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Le coronavirus a aggravé les inégalités, selon Amnesty International

La crise du coronavirus «a mis en évidence et creusé les inégalités au sein des pays et entre les pays», selon Amnesty International. La crise du coronavirus «a mis en évidence et creusé les inégalités au sein des pays et entre les pays», selon Amnesty International. [Miguel SCHINCARIOL / AFP]

Un monde «plongé dans un profond désarroi». Le rapport annuel d'Amnesty International, publié ce mercredi, dépeint une planète où la pandémie de coronavirus a mis en relief voire exacerbé les inégalités, et où de nombreux gouvernements ont instrumentalisé la crise sanitaire pour restreindre les droits de leur population.

«Le Covid-19 a mis en évidence et creusé les inégalités au sein des pays et entre les pays, et jeté une lumière crue sur le désintérêt sidérant de nos dirigeants à l’égard de notre humanité commune», résume Agnès Callamard, la nouvelle secrétaire générale française d’Amnesty International, citée dans un communiqué.

Le rapport de 500 pages, qui analyse la situation des droits humains dans le monde en 2020 et couvre 149 pays, montre que ce sont les populations «déjà les plus marginalisées» avant la crise (les femmes, les réfugiés, les minorités ethniques...), en raison d'un sous-investissement dans les services publics, qui ont été les plus durement touchées par la pandémie de Covid-19.

«De nombreux gouvernements n’ont pas suffisamment protégé le personnel soignant et les autres travailleurs et travailleuses essentiels», dénonce l'ONG internationale, déplorant des milliers de morts et de malades parmi ces populations, causés par un manque d'équipements de protection. «Les femmes travaillant dans le domaine de la santé et des soins ont été tout particulièrement affectées, dans la mesure où elles représentaient 70% des personnes employées dans le secteur de l’action sanitaire et sociale.»

Des restrictions anti-Covid douloureuses

Plus généralement, les femmes ont également été les principales victimes de certaines mesures de lutte contre le coronavirus, affirme le rapport. «Les confinements et autres couvre-feux ont eu pour conséquence de faire perdre leurs sources de revenus à un nombre particulièrement élevé de personnes travaillant dans l’économie informelle», explique-t-il, un secteur dans lequel les femmes et les filles sont «très majoritaires». «Ce sont les femmes qui ont assuré l’essentiel du suivi du travail scolaire à la maison», après la mise en place de l'enseignement à distance, poursuit le document.

La fermeture des frontières ou le renforcement des contrôles à travers le globe a de son côté «aggravé la situation déjà précaire des réfugiés et des migrants, enfermés dans des camps ou des centres de détention insalubres ou bloqués devant des frontières fermées». Le rapport pointe le taux d'infection et la mortalité plus élevés chez les minorités ethniques «en raison, entre autres, d’inégalités préexistantes et d’un manque d’accès aux soins de santé».

Les violences contre les femmes et les personnes LGBT se sont par ailleurs multipliées du fait de la pandémie, note Amnesty International. «Dans le monde entier, des associations de soutien ont signalé une nette augmentation de la violence domestique et de la violence fondée sur le genre», constate l'organisation basée à Paris, l'expliquant par les confinements et la suspension des mesures d'aide aux victimes.

Certains dirigeants «particulièrement virulents»

Parallèlement, le rapport fustige ces gouvernements, par exemple en Hongrie, dans les pays du Golfe, aux Philippines, au Nigeria ou au Brésil, qui se sont servis de la pandémie pour asseoir le contrôle sur leur pays et réprimer les voix dissidentes, notamment par l'usage de la force, faisant ainsi reculer les droits humains. «Certains d’entre eux ont tenté de normaliser les mesures d’urgence autoritaires qu’ils ont mises en place pour combattre le Covid-19, et une souche particulièrement virulente de dirigeants est allée plus loin encore : ils ont vu dans cette pandémie l’occasion de consolider leur propre pouvoir. Au lieu d’aider et de protéger la population, ils ont simplement instrumentalisé la pandémie pour saccager les droits des personnes», accuse Agnès Callamard, ancienne rapporteuse spéciale de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires.

Malgré ce sombre tableau, il existe selon l'ONG un chemin pour «façonner un avenir plus juste», via une véritable coopération internationale et une série de mesures «visant à surmonter la pandémie et les autres crises mettant en jeu les droits humains»: mise à disposition des vaccins anti-Covid pour tous, actions concertées pour «stopper la réaction de rejet actuelle contre les droits des femmes et des personnes LGBTI», ou encore renforcement des mécanismes et institutions de protection des droits humains de l’ONU.

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