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La prise en charge des SDF toujours insuffisante - TERRAINS DE CAMPAGNE

Augmentation du nombre de sans-abri, crise de l'hébergement d'urgence, accès au logement pérenne insuffisant: la prise en charge des SDF reste insatisfaisante, malgré le voeu du président de la République en 2006 que plus personne ne dorme sur le trottoir[AFP/Archives]

Augmentation du nombre de sans-abri, crise de l'hébergement d'urgence, accès au logement pérenne insuffisant: la prise en charge des SDF reste insatisfaisante, malgré le voeu du président de la République en 2006 que plus personne ne dorme sur le trottoir.

"Je veux que d'ici à deux ans, plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d'y mourir de froid", déclarait Nicolas Sarkozy en campagne.

Six ans plus tard, les SDF n'ont pas disparu. Entre 2001 et 2011, leur population est passé de 85.000 à 150.000 personnes, note un récent rapport de la Cour des comptes.

La Fondation Abbé Pierre recense elle 685.116 personnes "privées de domicile personnel", dont 133.000 sans-domicile, les autres étant hébergées en hôtel, habitations de fortune ou chez des tiers.

A la figure traditionnelle du clochard se sont ajoutés des étrangers clandestins ou demandeurs d'asile, des jeunes, des familles et des travailleurs pauvres, touchés par la flambée des loyers et le déficit de logements sociaux.

Le 115, numéro d'urgence du Samu social, chargé des demandes d'hébergement, est régulièrement saturé: près d'un appel sur deux n'a pas abouti à une solution d'hébergement en décembre 2011, faute de place, affirme la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale.

Comme le souligne le ministre délégué au Logement Benoist Apparu, le gouvernement a pourtant créé "28.000 places supplémentaires en cinq ans" (+30%), pour atteindre 118.000 places ouvertes toute l'année (hors les 19.000 places du plan hivernal).

"Tonneau des Danaïdes"

Un plan d'humanisation des centres d'hébergement a démarré pour transformer les grands dortoirs en petites structures plus susceptibles d'attirer les sans-abri et de répondre à leurs besoins (en couple, avec des chiens, etc.).

Le gouvernement a également mis en place un service public de l'hébergement, pour améliorer un système de prise en charge éclaté et peu efficace.

Des efforts insuffisants selon la Cour des comptes, pour qui la coordination reste "perfectible". Un récent rapport parlementaire UMP-PS évoque un "déficit de 70.000 places d'hébergement".

Même constat des associations qui souhaitent, comme l'Armée du Salut, la pérennisation des places hivernales.

Médecins du Monde parle d'une "crise de l'hébergement d'urgence" depuis que le gouvernement a annoncé en 2011 une réduction des moyens, avant de décider de les maintenir au niveau de 2010 face à la colère du secteur et la démission de l'emblématique Xavier Emmanuelli de la présidence du Samu social.

Car le gouvernement défend depuis 2009 la stratégie du "logement d'abord": privilégier un logement pérenne pour les personnes sans domicile, sans les faire passer obligatoirement par l'hébergement d'urgence, très coûteux.

Mais les associations déplorent une remise en cause trop rapide du financement de l'hébergement d'urgence, alors même que les logements pérennes ne sont pas disponibles.

Le candidat PS François Hollande abonde dans leur sens. Mais "la création de places d'hébergement, c'est le tonneau des Danaïdes", explique Benoist Apparu. "Aujourd'hui, l'hébergement est devenu, de fait, un substitut au mal logement", regrette-t-il.

Mais, près de quatre ans après l'entrée en vigueur de la loi sur le droit au logement opposable (Dalo), l'Etat n'arrive toujours pas à assurer dans les délais prévus le relogement de ménages prioritaires, estimés à plus de 27.000.

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