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Jean Dujardin, l’espion qui aimait

Jean Dujardin dans "Möbius", le film d'Eric Rochant Jean Dujardin dans "Möbius", le film d'Eric Rochant[fabrizio maltese/ef images/efp]

Dans "Möbius", film d’espionnage signé Eric Rochant, Jean Dujardin cède aux sirènes de l’amour, quitte à tout mettre en péril.

 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de jouer dans "Möbius"?

Dès le début de la lecture, j’ai été intéressé par la singularité du projet. Arrivé à la page 20, ça me semblait déjà bien et j’ai eu envie de continuer. Puis, arrivé à la page 100, j’ai refermé le scénario et je l’ai relu. Je me suis dit que je n’avais pas tout compris mais que j’avais un sentiment favorable, qu’il y avait beaucoup d’ingrédients et en même temps, pas de frime. C’est souvent l’écueil de ce genre de film d’espionnage, qui prend parfois un peu la pose.

Le milieu confidentiel m’intéressait, mais aussi et surtout l’histoire d’amour. Cet homme qui s’autorise à tomber amoureux, à franchir la limite, comme un acte manqué.

Tout ceci a fait que j’ai eu envie de rencontrer le metteur en scène. Il m’a proposé de ne pas accepter tout de suite. Ce que j’ai trouvé très élégant. Et quand on s’est revu, j’ai dit oui.

 

Connaissiez-vous le cinéma d’Eric Rochant ?

Bien évidemment, je connaissais "Les Patriotes" et "Un monde sans pitié". Je n’ai pas tellement vu ses comédies.

 

Qu’est-ce que ce rôle a exigé de vous ?

Une préparation un peu physique et celle des dialogues en russe que j’ai appris phonétiquement. Ensuite, il s’agissait de se rendre disponible. Avec Cécile, on s’amuse à dire que c’est un duo à trois. Je ne voulais pas fabriquer l’espion. Ce qui m’intéressait, c’était l’homme. Pour ce rôle, il fallait accepter de déshabiller son jeu, d’enlever un peu de pudeur, d’avoir des sensations, de jouer avec certains tourments. Ca a rejoint ce que j’avais pu faire sur le film de Nicole Garcia, "Un balcon sur la mer".

 

Le film comporte des scènes d’amour suggestives… Une partie délicate du travail ?

Eric nous en a parlé très tôt. Il ne voulait pas faire une scène d’amour, il ne voulait pas d’une scène sur le corps. Il voulait tourner une scène sur le plaisir. Ce n’est pas pareil de filmer le plaisir et le corps. C’est vrai que ce n’est pas très agréable d’être filmé dans un lit, de montrer comment on le fait, qu’est-ce qui est à soi, qu’est-ce qui est au personnage… Ca peut être très impudique et gênant. Là, ce n’était pas le cas. C’était très chorégraphié, très précis. C’était surtout Cécile qui faisait le boulot dans cette scène. Moi, j’étais là pour l’aider. Je n’ai joué que la didascalie.

 

Vous n’aviez encore jamais tourné avec Cécile de France...

Non. Mais je sentais qu’on allait bien s’entendre. Elle travaille beaucoup avant le tournage, pour être très disponible pendant. C’est très ludique et très simple. Comme elle dit, elle est un bon petit soldat. Mais moi aussi, j’aime bien être bien préparé pour être détendu après. On était vraiment raccord avec Cécile.

Et puis quand je vois les images, je trouve que nos physiques correspondent bien. Il y a quelque chose d’assez évident. C’était important de soigner le couple.

 

Depuis la consécration avec "The Artist", quelque chose a-t-il changé dans les scénarios que vous recevez?

Pas vraiment. Mais c’est encore jeune de toute façon. Ca n’a qu’un an. Et puis je ne reçois pas des rivières de scénarios non plus... Il y a eu des choses américaines un peu con-con où je devais faire le méchant de service. Il y a aussi eu des choses très bien comme le film de Scorsese ou celui de Clooney. Ca, ça m’amuse. C’est très exotique.

Mais j’attends aussi de belles propositions françaises. Il y a des choses que je vais peut-être faire en septembre qui me permettraient de travailler sur une autre corde encore ; un genre de personnage que je n’ai pas encore fait, sur les limites, sur la psychiatrie. Je crois que j’ai envie de me faire peur un peu, de voir jusqu’où je peux aller. Je revoyais « Série noire » encore dernièrement. Ca fait peur ces sauts dans le vide...

 

Comment s’est passé le tournage avec Scorsese?

Ca a duré trois jours. J’ai joué un banquier suisse. Une scène avec DiCaprio. Deux jours à Brooklyn et une scène à Wall Street. C’était très simple, très marrant. Scorsese a été super, très élégant. Il m’a accueilli avec une bouteille de vin, m’a tout de suite mis à l’aise. On a fait une mise en place, un peu bougé le texte. Je me suis senti bizarrement très légitime et très bien. Les Américains vous mettent à l’aise. Ils cultivent beaucoup le plaisir. C’est vraiment leur truc.

Bizarrement, ce qu’on pouvait me reprocher il y a quelque temps ici, d’avoir trop d’expressivité, là-bas, c’est bien vu. Ils adorent ça.

 

Et le tournage sur le film de George Clooney?

Le tournage doit se passer en avril. Ca durera une vingtaine de jours. Il s’agit d’un film sur la Seconde Guerre mondiale. Il m’a envoyé un mail l’été dernier en me demandant si ça m’intéressait de participer à son film. J’ai accepté tout de suite. En fait, je me fais croire que je suis un acteur américain avec eux, alors que je suis quand même bien un acteur français. Je n’ai rien à faire là-bas. Mais ces expériences sont de beaux petits cadeaux.

 

Ce ne sont donc pas des expériences que vous allez essayer de cultiver?

Pas du tout. Ce n’est pas moi suis maître dans l’affaire. Ce sont eux. On ne décide pas d’avoir une carrière aux Etats-Unis, on a une carrière ou pas. Mais ça, on le sait quand on fait le bilan à la fin.

Après, on n’est pas obligé de suivre le parcours de Marion (Cotillard, ndlr). Marion a suivi ce parcours-là, et avec talent. Je n’ai pas ce fantasme-là. Je n’ai pas encore fait le tour en France. J’adore le cinéma français et je trouve qu’il se porte plutôt bien.

 

La bande-annonce de "Möbius" :

 

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