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Vidéo : un Français aveugle recouvre partiellement la vue grâce à une protéine d'algue

Le patient a su que le traitement fonctionnait lorsqu'il a perçu les bandes blanches d'un passage piéton. [JEFF PACHOUD / AFP]

Atteint d'une rétinopathie pigmentaire diagnostiquée il y a 40 ans, ce Français était progressivement devenu aveugle. Pourtant, selon une étude publiée dans la revue scientifique Nature Medicine, ce lundi 24 mai, il est désormais capable de saisir et compter les objets sur une table. Une prouesse réalisée grâce à la protéine d'algue.

Cet homme, dont l'identité est gardée secrète, a participé à un essai clinique mené au sein de l'Institut de la Vision, à Paris. Il a bénéficié d'une thérapie optogénétique, une discipline qui associe optique et génétique et doit permettre de rendre certaines cellules sensibles à la lumière.

Sur son site, l'Institut de la Vision explique que cette technique a été développée après la découverte d'«une protéine photosensible présente chez une algue unicellulaire». L'opsine, c'est son nom, permet aux organismes de réagir à la stimulation lumineuse. Elle produit un courant électrique qui amène l'algue à se déplacer en direction de la lumière détectée.

L'objectif était donc de l'utiliser afin de «compenser la disparition des photorécepteurs» chez le patient aveugle. Concrètement, l'expérience visait à lui rendre sa capacité à détecter la lumière en injectant l'opsine, associée à un vecteur viral, dans l'un de ses yeux.

Puisque cette protéine d'algue est «moins sensible que nos photorécepteurs naturels», la rétine du malade a également dû être stimulée de manière externe, grâce à des lunettes spécifiques conçues par l'entreprise Gensight Biologics. Avec ce traitement, il a fallu attendre 7 mois pour voir apparaître les premiers signes de perception visuelle.

«Nous étions tous excités»

Interrogé par la BBC, le Dr. José-Alain Sahel, fondateur de l'Institut de la Vision qui a co-dirigé ces recherches, explique que le participant à l'essai clinique a d'abord distingué les bandes blanches d'un passage piéton en traversant la rue. «Vous pouvez imaginer qu'il était très excité. Nous étions tous excités», commente-t-il.

Des enregistrements par électroencéphalographie ont par la suite montré que les aires visuelles de son cerveau étaient bel et bien activées au moment de «percevoir, localiser, compter et toucher des objets». C'est la première fois, au niveau international, que cette technique est utilisée chez l'homme avec succès.

Selon le Dr. José-Alain Sahel, ce pourrait être une solution pour de nombreuses personnes aveugles. Celles qui sont «atteintes de différents types de maladies neurodégénératives des photorécepteurs et d'un nerf optique fonctionnel» notamment, pourraient être «éligibles» à un tel traitement. Un essai de phase 3 doit être lancé prochainement pour «confirmer l'efficacité de cette approche», mais le chercheur préfère tempérer : «il faudra du temps avant que cette thérapie puisse être proposée».

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