La morosité ambiante l’exaspère. Dans son dernier ouvrage, Merde à la déprime, le publicitaire Jacques Séguéla livre un réquisitoire contre le désenchantement qui plombe la société française. Il estime que les raisons d’espérer ne manquent pas et qu’il faut se tourner vers l’avenir. Selon lui, les jeunes et les femmes seront les deux acteurs de ces lendemains qui chantent.
Le titre de votre livre ressemble à un cri de colère...
Il s’agit plus d’un cri d’alarme. Il y a un moment où il faut arrêter. Je ne nie pas l’évidence de la crise : la faible croissance, le fort taux de chômage… Mais nous approchons de la sortie du tunnel. La déprime, c’est nous d’abord, ce n’est pas que le gouvernement.
Les Français ne sont-ils pas portés sur le pessimisme ?
Effectivement, le doute est dans nos gènes. Il y a également cet esprit libertaire qui habite notre culture et qui nous conduit à l’égoïsme. Selon un récent sondage, 82 % des Français se disent heureux. En revanche, quand on les interroge sur le bonheur de leurs voisins, ils sont 72 % à penser qu’ils ne le sont pas. On voit bien que leur bonheur est égoïste mais la déprime collective.
Avec la conjoncture, est-ce possible de garder espoir?
On a beaucoup décrié les années 80, années dites de fric et de frime. Mais en 1982, la crise était bien plus terrible. La France a risqué la faillite. Eh bien pourtant le moral n'a pas baissé. Sur le plan de la création, des idées, la France était au top.
Quelles sont vos recettes ?
Il faut d’abord faire confiance aux jeunes. Hélas, un sur deux songe actuellement à quitter le pays, ce n’est pas acceptable. Ensuite les femmes ont un rôle à jouer. Leurs valeurs vont prendre le dessus pour créer une société plus harmonieuse et plus optimiste. Les optimistes ont inventé l’avion, les pessimistes, le parachute.
Quelle est selon vous la principale raison d’être optimiste pour la France ?
Chaque année plus de 820 000 petits bébés naissent sur notre territoire. Dans trente ans la France aura dépassé l’Allemagne et aura la population la plus forte d’Europe. Chaque bébé est une chance de plus de croire en la France.
Jacques Séguéla, Merde à la déprime, éd. Gawsewitch, 14,90 €.