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Roland-Garros : «Un tournant très compliqué à gérer» dans la vie d'Alizé Cornet

Alizé Cornet participera à son 20e et dernier tournoi de Roland-Garros. [Hugo Pfeiffer/Icon Sport]

Présente sur le circuit professionnel depuis près de 20 ans, la Française Alizé Cornet tirera sa révérence à l'issue de l'édition 2024 de Roland-Garros, qui débute ce dimanche 26 mai. À quelques jours de ce qui sera son dernier tournoi, la Niçoise s'est confiée à CNEWS.

Le tennis français s'apprête à faire ses adieux à l'une de ses figures de proue à Roland-Garros. À 34 ans, Alizé Cornet a décidé de mettre un terme à sa carrière avec une dernière participation au tournoi de Porte d'Auteuil, où elle affronte, ce mardi 28 mai, la Chinoise Zheng Qinwen sur le court Philippe-Chatrier.

Au cours de cette quinzaine sur terre battue, l'ancienne 11e joueuse mondiale participera également à la «Wildcard Battle», un événement organisé par We Are Tennis by BNP Paribas où des fans de tennis s'affronteront sur le court Suzanne-Lenglen le 6 juin prochain.

C'est également à cette occasion que la Niçoise s'est confiée à CNEWS afin d'évoquer sa fin de carrière, ses succès et ses projets à l'issue du tournoi parisien.

Comment est-ce que vous abordez ce tournoi de Roland-Garros, qui sera le dernier de votre carrière ?

Ce n’est pas une période facile, c'est un tournant dans ma vie qui est très compliqué à gérer. Heureusement que c’est moi qui l’ai choisi. C'est bien plus facile à accepter quand on choisit sa sortie plutôt que quand c'est par une blessure ou par autre chose. Mon rêve, quand je pensais à ma fin de carrière, c'était d'arrêter à Roland-Garros et c'est une chance que j'ai de pouvoir le faire.

Le moins facile, c'est la gestion de ces derniers jours, puisqu'il faut quand même que je continue à m'entraîner sérieusement, comme je le fais depuis 20 ans, tout en sachant que potentiellement, je vais jouer le ou les derniers matchs de ma carrière. Je fais de mon mieux et j'espère pouvoir livrer une belle prestation pour mon dernier match, et pourquoi pas en faire plusieurs.

On verra comment ça se passe, mais je vais vraiment essayer de profiter de ce moment parce qu’on a qu’une fin de carrière et ce serait important que ça reste un moment mémorable.

À quel moment avez-vous pensé à ranger vos raquettes et mettre fin à votre carrière professionnelle ?

C’était un cheminement quand même assez long, mais cela fait bien un an que j'ai ça dans la tête, même un peu plus que ça parce qu'en 2022, je pensais à prendre ma retraite à la fin de la saison. Et puis, j'ai fait une des meilleures saisons de ma carrière, donc ça m'a fait repartir pour une année. Mais c'est vrai que en 2023, je commençais à ressentir de nouveau la lassitude et la fatigue.

Quand j'ai joué mon dernier Roland-Garros en 2023, l'année dernière, je me suis dit «Bon allez, l'idéal, ce serait que j'arrive à tenir jusqu'à l'année prochaine et faire des beaux adieux à Roland-Garros 2024».

Voir que Rafael Nadal a pris le temps de faire cette vidéo, c'était beaucoup d'émotion

J'ai continué à m'accrocher, à jouer mes tournois, à m'entraîner et je suis contente d'y être arrivée. C'était vraiment l'endroit où je voulais tirer ma révérence.

Lors de l'annonce de votre retraite, vous avez eu le droit à un message de Rafael Nadal qui vous a particulièrement touché. Est-ce que vous percevez cela comme une sorte de reconnaissance de vos pairs ?

Cela m'a surtout touché parce que je suis retombée, pas complètement en enfance puisque Rafael n’a que 4 ans de plus que moi, mais comme la fan en adoration devant mon idole. Sur le moment, c'était vraiment ça qui m'a submergé. C'est cette admiration que j'ai pour lui et cette joie qu’il ait prit le temps, une minute de son temps, pour m'envoyer une vidéo, pour me féliciter, me faire savoir qu'il a suivi ma carrière de loin.

Avoir évolué dans cette ère avec le «Big 3» est entre autre une immense fierté pour moi, je peux les appeler «mes collègues de travail». C'est quand même une chance d'avoir été inspirée par de tels joueurs.

Voir que Rafael a pris le temps de faire cette vidéo, c'était beaucoup d'émotion, je me suis sentie reconnue, et comme j'ai tendance toujours un peu à me sous-estimer et à me dévaloriser, ça m'a fait du bien. Sur le moment, je me suis dit «Bon, même Rafa valide ma carrière, c'est que je n’ai pas fait les choses si mal que ça !»

