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Pourquoi la 5G fait-elle l'objet d'enjeux géopolitiques ?

[© Theo Wargo / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP]

D'un nouvel enjeu économique et technologique, le déploiement de la 5G est aujourd'hui au centre d'intérêts géopolitiques. Jamais l'arrivée d'une nouvelle génération de réseau mobile (2G, 3G, 4G) n'avait autant cristallisé de tensions entre des pays et des groupes de télécommunication devenus tentaculaires.

La guerre économique récente menée par les Etats-Unis envers la Chine, lorsque Donald Trump a choisi d'écarter le géant Huawei du marché de la 5G sur le territoire américain, en témoigne. Au-delà des soupçons d'espionnage avancés par le président des Etats-Unis, cette bataille met surtout en jeu plusieurs milliards d'euros.

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Il faut souligner que la position occupée actuellement par Huawei sur ce marché naissant n'est pas anodine. Le site d'analyse Statista a présenté ce mercredi 26 février une infographie illustrant la position supposée dominante du groupe de télécommunications basé à Shenzen qui aurait déposé déjà plus de 3.147 brevets autour de la 5G. Et si certains n'ont pas encore été accordés, on note l'avance technologique de la firme chinoise sur ses concurrents comme le coréen Samsung ou son compatriote chinois ZTE. 

En France, Huawei pourrait équiper les réseaux 5G de SFR et Bouygues Telecom, tandis qu'Orange misera sur des équipement fournis par Nokia et Ericsson et Free sur Nokia. Les quatre opérateurs ont d'ailleurs d'ores et déjà déposé leur candidature auprès de l'Arcep afin d'obtenir les fréquences nécessaires pour offrir de forfaits 5G dans l'Hexagone. Un marché qui pourrait rapporter 2,17 milliards d'euros à l'Etat d'ici à juin prochain.

Mais au-delà des milliards d'euros en jeu, la 5G devrait occuper un rôle central dans les communications au cour de la décennie 2020 et pas seulement pour nos smartphones. Voitures autonomes, opérations chirurgicales à distance, communications entre objets connectés, robotique, agriculure connectée, systèmes urbains de cybersurveillance... Cette technologie, qui assure un temps de latence et des débits inégalés, doit révolutionner les communications dès lors qu'un objet high-tech intègrera un modem compatible, y compris pour des technologies dites sensibles, qui pourraient intéresser des entreprises, voire l'armée.

Des failles de sécurité majeures inquiétantes

Et comme pour tout système connecté le risque de piratage n'est pas nul. En novembre dernier, «onze failles de sécurité majeures ont été découvertes dans le protocole 5G, offrant aux cybercriminels un nouveau terrain de jeu», rappelle David Luponis, spécialiste en cybersécurité chez Mazars. Certaines failles peuvent par exemple permettre à un pirate malveillant de suivre à la trace le smartphone d'un particulier à son insu. Pire, certains problèmes détectés sur la 5G existaient déjà sur les réseaux 3G et 4G.

Au-delà de la vigilance à l'égard des cybercriminels, les pays s'inquiètent également des «portes dérobées» que les entreprises détentrices de supports 5G pourraient inclure à leur produit. C'est l'objet des représailles menées par les Etats-Unis contre Huawei. Appelant au boycott de la société chinoise, les Etats-Unis n'ont toutefois pas réussi à empêcher l'UE de laisser la porte ouverte à Huawei. Toutefois, l'Union Européenne a adressé un «oui, sous conditions» à l'entreprise en lui intimant de présenter des garanties de non-ingérence via ses équipements.

Des termes qui inquiètent la Chine qui appelle à ne pas discriminer Huawei dans l'attribution des marchés liés à la 5G, y compris sur le territoire français. Selon un porte-parole de l'ambassade de Chine en France, les craintes d'espionnage sont infondées. «En réalité, les équipements 5G de Huawei sont totalement fiables et n’ont jamais présenté aucun risque technique ou sécuritaire, ni laissé aucune "porte dérobée"», explique-t-il dans un communiqué, évoquant la volonté d'instaurer un rapport de «confiance mutuelle» entre les deux pays.

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