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États-Unis : pourquoi le torchon entre des élus proches de Donald Trump et leur président à la Chambre brûle-t-il ?

Le président de la Chambre des Représentants, le Républicain Kevin McCarthy, est en conflit avec une vingtaine d'élus de son propre parti proches de Donald Trump Le président de la Chambre des Représentants, le Républicain Kevin McCarthy, est en conflit avec une vingtaine d'élus de son propre parti proches de Donald Trump. [REUTERS/ Ken Cedeno]

Après un budget de l’État fédéral adopté in extremis, les tensions explosent entre les Républicains aux États-Unis. Un allié de Donald Trump, Matt Gaetz, a déposé une motion de censure contre le président de la Chambre, Kevin McCarthy, qui fait pourtant partie de son propre camp.

Rien ne va plus chez les Républicains américains. Ce lundi, le député conservateur Matt Gaetz a déposé une motion de censure contre le président de la Chambre des Représentants, Kevin McCarthy, qui appartient pourtant à la même famille politique. Cette motion intervient deux jours après l’adoption in extremis d’un accord temporaire sur le budget de l’État, pour lequel les Républicains et les Démocrates ont dû faire des compromis pour éviter le «shutdown». 

Matt Gaetz, très proche de Donald Trump, accuse le président de la Chambre d’avoir conclu un «accord secret» avec le président Joe Biden sur une enveloppe pour l’Ukraine. En effet, si la loi sur le budget a mis autant de temps à être votée, et si les députés ne sont parvenus qu’à un accord temporaire, c’est notamment parce que l’aile trumpiste des Républicains refusait d’allouer un budget à l’aide militaire à l’Ukraine. Ces ultra-conservateurs souhaitent plutôt dédier ce budget à la sécurité nationale américaine et à la gestion de la crise migratoire à la frontière avec le Mexique. 

«Alors que nous étions au milieu de cette bataille pour le financement du gouvernement, un accord secret sur l'Ukraine n'est pas ce que les Américains veulent voir de la part des Républicains», a déclaré M. Gaetz. «Je pense que les Américains méritent de connaître la coalition qui les gouverne réellement», a-t-il ajouté, selon la radio publique NPR

Cette motion de censure est une disposition très rarement utilisée dans l’histoire parlementaire américaine. C’est la première fois en plus de cent ans qu’un membre de la Chambre se sert cet outil législatif. 

D'importantes divisions au sein des Républicains

Elle met notamment en lumière des importantes divisions au sein même des Républicains, qui ne dominent la chambre basse du Congrès américain que d’une très courte majorité. Matt Gaetz avait déjà prévenu le président de la Chambre des Représentants à plusieurs reprises qu’une alliance avec les Démocrates, même ponctuelle, pourrait lui coûter sa place de «speaker» (nom donné au président de la Chambre des Représentants aux États-Unis, ndlr). 

L’aile la plus conservatrice du parti Républicain déplore notamment que Kevin McCarty ait préféré trouver un compromis pour éviter l’arrêt des activités gouvernementales, le fameux «shutdown», qui aurait fait plonger l’économie américaine, plutôt que de défendre les intérêts du parti. 

Si un certain nombre de députés républicains ont exprimé leurs désaccords avec Kevin McCarthy, ils voient dans la motion de censure de Matt Gaetz du pain béni pour l’opposition démocrate, qui pourrait profiter de la division au sein des Républicains pour reprendre la main sur la Chambre des Représentants. Selon CNN, Matt Gaetz aurait d'ailleurs pris contact ces dernières semaines avec ses opposants du parti démocrate, sachant qu’il aura besoin de leurs voix pour faire adopter la mention de censure contre Kevin McCarthy. 

Cependant, les Démocrates eux-mêmes ne seraient pas totalement séduits par une destitution du président de la Chambre, qui provoquerait un véritable chaos au Congrès américain qui ne leur serait pas nécessairement profitable. Rien n'est encore joué, et des discusion sont en cours chez le parti de Joe Biden pour savoir s'il est préférable ou non de sauver le «speaker». Pour être adoptée, cette motion nécessite un vote à la majorité à la Chambre.

Des divisions dès son élection

Le président de la Chambre des Représentants ne semble pas préoccupé par cette motion de centure. «J'ai maintenu le gouvernement ouvert pour que les familles de nos soldats et de nos agents frontaliers puissent être payées. Si une poignée de Républicains se rangent du côté des Démocrates et veulent me destituer pour cela, c'est un combat qui vaut la peine d’être mené», a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux. 

L’explosion des tensions entre Kevin McCarthy et les élus ultra-conservateurs du parti n’a rien d’étonnant. L’actuel speaker avait été élu dans la douleur en janvier dernier après un scrutin interminable de 15 tours, en raison de divergence avec une vingtaine d’élus trumpistes, qui lui reprochaient de ne pas assez soutenir l’ancien président américain, et de manquer de poigne. Il savait donc, dès son élection, qu'il ne faisait pas l'unanimité au sein de son propre parti et que cette branche conservatrice lui poserait problème. 

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