À peine Lula investi président du Brésil que certains parlementaires souhaitent voir son prédécesseur, Jair Bolsonaro, mis en détention. Pour ce faire, ces parlementaires ont déposé une demande officielle au Tribunal suprême fédéral.
Après quatre ans de mandat vivement critiqués, Jair Bolsonaro pourrait devoir rendre des comptes. Au lendemain de l’investiture de Lula, désormais président du Brésil pour la troisième fois de sa carrière, des parlementaires ont demandé la mise en détention de son prédécesseur.
Plusieurs députés du PSOL, Le Parti socialisme et liberté (gauche), ont remis une demande de mise en détention provisoire de Jair Bolsonaro auprès du Tribunal suprême fédéral (STF), la Cour suprême brésilienne. Ils accusent Jair Bolsonaro d’avoir attaqué la démocratie. «Il est nécessaire de souligner, malheureusement, l'histoire de la diffusion de fake news, avec une intention de coup d'État, de l'ancien président Bolsonaro : celui-ci, depuis le début de sa présidence, a été l'architecte du scénario que nous vivons», indique le document remis au STF, selon les informations de CNN Brasil.
Le document dénonce également la posture du président sortant après le résultat du scrutin, qui n’a pas reconnu sa défaite auprès de sa base électorale, alimentant ainsi les réactions violentes de ses partisans, qui demandaient une intervention de l’armée pour bloquer la passation de pouvoir à Lula.
Selon les députés signataires, ces éléments «démontrent de manière incontestable que Jair Messias Bolsonaro maintient délibérément active sa base radicalisée, qui a culminé dans plusieurs actes criminels et terroristes dans tout le Brésil, configurant une véritable organisation criminelle contre la démocratie.» Quelques jours avant l’investiture de Lula, un attentat terroriste organisé par un partisan de Jair Bolsonaro avait effectivement été déjoué. L’individu avait placé une bombe dans un camion-citerne près de l’aéroport de Brasilia.
Jair Bolsonaro aux états-Unis
Le député fédéral Guilherme Boulos, du PSOL, a confirmé cette demande sur Twitter. «Nous sommes entrés aujourd’hui au STF avec la demande d’arrestation de Bolsonaro. Pas d’amnistie !» a-t-il écrit sur le réseau social. Le président du PSOL, Juliano Medeiros, a déclaré au journal Folha de São Paulo : «Bolsonaro a commis des crimes en série pendant son gouvernement. Le qualifier de génocidaire n'est pas exagéré. Malheureusement, les institutions n'ont pas agi à temps et nous avons dû attendre les élections. Nous n'accepterons aucun jour d'impunité. L'amnistie est hors de question. Nous voulons que Bolsonaro soit emprisonné»
Entramos hoje no STF com o pedido de prisão de Bolsonaro. Sem anistia!
— Guilherme Boulos (@GuilhermeBoulos) January 2, 2023
Le président d’extrême droite, refusant d’être présent pour l’investiture de son adversaire, s’est envolé vendredi dernier aux États-Unis pour un mois, selon la presse brésilienne. Il n’a donc pas remis l’écharpe présidentielle à Lula, rompant pour la première fois cette tradition démocratique instaurée en 1985 à la fin de la dictature militaire. Une décision fustigée par les parlementaires signataires de sa demande d’incarcération, qui réclament en outre la saisie de son passeport afin «qu’il ne s’enfuie pas à nouveau s’il revient sur le territoire brésilien».
N'étant désormais plus en exercice, l'ancien président a perdu son immunité présidentielle, ce qui l’expose à de possibles poursuites pénales.