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«Harry & Meghan» : histoire d'amour, tabloïds, racisme, colonialisme... Les premières confessions des Sussex qui vont irriter Buckingham

Jusqu’à présent «contraints d’en rester à la version officielle», disent-ils, les Sussex ont décidé de reprendre la main sur l’histoire de leur vie. [Michael M. Santiago / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP]

Ce jeudi 8 décembre ont été dévoilés les trois premiers épisodes de la série documentaire «Harry & Meghan», si redoutée par la Couronne britannique.

Entre confidences, condamnations, et insinuations lourdes de sens, leur vérité. Dans les trois premiers épisodes de la série documentaire «Meghan & Harry» qui fait trembler Buckingham, le prince Harry et son épouse Meghan Markle reviennent en détails sur leur histoire d’amour, le poids du protocole et l’enfer que les tabloïds leur ont fait vivre, mais aussi sur le racisme dont Meghan a été la cible, avec en toile de fond le constat d’un Commonwealth dans lequel «perdure le passé colonial».

«Nous n’avions pas le droit de raconter notre vérite, ils ne voulaient pas», dit Meghan. «On nous l’a défendu», dit Harry. «On devait coller à la version officielle, renchérit Meghan, jusqu’à aujourd’hui. C’est pour ça qu’on est là».

Le couple, dont les moindres faits et gestes ont été commentés sous toutes les coutures depuis que leur romance a été rendue officielle, a décidé de lever le voile sur ce que les médias n’ont pas dit, ou ont volontairement «déformé».

Au cours d’un premier épisode principalement centré sur leur rencontre (aussi belle que dans une comédie romantique), le prince Harry déclare entre autre qu’il se sent «rebelle» comme sa mère la princesse Diana, et qu’il n’a qu’un but depuis la mort de cette dernière, la rendre fière. Il aussi déclaré que Meghan lui rappelait beaucoup sa mère, dans la façon dont elle se comportait, affirmant qu'elle était pleine d'attention et de compassion.

Le poids des tabloïds

C’est ensuite à une féroce charge contre les tabloïds que le couple s’est livré. «Ils veulent nous contrôler et exploiter notre famille», dit Harry. «Ils contrôlent la perception de nos traumatismes et de notre histoire», ajoute-t-il. «C’est un milieu impitoyable et Meghan a été une cible de choix, il se sont déchaînés sur elle», commente également un spécialiste.

«Peu importe les efforts que je faisais, si je me comportais bien, ce que je faisais, ils trouvaient toujours un moyen de me détruire», raconte l’Américaine de 41 ans qui révèle combien le protocole, qu’elle ne maîtrisait pas, a été lourd à porter. Celle qui se définit comme une «militante» et qui s'est aventurée à faire quelques remarques féministes en public, ignorait notamment «que certains sujets (comme celui-ci et bien d'autres) étaient tabous», dit-elle.

«Je n’avais pas le droit à l’erreur (…) Dès le début j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour m'intégrer à la famille. Je ne voulais pas les mettre dans l’embarras». Mais alors qu'elle faisait tous les efforts possibles pour se fondre dans le moule, la presse à scandales s’est déchaînée.

Le souvenir de Diana, morte à Paris dans un accident de voiture en 1997, pourchassée par les paparazzis, a fait réagir son fils Harry. Le prince a ainsi expliqué que «voir une autre femme que j'aime traverser cette frénésie, c'est difficile. C'est le chasseur contre la proie». «Je suis vraiment inquiet pour la sécurité de ma famille, j'ai l'impression qu'en faisant partie de cette famille, il est de mon devoir de dévoiler cette exploitation et cette corruption qui se produit au sein de nos médias.»

«Tous les jours il y avait une autre histoire. Ils (les médias) étaient prêts à tout», dit-elle. La duchesse a ensuite fait l'objet de sérieuses menaces de mort. «C’est là que j’ai commencé à avoir peur», confie-t-elle. «C’était peu de temps après un attentat, c’était angoissant, il a même été question d’engager des snippers», explique-t-elle, avant de révéler que c'est à partir de ce moment qu'elle s'est «refermée sur elle-même». Une confidence qui rappelle le mal-être dont elle avait fait part lors de son interview explosive avec Oprah Winfrey, où il avait été aussi question de racisme au sein de la famille royale. 

