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Royaume-Uni : la justice met en délibéré sa décision sur le recours de Julian Assange pour éviter son extradition vers les Etats-Unis

Julian Assange risque jusqu'à 175 ans de prison aux Etats-Unis Julian Assange risque jusqu'à 175 ans de prison aux Etats-Unis. [Daniel LEAL / AFP]

Après deux jours d'audience, la Haute Cour de justice britannique a mis en délibéré sa décision sur le dernier recours de Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, pour éviter son extradition vers les Etats-Unis, où il risque jusqu’à 175 ans de prison.

L'audience de la dernière chance. Pendant deux jours, la Haute Cour de justice de Londres a examiné le dernier recours de Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, contre son extradition vers les Etats-Unis. Le principal intéressé, souffrant, n'a pas assisté aux débats. Les juges ont mis leur décision en délibéré, sans préciser de date.

Deux magistrats britanniques ont examiné pendant deux jours la décision de la Haute Cour de justice de Londres prise le 6 juin 2023, de refuser à Julian Assange l'autorisation de faire appel de son extradition aux Etats-Unis acceptée en juin 2022 par le gouvernement britannique. La justice pourra soit autoriser Julian Assange à présenter formellement un appel, soit le lui refuser, auquel cas il pourrait être extradé dans la foulée. 

Lors de l'audience, ses avocats se sont efforcés de convaincre les magistrats de la Haute Cour de Londres que ces poursuites contre lui étaient «politiques», et qu'une extradition mettrait sa santé et même sa vie en danger. Julian Assange a «publié sans discernement et en connaissance de cause les noms d'individus qui ont servi de sources d'information pour les Etats-Unis», a estimé de son côté l'avocate Clair Dobbin, qui représentait le gouvernement américain. «Ce sont ces faits qui le distinguent (d'autres médias), et pas ses opinions politiques», a-t-elle fait valoir.

Cour européenne des droits de l'homme

L'épouse du fondateur de Wikileaks, Stella Assange, a d'ores et déjà annoncé saisir la Cour européenne des droits de l'Homme si la justice britannique lui refuse la possibilité de faire appel de son extradition. 

Âgé de 52 ans, le lanceur d’alerte australien est emprisonné au Royaume-Uni depuis 2019, et encourt jusqu’à 175 ans de prison aux Etats-Unis, où il est accusé d'espionnage et de piratage information, pour avoir publié à partir de 2010 plus de 700.000 documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et Afghanistan.

Il avait été arrêté après sept ans reclus à l'ambassade d'Equateur à Londres pour éviter son extradition vers la Suède dans une enquête pour viol, classée sans suite en 2019. Il est actuellement détenu à la prison de haute sécurité de Belmarsh, dans l'est de Londres.

Soutien du premier ministre australien 

«Sa santé décline, physiquement et mentalement. Sa vie est en danger chaque jour où il reste en prison et s'il est extradé, il mourra», avait déclaré sa femme, Stella Assange, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue à Londres la semaine dernière, quelques jours avant le début des débats devant la justice.  En cas d'extradition, «Julian sera mis dans un trou, si profond qu'on ne le reverra jamais», avait-t-elle ajouté. 

À l’approche de cette décision, le lanceur d’alerte a reçu une vague de soutiens, à commencer par celui du Premier ministre australien, Anthony Albanese, qui a dénoncé les poursuites engagées par la justice américaine. 

Début février, la Rapporteure spéciale de l’ONU sur la torture, Alice Jill Edwards, avait également demandé au gouvernement britannique de «suspendre l’extradition imminente de Julian Assange». Selon elle, «le risque qu'il soit placé à l'isolement de façon prolongée malgré son état de santé mentale précaire, et que sa condamnation puisse être disproportionnée soulève la question de savoir si l'extradition de M. Assange vers les Etats-Unis serait compatible avec les obligations internationales du Royaume-Uni en matière de droits humains».

Les organisations de défense des droits de l’homme et du droit de la presse ont également apporté leur soutien à Julian Assange. Reporter Sans Frontières a notamment souligné le fait que le fondateur de Wikileaks pourrait être jugé aux Etats-Unis en vertu de la loi américaine sur l’espionnage, qui ne prend pas en compte la défense de l’intérêt public. Sa condamnation pourrait donc ouvrir la voie à des poursuites pour les journalistes ou lanceurs d’alertes qui publient des articles comportant des informations classifiées ayant fuité. 

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