Les proches et soutiens de l'opposant russe Alexeï Navalny, qui purge une peine de dix-neuf ans de prison, affirment qu’ils n’ont plus aucune nouvelle de lui depuis plus d’une semaine. Les dirigeants occidentaux ont fait part de leur inquiétude. Voici ce que l'on sait.
Une incertitude de plus en plus pesante pour ses proches. Alexeï Navalny, principal opposant de Poutine, incarcéré dans la colonie pénitentiaire IK-6, dans l’oblast de Vladimir (une division administrative de l’ex-URSS), à l’est de Moscou, semble avoir disparu des radars.
Ses soutiens cherchent par tous les moyens à le contacter depuis bientôt une semaine, en vain. Ses avocats avaient reçu l’interdiction de le voir et il ne s’était pas non plus présenté à ses audiences au tribunal, en visioconférence, les 7 et 11 décembre derniers. Selon les autorités pénitentiaires, cela était dû à une panne d’électricité.
Une absence d’informations alarmante
Après une longue attente aux portes de son pénitencier, les avocats d'Alexeï Navalny ont été informés que «le prisonnier ne figurait plus sur leur registre». Kira Yarmysh, sa porte-parole, a fait part sur ses réseaux sociaux du manque d’informations à ce sujet.
Today, as on Friday, the lawyers tried to get to IK-6 and IK-7 — two colonies in the Vladimir region where Alexey @navalny might be. They have just been informed simultaneously in both colonies that he is not there.
We still don't know where Alexey is.— Кира Ярмыш (@Kira_Yarmysh) December 11, 2023
Les proches d’Alexeï Navalny s’inquiètent notamment pour sa santé qui n’aurait de cesse de se dégrader depuis sa détention. Aux dernières nouvelles, l’emblématique opposant russe avait souffert de vertiges la semaine dernière et avait dû être placé sous perfusion. En effet, celui-ci serait placé dans une cellule «punitive sans ventilation», privé de nourriture, avec un temps de promenade réduit au minimum. Un traitement inégal qui est allé jusqu’à un placement en cellule solitaire pour un an, le 27 septembre dernier.
Un transfert dans une colonie «à régime spécial» ?
Avec l’état de santé d’Alexeï Navalny, son entourage a sonné l’alerte. De nombreuses interrogations ont émergés, «cela signifie qu’il peut se trouver n’importe où. Pire encore, il peut se retrouver en transfert pendant plusieurs semaines», a déclaré Leonid Volkov, l’un de ses lieutenants, sur les réseaux sociaux. En effet, à la suite de son dernier jugement en août, l’opposant russe devait être transféré dans un autre établissement carcéral. Ces changements par train prennent souvent plusieurs semaines, durant lesquelles les familles des détenus n’ont aucune nouvelle.
Le potentiel placement d’Alexeï Navalny dans l’une des colonies à régime spécial, dans le système pénitentiaire russe, a de quoi inquiéter ses proches. Ces colonies se trouvent dans des régions isolées et rudes, au climat extrême. Elles ne sont réservées qu’aux détenus condamnés pour récidive dangereuse.
«Le Kremlin ne recule devant rien pour écraser ses détracteurs», a déclaré Denis Krivosheev, directeur adjoint du programme Europe de l’Est et Asie centrale d’Amnesty International, dans un communiqué.
Des réactions à l’international
L’absence d’informations concernant le lieu précis où se trouve Alexeï Navalny a également préoccupé Washington qui a à nouveau appelé à sa libération ce mardi. John Kirby, membre du Conseil de sécurité national américain, a déclaré qu’il «n’aurait jamais dû être emprisonné».
L’Union européenne, qui appelle à la libération immédiate de l'opposant russe depuis le début de son incarcération, a, par ailleurs, réitéré sa demande. Selon elle, son incarcération ne reposerait que sur «des motifs politiques».
Malgré ces vives réactions, le Kremlin a campé sur ses positions. «Il s’agit d’un prisonnier qui a été reconnu coupable et qui purge la peine qu’il a reçue. Nous considérons que toute ingérence, notamment de la part des États-Unis, est inacceptable», a affirmé Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe. Selon lui, ils n’ont aucun contrôle sur le déroulé du séjour des détenus dans leur centre pénitentiaire et ne peuvent surveiller le sort de chacun d’entre eux.