Un racisme structurel

Buckingham n’a pas, pour l’heure, été visé de manière directe au cours des trois premiers épisodes, et il faudra sans doute attendre les trois épisodes suivants, le suspense étant savamment cultivé. Le prince Harry a toutefois déclaré que la famille royale était pleine de préjugés inconscients sur les questions raciales et faisait «parfois partie du problème plutôt que partie de la solution» au racisme.

«Et c’est principalement dû à notre conditionnement. Ce dernier est la faute du système, pas des individus. Mais une fois qu’on a mis le doigt dessus il faut tout faire pour en sortir. Il faut tout faire pour en être conscient. Il faut s’éduquer. C’est un travail que tout le monde doit faire pour s’améliorer. Moi le premier». 

«Qui aurait cru qu’un jour la Grande Bretagne aurait une princesse de couleur ? C’était inconcevable», commente aussi David Olusoga. Revenant sur l'histoire de l’empire britannique «qui a reposé sur l’esclavage», l’auteur de «Black and British» rappelle qu'on a longtemps enseigné aux enfants le seul fait que l’esclavagisme avait été aboli en 1807, en leur cachant le fait que les propriétaires avaient été dédommagés avec «des sommes colossales». «La Grande-Bretagne a enjolivé son passé esclavagiste», mais depuis 50 ou 60 ans on assiste à une remise en cause profonde du Commonwealth, de la Grande-Bretagne et de ses institutions, analyse-t-il. «J’ai vraiment compris l’ampleur de ce mouvement le jour où ils (Harry et Meghan) ont annoncé leurs fiançailles. Allait-on enfin connaître le moment où la famille royale serait enfin en phase avec son époque ?», s’est-il demandé. Meghan, Américaine métisse, a représenté cet espoir, est-il clamé dans le programme de Netflix.

«La monarchie tente de faire passer le Commonwealth pour un club d’amis mais c’est un empire 2.0», analyse une autre intervenante dans le documentaire. «Des richesses de pauvres sont toujours exploitées. Certains acteurs de cette exploitation ont fait fortune sur plusieurs générations et ceux qui ont été exploités sont pauvres sur plusieurs générations, leurs relations économiques sont en fait toujours basées sur le colonialisme», avance-t-elle.

Et elle va plus loin, ajoutant qu'au sein du Commonwealth - dont l'union est si chère à la Couronne, comme le rappelait la Reine Elizabeth II dans des extraits de ses discours diffusés - «les conditions de vie de certaines populations noires sont toujours aussi mauvaises qu’il y a 50 ou 100 ans». Que le Royaume-Uni en parle comme si cela appartenait au passé est «profondément offensant pour tous ceux qui ont souffert de l’empire britannique», peut-on également entendre. «Meghan a incarné quelque chose, une forme d’espoir : la possibilité de remettre ces conversations difficiles et longtemps balayées au cœur des débats».

L'épouse de Harry a elle-même souhaité embrasser cette cause, est-il suggéré dans le documentaire, qui revient sur la présence des Sussex à un hommage à Stephen Lawrence, tué le 22 avril 1993 à l'âge de 18 ans lors d'une agression raciste. «Cela a été très apprécié de la communauté noire, contrairement au reste de la famille qui apparaît comme un peu raciste et peu concernée par ce sujet», peut-on aussi entendra dans le troisième épisode. «Harry a fait un travail de déconstruction qui lui a permis de devenir un homme profondément anti-raciste», est-il aussi déclaré.

Le reste de la série pointera-t-il plus précisément du doigt des membres de la famille royale ? Le teaser laisse entendre qu'il reviendra en détails sur les coulisses du départ de Meghan et Harry pour les Etats-Unis. Un départ dont chaque étape peut-être documentée, car ils ont pris la décision à cette époque de se filmer quotidiennement pour livrer leur ressenti sur les événements, et garder ainsi une trace de leur vérité, avant qu'elle ne soit entièrement soufflée par la tempête médiatique. 

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