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Didier Deschamps a-t-il compris ?, par Pierre Ménès

Le sélectionneur tricolore a lancé avec réussite la jeune génération contre l’Angleterre. Le sélectionneur tricolore a lancé avec réussite la jeune génération contre l’Angleterre.[Anthony Dibon/Icon Sport]

Pour la première fois depuis qu’il a été intronisé sélectionneur de l’équipe de France, le coaching de Didier Deschamps a sévèrement été remis en cause. C’était vendredi dernier, lors de la défaite en Suède (2-1) en éliminatoires de la Coupe du monde 2018 en Russie.

Ils ont en effet été nombreux, moi également, à se montrer pour le moins déçus de sa composition de départ. Mis à part Bacary Sagna blessé et Patrice Evra hors du coup, on a eu droit à l’équipe d’il y a un an à l’Euro. Comme si rien n’avait changé. Comme si aucun jeune n’enflammait l’Europe.

Kylian Mbappé met l’Europe en folie. Il joue ? Penses-tu ! Ousmane Dembélé a mis la Bundesliga à ses pieds. Il joue ? Penses-tu ! Corentin Tolisso et Florian Thauvin dans la tribune. Carrément. Non, Deschamps a préféré blinder son milieu de terrain en alignant Moussa Sissoko, qui n’a quasiment pas joué de la saison avec Tottenham.

On le sait, être entraîneur, et plus encore être sélectionneur, est un métier compliqué. Il y a des choix à faire et parfois, ces choix, qui ne plaisent pas, sont quand même les bons. Mais, quand ça foire, ça devient bien plus compliqué. Et en Suède, ça a bien foiré.

L’Europe entière redoute la nouvelle puissance offensive bleue. Comment se fait-il que l’on n’ait rien vu dans la banlieue de Stockholm ? Antoine Griezmann est très fatigué et a fait une saison moyenne avec la sélection. Dimitri Payet n’est pas dans sa meilleure forme physique. Olivier Giroud, même s’il reste d’une efficacité impressionnante et louable, a quand même du mal à exister dans le jeu. Et pendant qu’on s’ennuie ferme sur le terrain, nos brillants attaquants regardent sur le côté, tandis que Karim Benzema fait des photos sur Instagram. Didier Deschamps n’a jamais été un apôtre du jeu offensif.

Il préférera toujours une solide assise. Après tout, il était le capitaine des Bleus en 1998. Mais la donne a changé. Le point fort des Tricolores a évolué. Aujourd’hui, qu’il le veuille ou non, c’est devant que la France fait peur. Du coup, contre l’Angleterre, on a droit à Kylian Mbappé, Ousmane Dembélé et Thomas Lemar. Sans oublier Kanté, élu meilleur joueur de Premier League mais clairement remplaçant dans l’esprit de DD dans les matchs qui comptent.

Réfractaire à toute idée de changement

La rencontre face aux Anglais ne comptait justement pas. Il y avait un climat particulier avec l’hommage magnifique du pourtant si souvent décrié Stade de France après les attentats de Manchester et de Londres. Les Bleus l’ont emporté (3-2). Alors, certes, tout a été loin d’être parfait et les Tricolores doivent surtout leur victoire aux incroyables errances défensives d’une équipe d’Angleterre qui a pourtant joué en supériorité numérique à la suite de l’expulsion grotesque de Raphaël Varane en début de seconde période.

Mais Kylian Mbappé et Ousmane Dembélé ont brillé, même s’ils n’ont pas tout réussi. L’attaquant monégas­que aurait dû marquer, mais il a été dangereux et donné deux passes décisives à Ousmane Dembélé, qui a transformé la deuxième. Le jeune prodige de Dortmund a des accélérations phénoménales, mais il doit encore progresser dans le dernier geste, même s’il a inscrit le but de la victoire et provoqué le deuxième.

On espère que Didier Deschamps a bien vu tout ça. Que les deux bambins ne retrouveront pas le banc de touche le 31 août pour le match décisif contre les Pays-Bas. Mais, dans ce match, le sélectionneur tricolore a encore prouvé qu’il était tout de même bien réfractaire à toute idée de changement. Rabiot, Tolisso et Thauvin ne sont pas entrés. Alexandre Lacazette non plus, lui sur lequel Deschamps disait en début de stage qu’il devait saisir sa chance avec le temps de jeu qui lui serait offert. Soyons clair, rien ne lui a été offert et rien ne le sera jamais. Lacazette n’est pas dans les petits papiers de Deschamps. C’est un fait. Incontestable.

La jeune génération qui arrive doit faire des Bleus un des favoris à la Coupe du monde 2018. Encore faut-il se qualifier. Et ça, c’est le boulot de Deschamps. En général, le boulot, il le fait. Espérons qu’il n’ait pas perdu le «mojo». Ça serait trop bête vu l’outil dont il dispose désormais. 

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