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Cannabis : la droite tonne, Ayrault prend ses distances

Cécile Duflot, ministre du Logement, le 6 juin 2012 à Paris[AFP]

A quatre jours des législatives, la droite s'est empressée de dénoncer la "permissivité" de la gauche après les propos de Cécile Duflot favorables à la dépénalisation du , la polémique ne devant cependant guère influencer le premier tour, estiment les experts.

Dans la soirée, sur TF1, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui avait pris ses distances avec sa ministre dès mardi soir, a répété que ce sujet n'était "pas à l'ordre du jour". D'ailleurs, a-t-il dit, Mme Duflot a tenu ces propos "en tant que chef de parti" (Europe écologie-Les Verts), une fonction qu'elle s'apprête à quitter en vertu des nouvelles règles de non-cumul qu'il a édictées.

L'impact de ces propos sera "assez limité", prévoit Jérôme Fourquet, de l'Ifop, il "ne peut être que marginal", renchérit François Miquet-Marty, de Viavoice.

Ce sujet "intéresse", remarque toutefois Frédéric Dabi (Ifop), car il s'agit d'un thème de "santé publique qui concerne une fraction générationnelle extrêmement forte: les parents".

Mais, ajoute-t-il, "la gauche pétard-caviar évoquée jadis (en 1997, à l'Assemblée nationale) par Jean-Louis Debré, ce n'est pas nouveau et ce n'est pas au coeur de leurs préoccupations".

Les législatives se déterminent notamment sur des "considérants locaux", rappelle M. Miquet-Marty.

Il n'en reste pas moins que plusieurs personnalités de droite ont tiré à boulets rouges sur la ministre du Logement, alors que plusieurs sondages donnent une majorité de gauche à l'Assemblée.

L'ancien ministre UMP du Travail Xavier Bertrand y a vu un exemple de la "permissivité" de la gauche, angle d'attaque souvent utilisé par la droite dans différents domaines, comme sécurité ou justice.

"Si la gauche l'emporte, il y aura légalisation du cannabis. J'en suis persuadé", a affirmé M. Bertrand.

Henri Guaino, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, a parlé de "désastre moral"."Comment va-t-on élever nos enfants, si on continue de cette façon? (...) Les drogues douces, comme si elles étaient douces, comme s'il n'y avait pas de rapport entre drogues douces et drogues dures!", s'est-il alarmé.

Le gouvernement a cherché à apaiser la polémique, sa porte-parole, Najat Vallaud-Belkacem, rappelant que François Hollande était opposé à une dépénalisation du cannabis.

Devant ce tollé, Cécile Duflot a choisi d'ironiser, se demandant sur son compte Twitter "quelle polémique stupide l'UMP tendance lourdauds va tenter de créer pour la journée... #carambaencoreraté".

Pour un "gouvernement qui essaye d'installer une image de cohérence", le moment choisi par Cécile Duflot est "malvenu", reconnaît cependant M. Miquet-Marty.

Plusieurs personnalités considèrent néanmoins que cette affaire remet en évidence la nécessité que le pays engage un "débat" sur la consommation du cannabis et les moyens d'y parer.

Il faut un tel débat pour "mieux lutter contre le cannabis", a plaidé l'ancien ministre de l'Intérieur, Daniel Vaillant, qui a promis des "initiatives", lors de la prochaine législature, en faveur du "cannabis thérapeutique".

M. Fourquet voit néanmoins dans les déclarations de Cécile Duflot "un signal" lancé à l'électorat écologiste. Les responsables d'EELV "ne se coucheront pas sur tout", en particulier concernant la sortie progressive du nucléaire.

Jugeant que Mme Duflot s'est fait "taper sur les doigts", François Delapierre, candidat du Front de gauche aux législatives, a vu dans cet épisode une nouvelle preuve que FG a raison de ne pas participer au gouvernement pour garder "toute son indépendance".

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