Ce mercredi, la fusée Kairos de Space One, une start-up japonaise, a explosé quelques secondes après son décollage. Une déception pour l’industrie aérospatiale du Japon qui cherche à s’imposer sur le marché mondial des services spatiaux.
Un premier essai décevant. Alors que l’industrie aérospatiale du Japon cherche à se faire une place dans le marché mondial des services spatiaux, une fusée d’une entreprise privée nippone a explosé ce mercredi quelques secondes après son décollage dans l’ouest du pays.
Il s’agissait d’une mission inaugurale de la start-up Space One, fondée en 2018 par un consortium d'entreprises japonaises dont Canon Electronics, IHI Aerospace et le groupe de construction Shimizu, ou encore la Development Bank of Japan, une institution financière de l'Etat. L’objectif de cette mission était de placer un satellite du gouvernement japonais en orbite, une première pour une entreprise nippone privée.
Le premier lancement de la fusée privée japonaise Kairos se termine par une explosion. pic.twitter.com/Mww4E3c0s9
— GoForLaunch (@AuDelaDeLOrbite) March 13, 2024
Intervention des pompiers
La fusée à combustible solide, baptisée «Kairos» et haute de 18 mètres, a décollé mercredi à 11H01 heure japonaise (02H01 GMT) depuis le site de lancement de Space One tout au bout de la péninsule de Kii, dans le département de Wakayama, une zone montagneuse et boisée. Mais le décollage ne s’est pas passé comme prévu, et quelques secondes après, l'engin s’est transformé en boule de feu.
Le site du lancement a donc été envahi par une épaisse fumée et des débris enflammés de la fusée sont retombés sur les pentes environnantes, obligeant les pompiers à intervenir. «Une mesure pour annuler le vol» a été prise par Space One peu après le décollage, a précisé l’entreprise japonaise dans un communiqué. Cette dernière a notamment indiqué enquêter sur les raisons de l’échec.
«J'avais de grands espoirs pour (ce lancement), je suis déçu. Je veux savoir ce qu'il s'est passé», a témoigné un des nombreux spectateurs venus y assister depuis un site à proximité, interrogé par la chaîne de télévision publique NHK. Alors que le Japon cherche à s’imposer dans le marché mondial des services de lancements spatiaux, cet échec ramène le pays les pieds sur Terre.
Reporté avant d’exploser
Ce vol inaugural devait pourtant voir le jour bien avant. Seulement, en raison de la pandémie de Covid-19 ainsi que l’invasion russe de l’Ukraine, Space One a connu des difficultés d’approvisionnement en pièces. Cela a contraint l’entreprise nippone à reporter la mission à cinq reprises. Après l'échec du lancement, le titre Canon Electronics a brièvement chuté de près de 13% à la Bourse de Tokyo, avant de se reprendre partiellement.
Le maire de Kushimoto, petite ville de 15.000 habitants près du site de lancement de Space One, a exprimé ce mercredi sa surprise et sa déception devant la presse. «Je n'avais même pas imaginé» ce scénario, a déclaré Katsumasa Tashima après l'explosion de la fusée alors que des habitants s'étaient réunis sur une plage avoisinante pour observer le lancement. Mais «nous voulons continuer à offrir notre aide pour que la première fusée (de Space One, NDLR) réussisse son lancement», a ajouté l'élu.
L’industrie aérospatiale japonaise en quête de victoire
L'agence spatiale japonaise Jaxa a remporté plusieurs succès majeurs récemment, notamment avec son nouveau lanceur lourd H3. Ce dernier a réussi à décoller le mois dernier, et en janvier son petit module SLIM s'est posé sur la Lune, une première historique pour le Japon. Mais le H3, censé permettre au pays de rivaliser notamment avec le Falcon 9 de la firme américaine SpaceX, avait subi deux premiers échecs embarrassants en 2023.
Un autre modèle plus petit de la Jaxa, Epsilon, connaît aussi des déboires depuis 2022. Une autre start-up japonaise, ispace, qui tentait de devenir la première entreprise privée à réussir à se poser sur la Lune, avait connu un revers l'an dernier, lorsque son alunisseur s'était écrasé à la surface de l'astre.