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Franck Gastambide se confie sur ses troubles cognitifs et les conséquences sur son enfance

Le réalisateur Franck Gastambide témoigne des troubles cognitifs dont il a souffert enfant. [Valery HACHE / AFP]

Dyslexie, dysorthographie, dyscalculie… après avoir connu l’échec scolaire, Franck Gastambide s’est taillé une belle place dans le monde du cinéma depuis «Les Kaïra» (2012), son premier long métrage, à «Validé», série dont la saison 2 est sortie en octobre dernier.

Le réalisateur, qui longtemps n’a pas cru en lui, est revenu sur les difficultés cognitives qu’il a rencontrées enfant, pensant même être un «incapable».

L’acteur et réalisateur de 43 ans s’est livré à cœur ouvert, à l’occasion du portrait de la semaine diffusé dimanche dans Sept à Huit. «Sans aucun misérabilisme, toute la première partie de ma vie, la phrase que j’ai entendue le plus c’est : "qu’est-ce qu’on va faire de lui"», a ainsi confié Franck Gastambide à Audrey Crespo-Mara, expliquant avoir «toujours été dernier même dans les classes de rattrapage».

Des difficultés scolaires liées à plusieurs troubles cognitifs non diagnostiqués à l’époque, qui l’ont profondément affecté enfant. «Tout était trop compliqué à intégrer», poursuit-il et de constater : «Quand on est dernier de la classe tout le temps, on finit par se dire qu’on est un imbécile. On finit par se dire qu’on est un bon à rien, on finit par y croire.(…) L’école était un endroit d’humiliation pour moi, parce que je savais que tout était trop compliqué et je ne savais pas pourquoi c’était si compliqué. Pourquoi moi, je n’arrivais pas à comprendre ce qui semblait simple pour les autres».  

«Multi dys» et … haut potentiel intellectuel

Des troubles de l’apprentissage qui l’ont fait douter et souffrir, sur lesquels il a mis des mots aujourd’hui, expliquant être multi dys. «Si seulement je n’étais que dyslexique. Mais j’étais «multi dys» donc je suis dyslexique, dysorthographie et dyscalculie. J’ai des problèmes pour l’orthographe, pour les mathématiques, les chiffres, le calcul», a-t-il expliqué. «Mais je suis aussi dyspraxie, c’est le trouble de l’apprentissage qui a des conséquences même pour le jeu. C’est-à-dire que pour jouer aux cartes, j’ai des complications». Concrètement, «je vois les lettres, les phrases comme tout le monde, sauf que je n’arrive pas à imprimer la manière dont elles s’écrivent et du coup, je continue à faire des fautes d’orthographe. Je continue à avoir des problèmes de lecture», note-il.

Et de préciser que «lire un scénario pour quelqu’un de normal, c’est deux heures. Pour moi, ça va être quatre, parce que mon cerveau doit remettre en place les lettres pour en former des mots. Et puis quand c’est associé à d’autres problématiques et bien ça rend la scolarité et l’apprentissage quasi impossible en fait». D’autant que si Franck Gastambide doute à l’époque de lui, il sent que «son cerveau va parfois un peu plus vite» et qu’il a «des capacités d’analyse un peu supérieure à la moyenne». «Mais pourtant, je suis le dernier de la classe et donc je suis le seul à penser au fond de moi, que je ne suis pas aussi bête» explique-t-il.

Franck Gastambide a finalement été diagnostiqué en 2019 haut potentiel intellectuel (HPI). Un sujet qu’il n’aime pas évoquer, comme il l’a expliqué à Audrey Crespo-Mara. «Je n’aime pas du tout parler de mon HPI parce qu’il suscite une réaction d’autodéfense de ceux qui ne le sont pas, qui vont tout de suite dire "enfin les films que tu fais il n’y a pas besoin d’être HPI"».  Un diagnostic qui lui a toutefois permis d’y voir plus clair sur son  comportement», son «ressenti» et ses «émotions exacerbées».  

Un coup de foudre pour le cinéma 

Si ses difficultés lui ont laissé des «souvenirs douloureux» et auraient pu faire «mal tourner» l’adolescent qu’il a été, elles ne l’ont finalement pas empêché de trouver sa voie. D’abord auprès des animaux, qui ne «jugent pas» avant d’avoir un «coup de foudre» pour le monde du cinéma sur le tournage des «Rivières pourpres» de Mathieu Kassovitz, avec Jean Reno et Vincent Cassel.

Il pense alors que ce milieu ne lui est pas «accessible». «Moi, je ne suis que le dresseur de chien, j’ai trop peur que l’on me dise : "toi, tu n’es le fils de personne, ta mère fait les ménages. Oublies, tu n’as pas de diplômes, tu ne vas pas être acteur, tu ne vas pas être réalisateur, tu ne vas pas être scénariste. Tu ne sais pas écrire trois lignes sans faire de fautes d’orthographe. C’est pas pour toi tout ça"», confie-t-il.

Malgré ses craintes, il se débarrasse de ses complexes et signe «Les Kaïra». «Je fais ce petit film, qui parle de ma vie et de mes complexes de mec de banlieue de Melun et, contre toutes attentes, ce film va à Cannes. J’avais réussi ma bascule. La bascule de dresseur de chien à réalisateur de film.» Aujourd’hui réalisateur de trois longs-métrages (Pattaya, Taxi 5), une série à succès (Validé) et de plusieurs rôles sur grand écran, Franck Gastambide est «fier» du succès grandissant de chacun de ses projets mais concède : «ce manque de confiance en moi, je vais le traîner jusqu’à la fin de ma vie». Un parcours à saluer. 

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