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Voici pourquoi le bitcoin a perdu 10.000 dollars en une journée

[PETER PARKS / AFP]

C'est ce qu'on appelle communément un «flash crash», ou une chute violente des cours suivie d'une remontée tout aussi spectaculaire. Après être passé d'environ 42.000 dollars par unité à 30.000 dollars mercredi, entraînant dans son sillage les autres cryptomonnaies, le bitcoin avait déja rattrappé la totalité de cette baisse ce jeudi en milieu d'après-midi.

Une nouvelle preuve de l'extrême volatilité des cryptomonnaies, dont le marché global reste relativement petit, permettant ainsi des fluctuations importantes des cours dans un sens comme dans l'autre. Pour le seul mois de mai, la cryptomonnaie a ainsi perdu 30 % de sa valeur. Et en avril, le bitcoin avait atteint son plus haut historique, à 65.000 dollars environ.   

Si les prochains jours et semaines diront si le rétablissement du marché des cryptomonnaies est amené à se prolonger, nombre d'analystes continuent à penser que le nouveau cycle haussier entamé en mars 2020, lorsque le bitcoin avait chuté à 3.000 dollars environ, pourrait se prolonger encore plusieurs mois, certains évoquant des valeurs supérieures à 100.000 dollars. 

Comment expliquer la chute du bitcoin ? 

Mais alors, comment expliquer ce «mercredi noir», lors duquel le bitcoin a enregistré la baisse la plus importante de son histoire sur une journée (en valeur brute, pas en pourcentage de sa valeur) ? Plusieurs facteurs semblent s'être aggrégés pour susciter un véritable vent de panique chez les investisseurs, dont certains ont enregistré de lourdes pertes, notamment les traders utilisant des instruments financiers comme les effets de leviers (qui permettent de démultiplier les gains, mais aussi les pertes), ou, tout simplement, ceux qui ont paniqué et vendu autour des 30.000 dollars, voyant ainsi le train repartir sans eux. 

Sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui pointent le rôle joué par Elon Musk, le PDG de Tesla dont les tweets sur le bitcoin et le dogecoin (une autre cryptomonnaie) auraient un véritable impact sur les cours. Le milliardaire avait ainsi critiqué la semaine dernière le bitcoin pour le fait qu'il consomme beaucoup d'énergie, après en avoir acheté pour 1,5 milliard de dollars au cours des derniers mois. Et dans la foulée, la cryptomonnaie avait commencé à baisser, avant la chute de mercredi.

Elon Musk avait toutefois tenté de calmer les marchés dimanche soir, en indiquant que ses entreprises n'avaient vendu aucun des bitcoin qu'elles détiennent. «Tesla a des mains en diamants» (une métaphore indiquant qu'elle avait des mains assez fortes pour ne pas céder à la panique et vendre), a ajouté mercredi le PDG de l'entreprise.

Mais les seuls tweets du milliardaire sont loin d'expliquer cette baisse. Selon les analystes de QCP Capital, les réserves de l'autorité des marchés financiers américaine, la SEC, au sujet du cadre légal dans lequel évoluent les échanges de cryptomonnaies, auraient également joué un rôle. On pourrait également citer la nouvelle selon laquelle la Chine avait décidé d'interdire aux institutions financières du pays d'offrir des services liés au bitcoin et aux cryptomonnaies. 

Une simple correction du bitcoin ? 

D'un point de vue purement technique, les analystes du marché des cryptomonnaies évoquent pour nombre d'entre eux une simple correction, après plus d'un an de hausse en continu. Comme c'est le cas sur tous les marchés y compris traditionnels, les prix fluctuent à la hausse et à la baisse, et ne vont jamais seulement dans un sens.

Ainsi, l'analyste Dan Tapiero a rappelé qu'il ne s'agissait que de la 6e correction la plus importante du bitcoin depuis 9 ans, alors qu'il existe depuis 2009. «Le plus important marché haussier de tous les temps se doit d'être volatile afin d'atteindre des hauteurs jamais vues», conclut-il. 

Ce type de correction est ce qui a toujours permis au bitcoin, jusqu'à présent, de repartir ensuite de plus belle à la hausse, comme lors de la dernière phase haussière en 2017, où il avait connu quatre chutes de ce type. A partir de fin décembre 2017, il avait ensuite fallu plus de deux ans au marché des cryptomonnaies pour repartir à la hausse.

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Sur le long terme, on constate ainsi que le bitcoin n'a jamais cessé de prendre de la valeur. Pour rappel, lors de son lancement en octobre 2009, il était valorisé à 0,001 dollars par unité, pour rapidement monter à 0,40 dollars l'année suivante. Et atteindre donc 65.000 dollars le mois dernier. 

«Buy the dip», la devise des acheteurs de bitcoin

Certains ont ainsi fait le pari d'une remontée constante du bitcoin ces prochaines semaines, mois, voire années, et on vu dans la chute des cours de mercredi une opportunité d'investir davantage, appliquant ainsi la devise des traders en crypto «buy the dip» («achète le plongeon», en anglais). 

Le PDG de Tron, l'une des principales cryptomonnaies, Justin Sun, a ainsi annoncé mercredi avoir acheté 4.145 bitcoins à 36.868 dollars l'unité, ainsi que 54.153 Ether (une autre cryptomonnaie) au prix de 2.509 dollars l'unité. 

Le dirigeant du fonds d'investissement Microstrategy, Michael Saylor, a pour sa part dit avoir acquis, via ses fonds, 111.000 bitcoin et n'en avoir vendu aucun. 

L'extrême volatilité des cryptomonnaies vient ainsi rappeler qu'y investir reste risqué. Ceux qui souhaitent s'y essayer doivent ainsi savoir qu'il est nécessaire de garder son sang froid, l'euphorie pouvant vite céder la place à la panique, et que les décisions prises dans ces deux état mentaux sont rarement les meilleures.

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