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Antarctique : le «glacier de l'apocalypse» fond beaucoup plus vite que prévu, des scientifiques s'inquiètent

À partir des données d’observation satellitaire à haute résolution du réseau Iceye, les chercheurs ont mis en évidence une intrusion d’eau de mer chaude et dense sous la surface du glacier étendue sur plusieurs kilomètres. [James Yungel / NASA]

Une nouvelle étude scientifique, Proceedings of the National Academy of Sciences, publiée ce lundi 20 mai, a dévoilé une fonte très importante d’un des plus grands glaciers au monde, le «glacier de l’apocalypse». Les scientifiques s’inquiètent.

Une nouvelle inquiétante. Le glacier Thwaites, aussi connu sous le nom de «glacier de l’apocalypse», préoccupe les scientifiques par sa fonte accélérée selon une étude publiée lundi 20 mai dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. Situé dans la péninsule de l’Antarctique de l’Ouest, il serait responsable à lui seul de 4% de la hausse annuelle du niveau des mers.

De l’eau sous le glacier 

À partir des données d’observation satellitaire à haute résolution du réseau Iceye, les chercheurs ont mis en évidence une intrusion d’eau de mer chaude et dense sous la surface du glacier étendue sur plusieurs kilomètres. Ces entrées régulières d’eau de mer liées aux puissants mouvements de marée réchaufferaient la glace et feraient monter la pression sous le glacier. Ce mécanisme provoque ainsi une «fonte vigoureuse» du glacier, a-t-on appris selon l’étude. Les chercheurs s’alertent alors sur le risque d’une montée des eaux importantes à venir. Si le glacier fondait entièrement, il représenterait 60 cm de de montée du niveau des mers.

Les résultats de l'étude montrent aussi que la calotte glaciaire de l'Antarctique serait plus vulnérable au réchauffement des océans qu'on ne le pensait auparavant. L'auteur principal de l'étude, Eric Rignot, de l'Université de Californie à Irvine, a déclaré à USA TODAY qu'il y avait beaucoup plus d'eau de mer s'écoulant dans le glacier que les prévisions. «Ces intrusions rendent le glacier plus sensible au réchauffement des océans et plus susceptible de s'effondrer à mesure que l'océan se réchauffe», a-t-il déclaré.

Des villes innondées en conséquence

Le glacier Thwaites est également un barrage naturel pour les autres glaces de l’Antarctique occidental. Les chercheurs estiment que si sa glace est libérée dans les océans, les niveaux pourraient augmenter de 10 pieds. Une telle augmentation plongerait de nombreuses villes côtières sous l’eau. L’étude explique que les populations des villes et pays comme Vancouver, la Floride, le Bangladesh et les îles de basse altitude du Pacifique, comme Tuvalu et les Îles Marshall, pourraient être gravement impactées. Mais l’auteur de l’étude rassure en expliquant à USA Today que le glacier prendrait plusieurs décennies à fondre dans sa globalité.

Cette fonte polaire fait partie des conséquences majeures du changement climatique, mais est encore entourée de nombreuses incertitudes, les scientifiques soulignant régulièrement leur manque de moyens pour mieux modéliser ce monde lointain et hostile. «En dollars réels, on travaille avec le même budget en 2024 que dans les années 1990. Nous devons développer la communauté des glaciologues et des océanographes physiques pour résoudre ces problèmes d’observation le plus tôt possible, mais à l’heure actuelle, c’est comme si nous gravissions le mont Everest en baskets», a déploré Éric Rignot.

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