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Catastrophe écologique en Belgique après la rupture d'une digue

En août 2018, une fuite de matière organique de la sucrerie Tereos d'Origny-Sainte-Benoite (Aisne) avait également asphyxié des milliers de poissons de l'Oise. [Photo de l'Escaut - DIRK WAEM / BELGA / AFP]

La rupture d'une digue de l'usine du premier sucrier français, Tereos, début avril, à Escaudoeuvres (Nord) a entraîné le déversement d'eaux polluées. Elles sont soupçonnées d'avoir asphyxié des milliers de poissons dans l'Escaut, le fleuve traversant la France, la Belgique et les Pays-Bas.

Cette brèche a entraîné le déversement d'environ 100.000 m3, soit l'équivalent de 40 piscines olympiques, d'une eau noirâtre, chargée de matière organique, d'abord dans les ruisseaux avant d'atteindre l'Escaut. En se dégradant dans l'eau, ces matières organiques consomment l'oxygène, asphyxient les organismes et produisent de «l'ammoniac et des nitrites, très toxiques pour toute la flaure aquatique», selon l'Office français de la biodiversité.

D'après la Wallonie, région francophone du sud de la Belgique qui parle de «catastrophe environnementale», 50 à 70 tonnes de poissons sont morts côté wallon, une centaine en comptant la mortalité piscicole française. Du côté de la fédération de pêche du Nord, le directeur Emmanuel Petit assure qu'il n'a pas vu de pollution «si grave et importante en vingt ans» et déplore qu'«il faudra plusieurs années pour reconstruire l'écosystème [...] ce qui est perdu est perdu à jamais».

Quant au groupe sucrier Tereos, qui a installé le 22 avril cinq aérateurs pour ré-oxygéner l'eau, il affirme que les analyses effectuées à partir du 10 avril sur cinq points du cours ont permis de constater un retour à la normale dès le 13 avril. «Toutes les mesures ont été prises pour limiter l'impact sur la faune», se défend-il également.

la France sur le banc des accuses

«Il y aura une enquête pénale, c'est clair, qui permettra ou non d'établir la responsabilité de Tereos», assure le parquet de la ville belge de Wallonie, Charleroi. De plus, la fédération de pêche du Nord compte porter plainte et le parquet de la commune française Cambrai, où se situe l'usine, a ouvert une enquête pour déterminer les éventuelles responsabilités et les conséquences de la rupture de la digue, car les poissons morts «ne sont que les parties visibles de la pollution».

Avertie par un riverain le 20 avril, la Wallonie se félicite d'avoir prévenu immédiatement la Flandre, qui a pu sauver la majeure partie des poissons grâce à des dispositifs d'oxygénation de l'eau. Mais elle accuse la France de «négligeance» pour ne leur avoir «jamais» signalé cette pollution, en infraction avec une procédure d'alerte internationale. Si elle n'a pas alerté immédiatement la Belgique, c'est parce que «les mesures effectuées sur le terrain le 10 avril n'ont pas mis en évidence de pollution», justifie la préfecture du Nord.

La sucrerie d'Escaudoeuvres est soumise à autorisation au titre des installations classées et doit justifier d'un plan de prévention des risques. La dernière inspection par la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dréal) date du 24 décembre 2019 selon Géorisques et un diagnostic géotechnique des bassins a été réalisé en 2016 selon Tereos. Mais la Fédération régionale des associations de protection de la nature et de l'environnement estime qu'«il aurait dû y avoir plus de contrôles des installations de stockage d'eaux dangeureuses pour l'environnement».

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