Vous avez débuté votre carrière sur le circuit professionnel à un très jeune âge. Est-ce que vous pensez que cela vous a aidé à vous développer personnellement ?

Oui ! Forcément, devenir professionnel de n'importe quel sport à 15 ans, ça accélère un petit peu la maturité de la personne. On apprend à se débrouiller assez vite, à prendre ses responsabilités sur le court, à voyager partout dans le monde dès le plus jeune âge. Il y a certains points où on est plus mature que d'autres, mais on est tellement déconnectés avec la réalité qu'il y a certains autres points de la vie quotidienne où on est aussi un petit peu «à la rue».

C’est vraiment une évolution hyper particulière d'être sportif de haut niveau, mais je suis très contente de mon parcours et très contente de de la personne que je suis devenue. Grâce à mon entourage, j'ai réussi à toujours garder la tête bien sûr les épaules et à rester quelqu'un d'équilibré, et c'est peut-être ça ma plus grande fierté.

Lors de cette édition de Roland-Garros, vous participerez à votre 72e tournoi du Grand Chelem. Comment expliquer cette longévité au meilleur niveau ?

Cela reste un chiffre, mais c’est beau. C’est avant tout de la régularité et une constance au plus haut niveau depuis que je suis entrée dans le top 100 mondial, à 17 ans, et je n’en suis quasiment jamais ressortie. Toutes ces années dans les 100, voire les 50 premières joueuses mondiales, sans contracter de blessures sévères qui m'éloignent des courts ou sans avoir une chute de classement trop importante, c'est une sacrée performance au vu de l’évolution du tennis féminin.

J'ai réussi à continuer à travailler très dur pour me maintenir à ce niveau-là et c'est révélateur de tout ça. C'est une fierté pour moi d'avoir ce genre de «record», je pense que ça correspond bien à qui je suis en tant que joueuse et cette rigueur qui ne m'a jamais quittée.

Au cours de votre carrière, vous avez eu de nombreuses victoires. Quelle est la plus marquante d'entre toutes ?

Je pense que c’est celle contre Serena Williams à Wimbledon en 2015, elle revient souvent. Et puis c'est celle qui est peut-être la plus incroyable dans ma carrière. Ça a été un moment très fort et quand je regarde les images, j’en ai encore des frissons. On peut dire que c'était une des plus grandes victoires de ma carrière.

Quels sont vos plans pour la suite ? Avec la sortie de votre deuxième roman («Ce qui manque à l'amour», sorti le 2 mai), une carrière littéraire semble vous tendre les bras ...

Oui bien sûr ! Je peux déjà considérer que l'écriture, c'est mon 2e métier maintenant. J’en suis à mon deuxième roman, je fais partie d'une grande maison d'édition, Albin Michel, et j'ai encore plein d'autres idées pour plein d'autres livres, donc je pense que c'est quelque chose qui va continuer à se faire dans le futur, mais j'ai aussi envie de m'investir dans plein d'autres choses !

Dès la fin de mon Roland-Garros en tant que joueuse, je vais intégrer l'équipe France Télévisions pour être consultante en plateau et en cabine pour la fin de la quinzaine. Ça va être vraiment chouette de m'essayer à cet exercice-là, que j'ai fait de temps en temps, mais à de rares occasions. J’ai hâte d'essayer, voir comment je me sens et si ça me plaît.

Et puis après, je pense que ce sera vraiment nécessaire de prendre une petite respiration après 20 ans de course contre-la-montre. Ça va être bien aussi de me poser un peu et de voir les opportunités qui s'offrent à moi.

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste la «Wildcard Battle» et comment avez-vous été amenée à y participer ?

J'ai été contactée par We Are Tennis by BNP Paribas pour participer à cet événement et j'ai dit oui tout de suite. Pour moi, cet événement, c'est avant tout une fête du tennis. C’est une belle opportunité pour, peut-être, un public un peu différent de voir du tennis en live sur l’un des plus beaux courts du monde, avec des places à un tarif réduit, ce qui est quand même une chance parce qu’on connaît le tarif des places à Roland Garros. Cela permet d'ouvrir un petit peu l’accès au tennis à un public peut-être plus jeune.

Je serai sur le court aux côtés de Gilles Simon, Mansour Bahrami et Alizé Lim, donc il va y avoir un côté pro où nous allons jouer, ce qui permettra au public de voir du tennis de haut niveau, donc c’est cool. Et puis après il y aura un côté un petit peu plus amateur avec des joueurs moins bien classés. Je n’ai pas hésité longtemps pour le faire, donc je pense qu'on va passer vraiment un bon moment et j'espère qu'on va communiquer cette bonne humeur au public.

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