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Exécution par inhalation d'azote : quel est ce procédé utilisé pour la première foisaux États-Unis pour exécuter un condamné ?

Cette méthode d'exécution a été autorisée dans l’Alabama en 2018 à cause d’une pénurie de médicaments utilisés pour les injections létales, mais n'avait jamais été appliquée. [Twitter @NoiseAlerts]

En Alabama (États-Unis), Kenneth Eugene Smith a été executé ce jeudi 25 janvier par hypoxie d'azote, une méthode alternative à l'injection létale. Cette nouvelle technique suscite de nombreuses controverses, ses détracteurs estimant qu'elle s'apparente à de la torture. De quoi s'agit-il réellement ?

Un mode d’exécution qui suscite la polémique. Kenneth Eugene Smith, définitivement condamné en 1996 à la peine capitale pour le meurtre d'une femme commandité par son mari, est décédé au pénitencier d'Atmore à 20h25 locales (02h25 GMT vendredi), 29 minutes après le début de l'exécution, a annoncé un communiqué du procureur général d'Alabama.

L'exécution de Kenneth Smith a été la première de l'année aux Etats-Unis, où 24 ont été réalisées en 2023, toutes par injection létale. C'est la première fois depuis plus de 40 ans qu'un mode d'exécution inédit est utilisé dans ce pays. L'Alabama, situé dans le sud-est des Etats-Unis, est l'un des trois États américains autorisant l'exécution par inhalation d'azote, dans laquelle le décès est provoqué par hypoxie (raréfaction d'oxygène).

D’après le New York Post, la méthode de mise à mort consiste à forcer le condamné à respirer de l’azote pur.  Déjà autorisée dans les États de l’Oklahoma et du Mississippi depuis quelques années, cette méthode de mise à mort n’avait jamais été utilisée jusqu’à maintenant dans le pays.

Dans les faits, l'hypoxie à l'azote est provoquée en forçant le détenu à ne respirer que de l'azote, le privant ainsi d'oxygène jusqu’à sa mort. L'air inhalé par les personnes comprend 78 % d'azote mais il est inoffensif en cas d’inhalation avec de l'oxygène. Pendant l'exécution, l'azote est diffusé par le biais d'un masque et le condamné deviendrait inconscient dans les huit à dix secondes qui suivent cet inhalation, rapporte l'agence AP.

«Une forme d'expérimentation humaine» 

Cette méthode d'exécution a été autorisée dans l’Alabama en 2018 à cause d’une pénurie de médicaments utilisés pour les injections létales. Elle n’a toutefois pas encore été utilisée aux Etats-Unis en raison des critiques émises par ses opposants.

Malgré son caractère inodore, cette dernière a été jugée par ses détracteurs comme étant «une forme d’expérimentation humaine». L'Equal Justice Initiative, un groupe de défense juridique qui s'oppose à la peine de mort, a critiqué l’Alabama pour son passé «d’exécutions et de tentatives d'exécution ratées et imparfaites». Il a ajouté que «l’expérimentation d'une méthode jamais utilisée auparavant est une idée terrible».

«Aucun État du pays n'a exécuté une personne en utilisant l'hypoxie azotée et l'Alabama n'est pas en mesure d'expérimenter une méthode d'exécution qui n'a pas fait ses preuves et qui n'est pas utilisée», a conclu Angie Setzer, l’avocate principale de l'Equal Justice Initiative, dont les propos ont été rapportés par le journal américain.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme (HCDH) s'est dit le 16 janvier «alarmé» par l'utilisation d'un «mode d'exécution inédit et non testé, l'hypoxie à l'azote». Cela «pourrait constituer de la torture ou d'autres traitements cruels ou dégradants au regard du droit international», a prévenu une porte-parole du Haut-Commissariat, Ravina Shamdasani, appelant à un sursis à cette exécution.

Le prisonnier a échappé à l’injection létale en 2022

Kenneth Eugene Smith a échappé à la mort par injection létale l’an dernier à cause de problèmes liés à l'insertion d'une intraveineuse dans ses veines. Cet échec, le deuxième en deux mois au sein de l’État, avait provoqué la suspension de cette méthode d’exécution en Alabama pendant un an.

«C'est une véritable parodie que Kenneth Smith ait pu échapper à sa condamnation à mort pendant près de 35 ans après avoir été reconnu coupable du meurtre odieux d'une femme innocente, Elizabeth Sennett», a affirmé Steve Marshall, le procureur général de l’État.

Kenneth Eugene Smith avait été condamné à la peine de mort en 1996, après avoir assassiné avec un complice la femme d'un prédicateur, Elizabeth Sennett, à son domicile du comté de Colbert le 18 mars 1988. Selon les procureurs en charge du dossier, les deux hommes ont tué cette dernière sur ordre de son mari en échange de 1.000 dollars chacun afin de lui permettre de toucher l’argent de l’assurance et d’éponger ses dettes.

Selon des documents judiciaires, le pasteur et mari de la victime, Charles Sennett, s’est suicidé lorsque l’enquête a fini par le placer comme suspect potentiel dans cette affaire. L’autre homme condamné pour le meurtre avait, quant à lui, été exécuté en 2010 aux Etats-Unis.

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