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NBA : Pourquoi la blessure de Kevin Durant est une tragédie

Kevin Durant est sorti sur blessure lors du Game 5 des finales NBA. Le joueur pourrait souffrir d’une rupture du tendon d’Achille. [Claus Andersen / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP]

Le retour de Kevin Durant dans l’effectif des Warriors pour le Game 5 des finales NBA se déroulait à merveille. Jusqu’à ce que son tendon d’Achille lâche, moins de trois minutes après le début du deuxième quart temps.

La vidéo de sa jambe filmée en gros plan fait le tour des réseaux sociaux durant plusieurs heures. Il n’est pas nécessaire d’être médecin pour comprendre qu’un ligament, ou un tendon, semble rompre à l’intérieur de son mollet, comme un élastique en sur-extension.

Quelques heures plus tard, Kevin Durant quittait le stade avec des béquilles, et une chaussure de protection autour de son pied droit.

C’est la gorge serrée que le manager général de Golden State, Bob Myers, s’est exprimé plus tard dans la soirée à propos de la blessure de l’ailier, confirmant que l’équipe médicale des Warriors s’attendait à découvrir, dès le lendemain, une blessure au tendon d’Achille une fois que Durant aura passé son IRM. Une procédure dont nous connaîtrons les résultats dans les prochains jours, et qui permettra de déterminer l’étendue des dégâts.

L’émotion de Bob Myers peut paraître exagérée. Idem pour celle de ses coéquipiers. Stephen Curry aurait lui aussi été, selon plusieurs journalistes présents au moment où il apprenait que Durant était touché au tendon d’Achille, particulièrement ému.

Mais leur émotion est à la hauteur de la perte, et de la gravité de la blessure : pendant les 12 minutes où il était sur le terrain – et ce après plus de quatre semaines à rester inactif – Kevin Durant a planté 11 points, avec un parfait 3/3 à trois points. Onze unités (seuls 5 joueurs de l’effectif ont dépassé les 10 points) qui ont forcément contribué à la victoire finale de son équipe, et permis à Klay Thompson et Stephen Curry d’être en position de créer l’exploit en fin de match pour arracher un Game 6 après une victoire d’un petit point.

On aurait tendance à oublier que Kevin Durant est devenu le premier joueur de l’histoire à tourner avec de tels pourcentages aux tirs ( 50-40-90 : 51% aux tirs, 44% à trois points, et 90% aux lancers francs pour être précis) avec une moyenne de plus de 30 points par match (32,3 exactement) avec au moins cinq matches joués en playoffs.

Une production offensive qui est, soit dit en passant, la plus haute de l'histoire en playoffs derrière seulement Wilt Chamberlain et Rick Barry avec au moins dix matches joués. Souvent décrié, critiqué jusqu’à la nausée pour avoir rejoint les Warriors en 2016, Kevin Durant n’en reste pas moins un joueur d’exception. Et la blessure qu’il vient de subir dans ce Game 5 pourrait priver les fans de son talent pour au moins une année. Voir pour le reste de sa carrière.

Une blessure qui peut tout changer en NBA

Il ne s’agit pas ici de sortir les violons pour vous inviter à pleurer sur le sort de Kevin Durant. Viendra le temps où on en apprendra plus sur ce qui s’est réellement passé entre sa blessure face aux Rockets en demi-finale de conférence Ouest, et son retour ultra-risqué dans le Game 5 des finales NBA. Mais ce qui était annoncée comme une simple blessure au mollet – avec un temps de récupération estimée entre quatre et six semaines – va probablement se transformer en rupture totale, ou partielle, du tendon d’Achille. Selon les premiers éléments, Kevin Durant lui-même aurait insisté pour revenir sur le parquet. Les nombreux experts et docteurs qui se sont exprimés sur sa blessure n’auraient pas émis plus de doute que cela sur son potentiel retour. Dès lors, la question de l’erreur de diagnostic sera certainement posée dans un avenir plus ou moins proche.

Mais laissons cela de côté pour le moment pour analyser le choc sismique que l’annonce d’une rupture du tendon d’Achille pour Kevin Durant pourrait avoir sur le reste de la ligue. Si le joueur vient de démontrer une fois pour toute qu’il était prêt à sacrifier son corps pour le bien de l’équipe, pour ses coéquipiers, et pour son club – ce qui devrait au moins faire taire une partie de ses détracteurs… et encore, pas sûr – Kevin Durant vient de voir son avenir sérieusement s’assombrir. Lui qui sera agent libre cet été, et devait éventuellement quitter les Warriors pour rejoindre une nouvelle équipe (potentiellement les New York Knicks), pourrait ne pas jouer une seule minute la saison prochaine, si on en croit l’historique des principaux joueurs ayant souffert de cette blessure.

