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Giorgia Meloni est «incapable de régler les problèmes migratoires» de l'Italie, selon Gérald Darmanin

Gérald Darmanin a rejeté la faute de l’afflux massif des migrants à la frontière franco-italienne sur le voisin italien. [Bertrand GUAY / Alberto PIZZOLI / AFP]

Interrogé sur la situation migratoire à la frontière franco-italienne, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a estimé ce jeudi que la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, «est incapable de régler ces problèmes» pour lesquels elle a été élue.

De nouvelles tensions entre la France et l’Italie ? Alors que la veille, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, avait estimé que Gérald Darmanin était «un petit ministre», en marge d’un déplacement à Menton (Alpes-Maritimes) sur le thème de l’immigration, le locataire de la Place Beauvau a semblé vouloir ce jeudi reprendre la main.

Interrogé sur la situation migratoire à la frontière franco-italienne, ce jeudi 4 mai dans l'émission «Les Grandes Gueules» sur RMC, le ministre de l’Intérieur a ainsi estimé que la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni, issue du parti nationaliste Fratelli d’Italia, est ««incapable de régler les problèmes» liés à l’immigration en Italie.

«Oui, il y a un afflux de personnes migrantes et notamment de mineurs» dans le sud de la France, a reconnu Gérald Darmanin, qui en rejette la faute sur le voisin italien : «La vérité, c'est qu'il y a en Tunisie (...) une situation politique qui fait que beaucoup d'enfants notamment remontent par l'Italie et que l'Italie est incapable (...) de gérer cette pression migratoire», a-t-il insisté. 

«Giorigia Meloni, c'est comme Le Pen, elle se fait élire sur “vous allez voir ce que vous allez voir“ et puis ce qu'on voit c'est que ça (l'immigration) ne s'arrête pas et que ça s'amplifie», a-t-il poursuivi.

À la suite des déclarations du ministre de l’Intérieur, le ministère des Affaires étrangères tente désormais de tempérer afin d’éviter une potentielle crise entre la France et l’Italie. «Le gouvernement français souhaite travailler avec l'Italie pour faire face au défi commun que représente la hausse rapide des flux migratoires», a indiqué le quai d’Orsay précisant que la relation bilatérale était «fondée sur le respect mutuel, entre nos deux pays et entre leurs dirigeants».

À son tour, Antonio Tajani, ministre italien des Affaires étrangères, qui a annulé sa visite ce jeudi soir à Paris à la suite de cette polémique, a réagi aux propos de Gérald Darmanin. «Je n'irai pas à Paris pour la rencontre prévue avec Catherine Colonna. Les offenses du ministre Gérald Darmanin envers le gouvernement et l'Italie sont inacceptables», a-t-il déclaré. 

«Ce n'est pas dans cet esprit qu'il faut affronter les défis européens communs», a-t-il ajouté. 

des chiffres implacables

L’arrivée de Giorgia Meloni au pouvoir n’a par ailleurs pas empêché les migrants de traverser la Méditerranée. D’après les chiffres fournis par l’agence de presse italienne Sir, se basant sur des données officielles du ministère de l'Intérieur italien, au 17 avril 2023, le pays avait déjà accueilli 34.124 migrants en un an.

Une augmentation spectaculaire par rapport à 2022, où seulement 8.642 personnes avaient débarqué dans la péninsule à la même période. Du reste, au moins 6.434 migrants sont arrivés en Italie via la Méditerranée, depuis le début du mois d'avril 2023 contre 3.929 il y a un an à la même période et 1.585 en 2021.

Face à cette augmentation exceptionnelle du nombre des migrants, le gouvernement de Giorgia Meloni avait décrété, mardi 11 avril dernier, l’état d’urgence migratoire pour une période de six mois. L'objectif de cette procédure est d'«apporter des réponses les plus efficaces et les plus rapides à la gestion des flux».

Si celle-ci permet à l’Italie d’offrir des solutions aux normes adéquates pour les migrants, et ce dans un délai court, elle supprime en revanche le «permis de séjour de protection spéciale». Ce dernier, introduit en 2020, permettait de secourir et d'empêcher l’expulsion de migrants dont l’état de santé psychophysique était jugé «grave».  

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