Face à la défaite cinglante des socialistes aux municipales, à la "vague bleue" et à l'arrivée du FN dans une dizaine de mairies, François Hollande est pressé lundi de toute part - y compris dans son camp - de remanier sans tarder son gouvernement mais aussi de changer de cap.
A quelques semaines du deuxième anniversaire de son entrée à l'Elysée et à deux mois d'élections européennes qui s'annoncent au moins aussi périlleuses pour la majorité, le président a essuyé à travers ce scrutin une défaite personnelle, sanction d'une impopularité record sous la Ve République, d'une crise de confiance symbolisée par la forte abstention des électeurs de gauche et d'une hausse du chômage qu'il ne parvient pas à juguler.
Va-t-il remanier dès lundi? Interviendra-t-il à la télévision? Jean-Marc Ayrault sauvera-t-il sa tête? Silence radio à l'Elysée lundi matin même si l'entourage du président a clairement laissé entendre dès dimanche soir que le message des Français avait été reçu cinq sur cinq à l'Elysée: "C'est une défaite, on ne va pas barguigner"...
Ministre de l'Agriculture et proche de François Hollande, Stéphane Le Foll a confirmé lundi une prise de parole du chef de l'Etat "sans doute à la télévision", sans plus de précisions.
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Seul signe tangible de la tension au sommet de l'Etat: une rencontre prévue à 8H30 lundi matin à Matignon entre Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls, favori des Français pour lui succéder, a été "reportée à plus tard dans la journée". Manuel Valls doit s'entretenir à 10H00 avec le chef de l'Etat, lequel a prévu de déjeuner ensuite avec Jean-Marc Ayrault.
"Il y a un besoin de justice sociale", reconnaissait l'entourage du président dans l'entre-deux tours. Il faut être "plus juste, peut-être plus conformes à nos promesses", ajoutait-il. "Etre à gauche, c'est changer davantage la vie des Français", se prenait-il encore à rêver, paraphrasant le slogan de campagne de François Mitterrand en 1981.
En attendant, les manchettes de la presse, lundi, traduisent l'ampleur de la catastrophe: "déroute", "gifle", "punition", "coup de pied aux fesses", "dérouillée", "désaveu"... .
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En perdant au moins 155 villes de plus de 9.000 habitants - certaines à gauche depuis plus de 100 ans - le camp socialiste permet à la droite d'effacer largement ses pertes du scrutin de 2008 (82 villes de plus de 10.000 habitants), abandonnant du même coup son statut de premier pouvoir local. Défaite particulièrement douloureuse pour le chef de l'Etat: celle de Bernard Poignant, ami, confident et conseiller personnel, battu sèchement à Quimper.
"Ce premier test pour François Hollande a été une véritable catastrophe, la victoire de 2008 a été complètement effacée", résume Frédéric Dabi de l'Ifop.
- Valls favori des Français -
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Le président de l'UMP, Jean-François Copé, a triomphé toute la soirée de dimanche sur le thème de cette "vague bleue" que son camp n'espérait même pas, tandis que Marine Le Pen a salué "une nouvelle étape" dans l'histoire du Front national, qui gagne onze mairies.
Selon un sondage BVA pour Le Parisien/Aujourd'hui en France, près des trois-quarts (74%) des Français ne souhaitent pas que M. Ayrault reste Premier ministre.
Parmi les favoris pour lui succéder, Manuel Valls arrive en tête (31%), loin devant Martine Aubry (17%) et Laurent Fabius (16%). Bertrand Delanoë (8%), Jean-Yves Le Drian (6%), Claude Bartolone (5%) et Michel Sapin (3%) ferment la marche.
François Hollande doit aussi affronter l'impatience sinon la colère de sa majorité. A la gauche du PS, quatre courants du mouvement ont donné rendez-vous aux députés lundi à l'Assemblée nationale pour demander "une réorientation" de la politique menée et aborder la question de la confiance au prochain gouvernement.
Le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, a plaidé lui-même, lundi sur France 2, pour un "allègement de cotisatiuons salariées".
"Après ce sinistre politique majeur, la confiance n'est pas automatique", a prévenu Christian Paul, député PS, de la Nièvre.
Et comme si tout cela ne suffisait pas, la matinée de lundi a été marquée par une avalanche de mauvaises nouvelles économiques: dérapage du déficit public en 2013, recul des marges et des investissements des entreprises l'an dernier, fléchissement du pouvoir d'achat des ménages au 4e trimestre 2013...
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