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Covid-19 : le groupe sanguin ne joue aucun rôle, selon une étude

Il y a eu «beaucoup de bruit pour rien» autour des groupes sanguins, selon les auteurs de l'étude. [FREDERIC J. BROWN / AFP].

Le fait d’appartenir à un groupe sanguin donné protège-t-il contre le Covid-19 ? Alors que des chercheurs avaient montré que des personnes du groupe O auraient un risque «significativement» moins élevé de contracter le SARS-CoV-2, une étude américaine vient faire voler cette théorie en éclats.

Des scientifiques américains du Johns Hopkins Center for Health Security, centre médical de renommée mondiale situé à Baltimore (Maryland) ont en effet jeté un pavé dans la mare, le 5 avril dernier, en publiant des conclusions à contre-courant dans la revue JAMA Network Open.

Alors que jusqu'à présent certaines études suggéraient que les personnes appartenant au groupe A étaient plus susceptibles de développer des formes graves du Covid-19, tandis que celles du groupe O l'étaient moins, pour le Johns Hopkins Center for Health Security, ces liens pourraient, finalement, ne pas exister.

Après avoir passé au crible les dossiers de 108.000 patients d’un réseau de santé du pays, les scientifiques n'ont effectivement identifié aucun lien entre le groupe sanguin et le risque de développer (ou non) une forme grave de la maladie.

Pour nous permettre de comprendre, un rapide retour en arrière s'impose. Le point de départ de ces interrogations sur une éventuelle influence des groupes sanguins sur le Covid-19 provient d'une étude chinoise publiée le 16 mars dernier, soit au tout au début de la pandémie.

Menée par plusieurs chercheurs des universités de Shenzhen et de Wuhan, elle avait ainsi analysé la possible relation entre les groupes sanguins A, B, AB et O et le risque d’être contaminé par le coronavirus.

Résulat, les chercheurs chinois avaient relevé une différence de sensibilité au SARS-CoV-2 chez les groupes A et O, qui, selon eux, pourrait être liée à la présence ou non d’anticorps spécifiques. Un emballement médiatique s'en est suivi, mais, dans les mois qui suivirent, plusieurs autres études s'étaient déjà montrées plus réservées.

Le groupe sanguin : «beaucoup de bruit pour rien»

Sur son site, l'Inserm précise par exemple que rien qu'au début de l’année 2021, «34 études comparant des patients à des «contrôles» ont ainsi rapporté une association entre le risque d’infection au Covid-19 et le groupe sanguin. Ces études ont notamment pointé du doigt un risque diminué pour les personnes de groupe sanguin O, même si cette diminution reste relative».

Concrètement, l'étude menée par le Johns Hopkins Center for Health Security va dans le même sens des dernières études menées. En comparant certaines données, un lien avec le groupe sanguin peut être trouvé mais cela n'en fait pas pour autant une vérité absolue. «D'autres explications entre vraisemblablement en jeu», résume le docteur Amesh Adalja, chercheur principal au Johns Hopkins Center for Health Security.

«J'ai toujours dit que tout ce tapage autour des groupes sanguins était beaucoup de bruit pour rien», abonde son collègue, le docteur Aaron Glatt, président du département de médecine et épidémiologiste hospitalier du Mount Sinai South Nassau à Oceanside (Californie).

«Si vous examinez suffisamment de données, vous trouverez à l'occasion des liens entre les groupes sanguins. Mais des médecins ont analysé tellement de variables ensemble, dont le groupe sanguin, qu'ils en ont tiré des conclusions biaisées, voire contradictoires», a-t-il conclu. 

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