En Direct

Tourisme : Pourquoi la vanlife cartonne-t-elle en France ?

Les voyages en van attirent de plus en plus de voyageurs. [Nick Baker]
Par Mis à jour le Publié le

Les voyages en van ont la cote. Nées dans les années 1970 en Australie et en Nouvelle Zélande, portées par le mouvement hippy, les adeptes du surf, l’esprit baba cool et le célèbre combi Volkswagen, les escapades en vans séduisent de plus en plus de voyageurs.

Preuve de l’intérêt grandissant du grand public pour la vanlife et les virées en vans, les récits de voyage et les guides pratiques se multiplient en librairie. Michelin lui a d’ailleurs consacré un ouvrage, sorti mi-mars juste avant le confinement, «Week-ends en van, 52 destinations en France ». Co-écrit avec Les Coflocs, deux blogueurs et producteurs de contenus vidéo adeptes de la vanlife depuis 10 ans, le guide s’est écoulé à environ 7000 exemplaires depuis sa parution. « Ça cartonne. Nous allons réimprimer », note Philippe Orain, directeur international des guides de voyage Michelin. 

Mais pourquoi le voyage en van, un temps plutôt réservé aux baroudeurs solitaires, gagne-t-il du terrain dans le cœur des voyageurs ? D’après le sondage réalisé en juin par Roadsurfer, plate-forme de location de vans aménagés, 70 % des Français interrogés comptaient en effet privilégier le camping et la vanlife cet été. Une tendance confirmée du côté de la plate-forme Yescapa dont les locations ont explosé cet été. Elle a ainsi enregistré 40 % de demandes en plus, explique son co-fondateur Benoit Panel. Avec cette année, 83 % de primo-locataires contre 71% l’année dernière. Même son de cloche du côté du site de location Wevan, premier site de location de vans à s’être implanté sur le marché français il y a dix ans. « Nous constatons une augmentation de nos revenus sur juillet et août de 51 % », précise son directeur et co-fondateur Augustin Bouyer.

une sensation de Liberté, d'indépendance et de flexibilité 

Un engouement qu’ont pu également constater Laurent et Florent du site les Coflocs, qui sortira à l’automne un film dédié à la vanlife. « Ces dernières années, c’était une tendance forte. Mais cette année, c’est une évidence. Il y a une vraie explosion », notent-ils. « On a vu la tendance monter depuis 2012. En 2015, nous étions quelques « vanlifeurs ». En 2020, si t’as pas ton van, t’es personne », ironise le duo. 

Si l’effet covid et l’envie de se retrouver loin de la foule sont passés par là, dopant assurément le nombre de voyages en van, synonyme d’escapade éloignée du tourisme de masse, le sentiment de liberté et d’indépendance que procure ce type de vacances séduit avant toutes choses les adeptes du van, comme les nouveaux venus. « Ces derniers temps, l’envie de voyager est différente et cela avait commencé avant le covid. Les voyageurs aspirent à plus de liberté, recherchent de l’authenticité. Avec le van, toutes les destinations se prêtent à ça », souligne Philippe Orain, du guide Michelin.  « Le van, le fourgon, c’est l’outil de liberté par excellence », confirme de son côté Benoit Panel de Yescapa. Une sensation d’indépendance et une flexibilité qui a séduit Pascal, père de famille parti pour la première fois en van avec son épouse et deux enfants de 1 et 4 ans cet été. « D’abord nous avions envie de vacances originales et puis comme nous avons deux enfants en bas âge, nous avions envie de vacances qui permettent de changer de lieux sans avoir à tous déménager. Le van à répondu à nos attentes ». Une autonomie qu’apprécie aussi Marie, trentenaire propriétaire d’un van avec lequel elle voyage en couple depuis 4 ans et qu’elle loue sur Yescapa. « Les vacances en van, c’est la liberté. On fait ce que l’on veut quand on en a envie », explique la jeune femme, qui pour la première année a vu son véhicule réservé de mi-juin jusqu’à mi-septembre.

Des virées près de la nature plus éco-responsables 

Un mode de voyage qui bénéficie également du besoin de reconnexion du public avec la nature, en adéquation avec des envies de voyages plus responsables. « En van, on voyage de manière minimaliste et responsable, on consomme souvent local, on dort dans la nature. C’est une démarche qui va bien avec le monde d’après dont tout le monde parle », souligne les Coflocs. Une dimension nature qui a séduit Pascal, parti en famille trois semaines cet été. « L’idée était de s’évader, d’aller voir la nature après trois mois de confinement et de donner le goût de la nature à nos enfants, de les initier à l’environnement. On arrive à un endroit, il est propre. On part, il est propre ». Une démarche qui séduit aussi Marie : « Avant nous partions très loin, en avion, aux Philippines ou en Thaïlande. Maintenant, on part en France, en Europe. Depuis que nous avons notre van, nous nous sentons plus écoresponsables. On se dit que manger végétarien a plus de sens », explique la trentenaire, et ce sans compter sur l’aspect économique selon elle.  « Ce sont des vacances super économiques », souligne la jeune femme propriétaire de son van : « le budget des vacances se résume à l’essence. Du coup, on peut se faire plaisir avec des activités ».  