©ESPN

Un club comme celui de New York est tout à fait capable de lui offrir un contrat de plusieurs années, avec le maximum d’argent à la clef, principalement parce qu’il s’agit des Knicks – qui meurent d’envie de signer une superstar, même si elle est sur une jambe – mais cela pourrait refroidir les autres joueurs majeurs qui songeaient rejoindre KD au Madison Square Garden. Et si Kevin Durant est le seul à rejoindre la franchise de la Grosse Pomme, les Knicks ne seront probablement jamais une menace à l’Est. La réalité est que tous les clubs qui rêvaient de recruter l’ailier à l’intersaison viennent probablement de faire un (grand) pas en arrière.

Ce n’est pas forcément cruel, c’est juste du bon sens financier (la NBA est un business, pour ceux qui ne l’auraient pas compris). L’ailier était considéré comme l’agent libre le plus important de la période estivale (avec Kawhi Leonard probablement), mais sa blessure devrait forcer les franchises à revoir sérieusement leur stratégie de recrutement. Ce qui devrait avoir pour effet d'influencer durablement, pour les années à venir, le visage de la NBA. La trajectoire de nombreux joueurs à l'intersaison - Jimmy Butler, Kyrie Irving, Anthony Davis, etc. - et le destin de plusieurs franchises NBA vont être directement impacter par cette blessure.

Kevin Durant pourrait contempler la possibilité d'activer son option de joueur inclue dans son contrat avec les Warriors pour la saison prochaine, ce qui lui assurerait un salaire de 31,5 millions de dollars pendant sa convalescence. Un choix qui pourrait ne pas ravir la direction de Golden State (bien qu'il n'ait pas le choix), puisqu’ils doivent également s’assurer de re-signer Klay Thompson cet été, et devront tenter de construire un effectif viable tout en sachant qu'ils ne pourront pas compter sur un de leurs meilleurs joueurs – qui est également un des plus chers – sur la quasi-totalité de la saison. Et que ce dernier sera en mesure de partir sans la moindre compensation la saison suivante.

Fin de carrière pour Kevin Durant ?

Bon, ok, le titre est une légère exagération. Mais elle est malheureusement loin d’être hors sujet. Vous vous souvenez de l’encart plus haut, qui montrait le temps de récupération des joueurs ayant souffert d’une rupture du tendon d’Achille ? Et bien sachez que, si l’histoire récente nous a appris quelque chose à propos de cette blessure, c’est que les joueurs qui en ont souffert n’ont jamais plus retrouvé leur niveau d’avant. JAMAIS. Et franchement, c’est un drame pour Kevin Durant. Mais aussi pour tous les amoureux du basket. Car ce joueur possède un talent unique, et ses plus belles années sont peut-être officiellement derrière lui alors qu’il n’a que 30 ans, et qu’il est au cœur de son «prime». On notera au passage que, malgré la gravité de sa blessure, Kevin Durant s’est réjoui de la victoire des siens dans le Game 5 sur Instagram (pour une fois qu’il se sert correctement des réseaux sociaux… ça va, je plaisante).

Revisitons rapidement quelques cas marquants :

Rudy Gay : blessure en janvier 2017 à 30 ans, alors qu’il réalisait une de ses meilleures saisons sous le maillot des Kings. Il a réussi à retrouver un niveau de jeu plutôt satisfaisant, mais est devenu sixième homme à San Antonio où ses minutes de jeu ont été revues à la baisse.

Wesley Matthews : blessure en mars 2015 à 28 ans. Il est revenu très vite sur les parquets, mais n’a jamais retrouvé son niveau d’antan sur la durée. Sa saison 2017-2018 a été la meilleure depuis son retour, mais sa mobilité et son adresse aux tirs ont souffert.

Kobe Bryant : blessure en mars 2013 à 34 ans. Kobe n’était plus dans son «prime», mais continuait d’affoler les compteurs (27,3 points à 46% aux tirs). Il a joué 6, 35 et 66 matches les trois saisons suivantes, avant de prendre sa retraite.

Elton Brand : blessure en août 2007 à 28 ans. Un joueur à 20 points et 10 rebonds en moyenne avant sa blessure, Brand n’a jamais retrouvé une telle efficacité par la suite, manquant cruellement d’explosivité, et de rapidité.

Dominique Wilkins : blessure en janvier 1992 à 32 ans. C’est l’exception, puisque l’ailier a tourné à 28 points de moyenne et presque 7 rebonds sur les deux saisons suivantes. Son déclin a eu lieu à l’âge de 35 ans, soit rien d’anormal.

Pour le moment, la planète NBA attend le verdict de l’IRM que doit passer Kevin Durant ce jour. La rupture du tendon d’Achille est une blessure tristement réputée pour court-circuiter la carrière de celui qui en souffre. Mais les récents exemples montrent que c’est également une blessure dont on guérit mieux aujourd’hui qu’il y a encore 5/10 ans. Espérons que Kevin Durant parvienne à se rétablir le plus rapidement possible, et surtout à retrouver son niveau de jeu. Car cela est bien triste de se dire que nous venons d’assister à l’ultime coup d’arrêt de sa carrière, et ce au moment même où il commençait à tutoyer le sommet de son art.

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