Ce n'est pas un secret : la Chine ne cesse de renforcer son armée. A l'occasion du défilé militaire organisé par Pékin pour célébrer les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale sur le sol chinois, le pays a fait montre d'un impressionnant arsenal de guerre. Pas concernée par le moindre conflit armé depuis 1979, la Chine est dotée d'une force de frappe exceptionnelle. Décryptage.
Une militarisation éclair. Budgets à la hausse, effectifs toujours plus larges, nouvelles armes de pointe, l'Empire du milieu se place de plus en plus comme la deuxième armée mondiale, derrière celle des Etats-Unis. Que ce soit au niveau aérien, maritime ou encore nucléaire, voici la capacité militaire chinoise.
Pour parvenir à renforcer les différents secteurs de son armée, la Chine n'a pas lésiné sur les moyens. En 2025, le pays a annoncé une augmentation de 7.2% de son budget militaire, s'inscrivant dans une tendance nettement à la hausse de dépenses en matière de défense. En une décennie, Pékin a en effet augmenté son budget militaire de plus de 50%, opérant une modernisation rapide et une adaptation tout aussi efficace de son ambition stratégique. Les tensions autour de Taïwan pourraient ne pas être étrangères à ce renforcement massif, au moins en partie.
Au total, en 2025, on estime le budget total consacré à l'armée en Chine à 192,2 milliards d'euros, largement derrière les Etats-Unis et ses 614 milliards d'euros.
Une grande partie des dépenses chinoises se concentrent autour de son programme nucléaire. Doté de l'arme suprême depuis 1964, la Chine ne cesse de doper son arsenal : en décembre 2024, le Pentagone estimait que la Chine avait augmenté son stock de têtes nucléaires d'une centaine en seulement un an. Elle porte donc son total à 600 unités. Selon les prévisions américaines, le total chinois atteindra le millier en 2030. Un total cependant loin de la Russie (4.380 têtes) et les Etats-Unis (3.708 têtes), comme le relate l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm.
Une exceptionnelle force humaine
En revanche, en terme d'effectif, la Chine est loin devant toute autre armée. Elle compte un total de 2.2 millions d'actifs, auxquels on doit ajouter 800.000 réservistes et 1.7 millions d'individus appartenant à d'autres milices ou forces du pays. Le total des hommes et femmes servant pour la Chine est donc de 4.9 millions de personnes.

Mais plus que le nombre de soldats dont dispose Pékin, c'est la qualité de l'arsenal qu'il a à disposition qui impressionne. Dans les airs, la Chine se place en troisième force mondiale derrière les Etats-Unis et la Russie avec sa Force aérienne de l'armée populaire de libération. Cette composante dispose de 250.000 militaires et de 2.500 avions de combat, au total. C'est donc la plus importante du continent.

A l'occasion de son défilé ce 3 septembre, à Pékin, la Chine a pu faire parader ses célèbres avions de combat J-15. Ces aéronefs symbolisent parfaitement l'ascension récente de l'armée chinoise : ils ont été développés à partir de 2009, rapidement, et sont vite devenus des avions parmi les plus performants. Grâce à un système d'arme, un radar, des moteurs et un armement chinois, mais une conception soviétique (celle du Soukhoï Su-33), ils ont été mis en service à partir de 2012.
Une emprise maritime totale
Mais durant la dernière décennie, cet avion a acquis une réputation négative à cause d'un système de vol jugé défectueux. Cela est notamment dû à de multiples accidents, notamment ceux intervenus coup sur coup en avril 2016 (6 avril et 27 avril). Les autorités chinoises avouent travailler sur un successeur à cet appareil.
Sur la mer, la Chine a toujours été une puissance importante. Selon le journaliste spécialisé Vincent Groizeleau, elle est même devenue la deuxième marine du monde lors de la précédente décennie. Avec 600 bâtiments de combat et un tonnage estimé à 1,5 million de tonnes, elle est largement la plus puissante d'Asie. La Chine compte également 225.000 marins et 400 navires de guerre à disposition.
Les forces maritimes chinoises peuvent également compter sur un système de défense aérien particulièrement performant. Lors du défilé de ce 3 septembre, ils ont notamment montré leur YJ-15 et YJ-21. Ce dernier missile a été développé dans les dernières années et peut atteindre une vitesse de Mach 10. Il peut décoller à partir d'un destroyer Type 10 ou d'un bombardier H-6.

Mais en plus de ces armements, la Chine travaille à des innovations lui permettant de tirer son épingle du jeu dans certaines conditions concrètes. Se préparant à de potentielles interventions sur des plages difficiles d'accès voire des côtes inhospitalières, l'armée de l'Empire du milieu a développé récemment des barges de débarquement lui permettant d'atteindre des terres difficiles en les liant à des bateaux en mer via un couloir suspendu. Souvent, cette stratégie requiert trois navires, qui se lient pour permettre de ne former qu'un ensemble jusqu'à la terre ferme.
Special landing barges appeared again
Some even got their vehicles on the bridge for 📸 lol https://t.co/wojaVirG2Upic.twitter.com/HOa5zVApBH— Húrin (@Hurin92) June 15, 2025
Cette idée pourrait notamment être liée à une future attaque de Taïwan, les littoraux de l'île en mer de Chine étant souvent qualifiés de difficile à atteindre pour des forces armées par voie maritime.
«un message d'avancée technologique et de puissance militaire»
En matière de progrès, les Chinois ne se contentent pas de leur marine. Pour l'armée de terre, ils ont notamment présenté un tout nouveau tank quatrième génération appelé Type-100, doté, selon le China Daily, d'«une tourelle sans pilote, un radar avancé, un système de protection actif, ainsi qu'une technologie de réalité augmentée». Lors de la parade, on a pu découvrir un drone quadricoptère placé au-dessus de l'arrière de sa coque.
Mais l'arme qui a le plus fait parler et qui symbolise l'ingéniosité de l'armée chinoise est le LY-1. Ce concentré de technologie pourrait neutraliser les drones, les systèmes électroniques et même les pilotes grâce à des faisceaux laser ciblés. Elle pourrait même permettre de casser des systèmes électroniques ennemis en brûlant des composants et serait capable de saboter la communication et l'efficacité des capteurs adverses.

Alexander Neill, spécialiste de la géopolitique asiatique et du Pacifique, a expliqué pour Reuters à quel point ce défilé était un message adressé à la communauté internationale : «Malgré toutes les questions opérationnelles qui entourent certains de ces nouveaux éléments, la Chine a envoyé un message d'avancée technologique et de puissance militaire sur tous les fronts».