Pour ceux qui passeront par la location, il faudra compter entre 50 euros par jour hors saison et 200 euros en haute saison, note Augustin Bouyer, directeur du réseau de la plate-forme de location Wevan. « Les prix varient beaucoup » souligne ce dernier, précisant qu'« en dehors de juillet et août, dans certains cas, c’est économique », explique-t-il, comparant toutefois le budget de vacances en van à « un budget de vacances classiques ». 

Des outils qui simplifient les virées en van 

Guides de voyage, location de vans, applications… Réserver un véhicule, organiser son séjour, trouver des sites où passer la nuit, se lancer dans un périple en van est devenu plus facile grâce à plusieurs acteurs et outils. A commencer par trouver un site de locations. Qu’il s’agisse de locations de vans proposées notamment par des plate-formes comme Wevan, roadsurfer ou encore Black sheep, des sites de locations entre particuliers à l’instar de Yescapa, Vanloc, Wikicampers ou encore des sites de passionnés qui ne louent que de vieux combi dont Only-combi, le choix ne manque pas. 

Un à un, les freins au voyage en van sont levés. Parmi eux, la sempiternelle question « Où dormir ? ». « Trouver des lieux où passer la nuit faisait partie de nos inquiétudes, d’autant que nous ne souhaitions pas dormir dans des campings », explique Pascal, parti trois semaines en famille en vans cet été. Pour les aider dans leurs démarches, plusieurs guides et applications ont vu le jour. Parmi elles, Park4night permet de trouver des sites où passer la nuit partout dans le monde. Le site France passion référence des vignerons et fermiers qui accueillent les voyageurs sur leur terrain. HomeCamper permet d’utiliser, moyennant une contrepartie, les jardins de particuliers. Des solutions « rassurantes », explique Pasca,l qui a lui-même utilisé Park4nihgt, quelques nuits au début de son périple avant de préférer voler de ses propres ailes et trouver des lieux moins fréquentés qu’il a déniché sans difficultés, note-t-il. 

Pour tenter l’expérience, suggérer des itinéraires, donner des conseils avant le départ, aider à l’aménagement de son camion, la littérature consacrée au voyage en van fait par ailleurs florès. Outre le nouvel ouvrage du guide Michelin, sans être exhaustif, les éditions Eyrolles ont publié en juillet « Vanlife en famille osez la liberté ! » de Magali Selvi, quand les éditions The road tripper réimpriment actuellement leur guide « Vanlife en France ». 

Des voyages ouverts à tous les publics 

Flexibilité, liberté mais aussi simplicité et maniabilité… Loin d’être aujourd’hui réservé aux baroudeurs solitaires experts en mécanique, grâce à des véhicules faciles à manœuvrer, fiables et simples d’utilisation, le voyage en van s’ouvre à tous les publics : des jeunes aux retraités en passant par les familles. « Il y a un engouement des familles pour ce type de séjours qui est en train de naître », constate ainsi Laurent et Florent des Coflocs. « Tout le monde peut pratiquer. Il y a de plus en plus de retraités qui partent également en van ». Un avis partagé par Augustin de Wevan : « avant, ceux qui partaient en van était des gens à l’esprit baroudeur. Aujourd’hui, le public est beaucoup plus varié. Ça devient un mode de vacances de Monsieur et Madame tout le monde. Et puis socialement c’est accepté. L’image du van a changé ». 

Des vacances de plus en plus tendance 

Le voyage en van s’est en effet refait une image. Cool, trendy, dans l’air du temps, il a la cote. « Avant 2010-2015, la vanlife était réservée aux camping-caristes avec l’image qui va avec », explique les Coflocs. Une perception parfois ringarde devenue ces dernières années résolument tendance avec notamment l’arrivée « des digitals nomades ». « Aujourd’hui, il y a une image positive, avec notre van nous sommes bien vus, même dans Paris. Les hommes, les femmes, les enfants sourient, c’est un vecteur de sympathie », constate le duo de blogueurs chefs d’entreprise. Des voyages qui sont aujourd’hui largement relayés sur les réseaux sociaux. 1,6 million de posts utilisent le #vanlife sur les réseaux sociaux, souligne ainsi Philippe Orain, directeur international des guides de voyage Michelin.

Retrouvez toute l'actualité Tourisme ICI 
Ailleurs sur le web