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Les nids d'artistes à Paris

Le Centquatre, dans le 19e arrondissement, accueille chaque année quelques 250 artistes en son sein.[Josselin Ligné]

Il y en aurait plus de 200 en France et  une bonne partie en région parisienne. Les résidences d’artistes, souvent discrètes, accueillent chaque année des hommes et des femmes de tous âges et de tous horizons pour leur permettre de pratiquer leur art.

 

Le plus grivé : les Frigos

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[Crédits : Marc Verhille / Mairie de Paris]

Ils sont plasticiens, musiciens, architectes, luthiers ou journalistes. Au total, 14 professions cohabitent dans les 87 ateliers de l’ancienne gare frigorifique de Paris-Ivry. Construite en 1921, elle a longtemps servi d’espace de stockage pour viandes.

Le bâtiment, passé entre les mains de la SNCF, puis de Réseau ferré de France, a été acheté en 2004 par la Mairie de Paris. Contrairement à beaucoup de lieux de création et de production de la capitale, les résidents des Frigos tiennent à leur indépendance.

Ils ne veulent pas de subventions et s’acquittent chaque mois d’un loyer. Les lieux ont une particularité : le très bon isolement des parois des frigos neutralisent le son. Ainsi, un studio de répétition peut jouxter l’atelier d’une couturière qui peut travailler dans le plus grand silence.

Autonomes et inventifs, les 200 créateurs qui travaillent ici quotidiennement participent à une expérience scrutée ailleurs : à Berlin, des entrepreneurs ont acheté un hangar frigorifique pour tenter d’exporter le modèle. Les artistes et artisans montrent tous les ans leurs travaux au cours des journées portes ouvertes qui se tiendront cette année les 30 et 31 mai prochains.

Les Frigos, 19, rue des Frigos (13e).

 

Le plus vivant : le Centquatre

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[Crédits : Josselin Ligné]

C’est là qu’était installé, durant tout le siècle dernier, le service municipal des pompes funèbres. Rouvert en 2008, le Centquatre a négocié un virage ambitieux, avec pour objectif d’être un centre culturel qui accueille des professionnels, mais où les amateurs peuvent aussi venir danser dans la nef centrale, jouer, observer, écouter…

Son directeur, l’énergique José-Manuel Gonçalvès, qui a également organisé la Nuit blanche en 2014, a ouvert le lieu à des artistes de tous horizons. Ateliers, salles de spectacles, espaces modulables, selon les besoins l’établissement de 39 000 mètres carrés accueille quelque 250 artistes par an, avec un accent mis sur les arts vivants.

Le chorégraphe Olivier Dubois, le comédien Jacques Gamblin ou les chanteurs Emily Loizeau et Albin de la Simone sont actuellement en résidence. Fourmillant de monde et d’idées, le Centquatre a réussi sa mue en pôle dynamique et rafraîchissant de la production artistique.

Le Centquatre, 5, rue Curial (19e).

 

Le plus confidentiel : Montmartre aux artistes

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[Crédits : Véronique Dupard-Mandel]

L’imposante façade en briques intimide et fascine à la fois. Rares sont ceux qui, dans le quartier, savent que ces trois bâtiments abritent 180 ateliers d’artistes. «La plus grande cité d’artistes en Europe», s’enorgueillit l’office du tourisme de Paris. Dessin, peinture, sculpture, graphisme, photo, vidéo… les arts visuels sont rois.

Parmi les résidents, on compte les peintres Patricia Burkhalter et Bernard de Montaut, le photographe Augustin Colombani ou le cinéaste Romain Goupil. Le lieu, en fonction depuis 1932, n’est accessible au public qu’à la mi-octobre, lors de journées portes ouvertes. A cette occasion, les artistes montrent leurs travaux dans une ambiance conviviale.

Mais ils exposent aussi ailleurs. A l’instar des jumeaux – Slobodan et Vladimir Peskirevic – dont les dessins qui rendent hommage à la capitale sont visibles au Centre culturel de Serbie jusqu’au 11 avril.

Montmartre aux artistes, 189, rue Ordener (18e).

 

Le plus international : la Cité internationale des Arts

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[Crédits : Sophie Robichon / Mairie de Paris]

Le concepteur du lieu l’avait imaginé avant la Seconde Guerre mondiale. «La Cité serait ouverte aux artistes, envisageait le plasticien finlandais Eero Snellman, sans distinction de race ou de nationalité, qui vivraient sous le même toit et enrichiraient leur vie intellectuelle». Cet espace multiculturel n’a ouvert ses portes qu’après sa mort, sous l’impulsion du ministère de la Culture, en 1965.

Cinquante ans plus tard, plus de 15 000 artistes du monde entier y sont passés. Plus de 260 ateliers dans les locaux du Marais et 40 à Montmartre permettent à des artistes de 50 nationalités de vivre et créer plusieurs mois consécutifs.

La semaine prochaine, s’y installeront ainsi la plasticienne libanaise Stéphanie Saadé ; le styliste thaïlandais Wisharawish Akarasantisook ou Hendrik Kaljujärv, un designer sonore estonien. Une fois les projets aboutis, ils sont visibles par le public lors de concerts, soirées, ateliers portes ouvertes et expositions organisés sur place. 

Cité Internationale des arts, 18, rue de l’Hôtel-de-Ville (4e) et 24, rue Norvins (18e)

 

Le plus discret : la Ruche

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[Crédits : Déborah Lesage]

Chagall, Léger, Cendrars, Brancusi, Modigliani… Tous ont élu domicile dans ce refuge verdoyant, qui donne l’illusion apaisante d’avoir quitté Paris. Un endroit où les artistes peuvent créer, vivre et où ils se serrent les coudes, partageant repas et inspirations.

Le bâtiment, classé monument historique, était initialement un pavillon de l’Exposition universelle de Paris en 1900. Promis à la destruction, c’est le sculpteur fortuné Alfred Boucher qui décida de le préserver : il est alors déplacé sur un terrain verdoyant du 15e arrondissement, où sont plantés tilleuls et marronniers. Plus d’un siècle plus tard, 74 ateliers sont  toujours utilisés.

Sous une sublime rotonde de verre signée Gustave Eiffel, des portes donnent accès aux espaces de vie et de création, chaque artiste ayant le sien. Le plasticien Ernest Pignon-Ernest, le sculpteur André Barelier installé là depuis 1962 ou Léonard Léoni, virtuose de la mosaïque, sont des piliers du lieu. La Ruche, fondation reconnue d’utilité publique et financée en grande partie par la famille d’industriels Seydoux, tient à sa discrétion et ne se dévoile que très rarement au public. 

La Ruche, 2, passage de Dantzig (15e).

 

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