En direct
A suivre

Décès de Kobe Bryant : «Il a pris la suite du dieu Jordan, son mentor», confie George Eddy

Kobe Bryant face à son idole Michael Jordan, en 1997. [VINCENT LAFORET / AFP]

Une grande partie de fans français ont découvert Kobe Bryant par sa voix. Commentateur de la NBA depuis 1985 sur Canal+, George Eddy a été très touché par la mort du «Black Mamba», dimanche lors d'un accident d'hélicoptère en Californie où huit autres personnes ont perdu la vie, dont sa fille Gianna Maria-Onore.

Quel sentiment vous domine après avoir appris la mort de Kobe Bryant ?

George Eddy : J’ai d’abord été sans voix, choqué, comme tout le monde. Attristé à un niveau indescriptible. Il vivait une retraite paisible, merveilleuse, avec sa famille, notamment sa fille qui commençait à jouer au basket. Il était en train de réussir comme businessman. Il avait laissé la place à LeBron (James) aux Lakers, avec beaucoup d’humilité, tout en soutenant son ancienne franchise. Être foudroyé comme ça à 41 ans, quand il avait encore plein de choses à nous apporter et à vivre, c’est très triste.

Sa fille est également morte dans cet accident…

On a vu ces derniers temps qu’elle commençait à aimer le basket. Kobe commençait à lui montrer un peu comment faire. Apparemment, ils étaient en route pour un tournoi de basket. C’était dans la lignée de sa retraite, il passait beaucoup de temps avec ses quatre filles et avec sa femme, c’est indescriptible.

Vous avez rencontré Kobe à plusieurs reprises…

J’ai commenté toutes les finales, les cinq gagnées et les deux perdues. Quand on est sur place, aux États-Unis pour les finales, on croise les joueurs pratiquement tous les jours. Il y a des interviews prévus après les entraînements, avant et après les matchs. Donc on a vraiment l’occasion de les côtoyer chaque jour. Au début de sa carrière, il était également venu en France avec Adidas et j’avais fait une interview pour lui. Quasiment à chacun de ses passages à Paris, j’ai dû le voir.

«IL ÉTAIT PLUS ABORDABLE QUE (MICHAEL) JORDAN»

George Eddy

Quel genre d’homme aviez-vous en face de vous lors des interviews ?

Il était absolument sans langue de bois, un très bon client pour les journalistes. Bizarrement, il était plus abordable que (Michael) Jordan, qui se protégeait, et avait un discours plutôt direct. Mais Kobe était plus charismatique, s’exprimait bien, avec le sourire. Il était ambassadeur lors de la Coupe du monde en Chine et a fait un travail formidable. Il connaissait la NBA mais aussi le basket international. Il a vécu pendant 7 ans en Italie et en France. Donc c’était vraiment un homme de renaissance, de la terre entière, apprécié depuis Los Angeles jusqu’à Pekin en passant par Paris.

Que va-t-on retenir de lui ?

C’était le plus grand imitateur de Jordan à tout point de vue car c’était son grand frère et son mentor. Donc il a totalement copié la façon de jouer de Jordan, notamment les arabesques aériennes. Il avait son jeu, sa personnalité et il était peut-être plus adroit à trois points. On se rappelle aussi de ses 81 points.

Il y a également la période avec Shaquille O’Neal. Kobe était jeune et avait remporté trois titres de suite. Il jouait pour l’équipe. Il a ensuite passé trois années où il était devenu individualiste et a fait fuir Shaq. Tout tournait autour de lui mais l’équipe ne tournait pas très bien.

Ensuite, Pau Gasol a rejoint l’équipe pour la saison 2007-2008 et ils ont gagné encore deux titres. Là, il était plus mûr, c’était un leader de groupe, un meneur d’homme et il n’était pas égoïste. J’ai préféré cette partie-là, la troisième de sa carrière. C’est peut-être le summum de sa carrière car il n‘était pas dans l’élégance ou le jeu spectaculaire, mais dans les tripes, la combativité, la défense et le leadership. C’est ce que je retiens avant tout dans la carrière de Kobe.

On ne peut parler de Kobe sans évoquer cette affaire de viol*…

Dans la vie de chacun d’entre nous, il y a des hauts et des bas. Et c’est clair que ce moment-là était probablement le point le plus bas de toute sa vie. On sait que ça s’est terminé hors des tribunaux, il n’a pas été condamné. Il faut accepter ce jugement et continuer à vivre. Après, par la suite, il a été plutôt exemplaire. En tant que père de famille, avec ses quatre enfants.

Je ne veux pas juger cette affaire mais comme le jugement est passé, je pense qu’il ne faut pas retenir que ça de la vie de Kobe. Sur l’ensemble, c’était le meilleur joueur du monde entre 2000 et 2010. Il a pris la suite du dieu Jordan, son mentor. Il a gagné cinq titres en sept finales durant cette décennie-là. Il a préparé le terrain pour Tony Parker, LeBron James, Stephen Curry et les autres qui ont suivi.              

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

On to #2 @kingjames! Keep growing the game and charting the path for the next.

Une publication partagée par Kobe Bryant (@kobebryant) le

*En juillet 2003, Kobe Bryant a été accusé par une jeune femme, qui avait alors 19 ans, de viol. La procédure a pris fin en septembre 2004. Le joueur des Lakers aurait versé plus de deux millions de dollars à la plaignante qui a renoncé à témoigner. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités