nous retirant du Mali parce que le cadre politique n'est plus là (...), pour élargir notre dispositif, au-delà du Sahel, au Golfe de Guinée et les pays de la deuxième ceinture qui ont à faire face maintenant à des groupes terroristes qui sont en train de s'étendre et de bousculer toute la région», a expliqué le président français.

«Nous resterons mobilisés aux côtés des pays du bassin du lac Tchad pour les aider à lutter contre les terroristes qui endeuillent depuis tant d'années l'extrême-nord du Cameroun», où est actif Boko Haram, a-t-il aussi assuré.

COLONISATION FRANÇAISE : DES HISTORIENS POUR «FAIRE LA LUMIÈRE»

A Yaoundé, capitale du Cameroun, le président français Emmanuel Macron a demandé ce mardi à des historiens de «faire la lumière» sur l'action de la France pendant la colonisation et après l'indépendance de ce pays, annonçant l'ouverture «en totalité» des archives françaises sur des «moments douloureux» et «tragiques».

«Je souhaite que nous puissions avoir et lancer ensemble un travail conjoint d'historiens camerounais et français», a proposé le chef de l'Etat, lors d'une conférence de presse avec son homologue camerounais Paul Biya.

Soucieux de tourner la page de la «Françafrique» et de réconcilier les mémoires, le président français avait déjà plusieurs fois sollicité le travail d'historiens, comme Benjamin Stora, auteur d'un rapport sur les mémoires de la guerre d'Algérie, ou Achille Mbembe, qui avait préparé le sommet Afrique-France de Montpellier.

Les questions mémorielles étaient mercredi au cœur du voyage d'Emmanuel Macron au Bénin, à qui la France a restitué 26 œuvres pillées en 1892 par les troupes coloniales françaises. Après avoir visité l'exposition de ces trésors à Cotonou, Emmanuel Macron a assuré que ce processus allait continuer.

Les Béninois réclament notamment le retour au pays d'autres œuvres symboliques, comme la sculpture du Dieu Gou, détenue par le Musée du Louvre.

La politique d'apaisement voulue par Paris, qui connaît des résultats inégaux dans les anciennes colonies françaises, semble au moins fonctionner au Bénin. Les relations sont «décomplexées et débarrassées des pesanteurs du passé», s'est félicité le président béninois Patrice Talon.

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