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Chine : Pékin encercle Taïwan pour tester sa capacité à y «prendre le pouvoir»

Des navires des garde-côtes chinois photographiés alors qu'ils naviguent dans un endroit non divulgué dans les eaux autour de Taïwan, le 23 mai 2024. [© Taiwan Defence Ministry/ via REUTERS]

Ces manoeuvres, baptisées «Joint Sword-2024A», interviennent après la prestation de serment lundi de Lai Ching-te, dont le discours d’investiture a été perçu par la Chine comme un «aveu de l’indépendance de Taïwan».

Des navires de guerre et 62 avions de chasse chinois ont encerclé vendredi Taïwan, au deuxième jour de manoeuvres militaires destinées selon Pékin à tester sa capacité à «prendre le pouvoir» dans l’île autonome après l’investiture du nouveau président.

Ces manoeuvres, baptisées «Joint Sword-2024A», interviennent après la prestation de serment lundi de Lai Ching-te, dont le discours d’investiture a été perçu par la Chine comme un «aveu de l’indépendance de Taïwan». Le dirigeant avait appelé la Chine à «cesser ses intimidations politiques et militaires». Les séparatistes taïwanais «seront cloués au pilori de la honte pour l’histoire», avait réagi le lendemain le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi.

Démarrées jeudi matin, ces manoeuvres impliquent l’armée de terre, la marine, l’armée de l’air et l’unité des fusées. Elles doivent durer jusqu’à vendredi inclu mais les analystes préviennent qu’elles pourraient être prolongées ou renouvelées prochainement.

Leur objectif est de vérifier la «capacité de prendre le pouvoir et de frappes conjointes, ainsi que de contrôle de territoires clés», a déclaré vendredi Li Xi, porte-parole du commandement du théâtre Est oriental de l’armée chinoise. Pékin avait présenté jeudi ces exercices militaires comme une «punition sévère» contre les «séparatistes» de l’île qui finiront «dans le sang».

ne pas «résister à la réunification par la force»

Des vidéos publiées par l’armée chinoise vendredi montraient des soldats sortir en courant d’un bâtiment pour se rendre à leurs postes de combat et des avions de chasse décoller au son d’une musique militaire. Selon la télévision d’Etat CCTV, les officiers de la marine chinoise ont appelé leurs homologues taïwanais à ne pas «résister à la réunification par la force».

Un graphique animé de l’armée chinoise montrait une pluie des missiles s’abattant sur des cibles clés au nord, au sud et à l’est de l’île, avec un message affirmant que cela permettrait de «couper les vaisseaux sanguins de l’indépendance de Taïwan».

Quatre navires des garde-côtes chinois sont entrés vendredi dans les «eaux interdites» de deux îles taïwanaises, a affirmé Taipei. «C’est la huitième fois ce mois-ci que des navires des garde-côtes chinois naviguent dans les eaux interdites», ont indiqué les garde-côtes taïwanais, qui ont «exhort(é) la Chine à faire preuve de retenue et à cesser immédiatement son comportement irrationnel».

Intensification des menaces et de la pression sur Taïwan

Taïwan «défendra les valeurs de liberté et de démocratie», a promis jeudi Lai Ching-Te, décrit par Pékin comme un «dangereux séparatiste» pour ses déclarations passées en faveur de l’indépendance de l’île, même s’il a depuis modéré son discours. «Je me tiendrai sur la ligne de front avec nos frères et soeurs de l’armée pour défendre ensemble la sécurité nationale», a-t-il assuré.

La Chine estime que Taïwan est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec son territoire depuis la fin de la guerre civile et l’arrivée au pouvoir des communistes en 1949. Depuis quelques années, Pékin a intensifié ses menaces et les pressions politiques, économiques et militaires sur Taïwan.

L’ONU a invité toutes les parties à «s’abstenir de toute action pouvant aggraver les tensions». La République populaire de Chine dit privilégier une réunification «pacifique» avec le territoire insulaire de 23 millions d’habitants, mais n’exclut pas d’employer la force.

Vendredi, l’agence officielle Chine Nouvelle et le journal du parti communiste, le Quotidien du peuple, ont publié des éditoriaux faisant l’éloge des manoeuvres militaires, fustigeant le «comportement perfide» de Lai Ching-Te. Les précédents exercices militaires chinois d’ampleur autour de Taïwan avaient eu lieu en août 2023 après une visite de M. Lai, alors vice-président, aux Etats-Unis. Pékin avait également lancé des manoeuvres d’une envergure historique en août 2022 après la venue sur l’île de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants américaine.

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