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Canada : une province expérimente la dépénalisation des drogues dures

Le fentanyl fait partie des drogues désormais dépénalisées en Colombie-Britannique Le fentanyl fait partie des drogues désormais dépénalisées en Colombie-Britannique [DON EMMERT / AFP]

Au Canada, la province de Colombie-Britannique expérimente dès ce mardi 31 janvier la dépénalisation des drogues dures, notamment l’héroïne et la cocaïne, pour tenter d’endiguer la crise des opiacés.

Dépénaliser pour mieux contrôler ? C’est le pari de la province canadienne de Colombie-Britannique, qui expérimente dès ce mardi 31 janvier la dépénalisation de certaines drogues dures. Désormais, la possession de petites quantités, plafonnée à 2,5 grammes, de certaines drogues ne constitue plus une infraction pour les personnes majeures.

Cette mesure fait partie d’un projet de trois ans mené et approuvé par le gouvernement fédéral en mai dernier. L’expérimentation doit durer jusqu’au 31 janvier 2026. Sont concernées la cocaïne, les méthamphétamines, la MDMA et certains opioïdes, notamment le fentanyl ou la morphine.

Si la possession de petite quantité n’est plus criminalisée, la vente de ces drogues reste, elle, bien interdite dans la province. Par ailleurs, la détention de ces drogues dans les écoles, les garderies et les aéroports demeure illégale.

Changer de paradigme

L’objectif de cette mesure est d’endiguer la crise des opiacés qui tue des milliers de personnes chaque année au Canada mais également aux États-Unis. La Colombie-Britannique, province canadienne de 5 millions d’habitants, a notamment déclaré l’état d’urgence sanitaire en 2016 en raison des opiacés. Depuis cette date, elle a recensé plus de 10.000 décès liés à des surdoses de drogues dures.

Selon les défenseurs du projet, la dépénalisation de la consommation de certaines drogues dures permettrait de supprimer les stigmates et préjugés liés à la drogue et de traiter la question comme un problème de santé publique et non plus comme un problème criminel. La stigmatisation et la honte entourant la consommation de drogues «poussent les gens à cacher leur dépendance», a expliqué Bonnie Henry, responsable de la santé publique de la Colombie-Britannique. «Cela signifie que de nombreuses personnes meurent seules», a-t-elle ajouté.

Une expérience similaire avait été menée dans l’État américain de l’Oregon, dont le bilan reste pour l’heure mitigé, notamment en raison du manque d'accès aux traitements. La dépénalisation a permis de désengorger le système judiciaire, sans pour autant que les personnes addictes se tournent vers les traitements, et les overdoses ont donc augmenté.

En Europe, le Portugal a fait figure de pionnier en décriminalisant en 2001 la consommation et la détention de toutes les drogues, qui restent néanmoins interdites. Les consommateurs sont passibles d’une amende à laquelle ils peuvent échapper en optant pour un traitement contre la dépendance.

Le Canada a investi plus de 800 millions de dollars canadiens (environ 550 millions d'euros) depuis 2017 pour répondre directement à la crise des opiacés, responsable en grande partie de la stagnation de l'espérance de vie ces dernières années.

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