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Nicolas Winding Refn : «Je veux réaliser un nouveau film l'année prochaine»

Le réalisateur a reçu le Prix de la mise en scène pour «Drive» en 2011. [© LOIC VENANCE / AFP]

De retour hors-compétition avec la série «Too old to die young», disponible le 14 juin sur Amazon Video, le cinéaste danois Nicolas Winding Refn était, samedi, l'invité d'une masterclass. Morceaux choisis.

Sa série «Too old to die young» sur Amazon Video

«Après «Drive» (2011), l’évolution d’Internet a eu un impact profond sur le monde du cinéma. Je regarde très peu la télévision, mais je me suis intéressé aux vidéos sur YouTube. J’ai aussi observé mes enfants pour voir comment ils consommaient l’image. Avec «Too old to die young», j’ai réalisé un film en streaming, sans limite, et sans règle chronologique. Le temps est notre ennemi. Le streaming ne comporte pas de notion de durée, en dehors de ce que l’industrie impose. Je n’aurais jamais pu faire cela au cinéma. Pour la musique, j’ai demandé à Cliff Martinez (ex-membre du groupe de rock Red Hot Chili Peppers). Il fait partie de l’ADN de ce projet, tout comme l'acteur Miles Teller.»

Son processus de création

«Un film est une sorte de canevas gigantesque. Il faut sans cesse réinventer sa propre créativité. En effet, la créativité est un processus. C’est ce qui m’intéresse. Le résultat ? Un espace mort qui ne m’appartient plus. J’aime la spontanéité et l’imprévisibilité. Avec cette série, j’avais l’impression de peindre une énorme toile qui allait être découpée en morceaux qui seraient ensuite donnés aux spectateurs. J’ai imaginé un film que l’on peut voir de façon linéaire ou prendre dans le désordre, telle une odyssée artistique remplie d’émotion qui accompagne le spectateur à tout jamais. Je repensais le scénario chaque soir pour tourner en journée. Etant dyslexique, je dictais ce que je voulais. Sauf que pour «Too old to die young», le tournage a duré dix mois. Cela a bousillé mon cerveau et accaparé ma vie. Mais cela en devenait drôle. Il fallait aussi penser aux différents supports que le public utilise comme les smartphones.»

Son rapport aux nouvelles technologies

«J’aime le côté artificiel de l’iPhone. Aujourd’hui, tout le monde peut créer en prenant par exemple des vidéos. Il n’y a plus d’excuse. La réalité virtuelle est intéressante. Je n’y connais pas grand-chose, mais c’est une frontière qui m’intrigue.»

Sa thématique : sexe et violence

«Parler de sexe et de violence dans mes films est une manière d’éviter de parler de ce que je fais. Je crée, mais je n’aime pas en discuter. Je ne suis pas un homme politique.»

Son daltonisme

«J’ai découvert que j’étais daltonien à 24 ans. Mon ex-copine essayait une paire de chaussures dans un magasin quand elle m’a dit qu’elle préférait essayer une autre paire. Je ne comprenais pas car, pour moi, elles étaient toutes les deux noires. Je n’ai jamais vu les couleurs extrêmes. Le monde m’apparaît en noir et blanc. J’ai décidé de faire de cette faiblesse une force. Tourner un film en noir et blanc ? Il s’agit simplement de trouver le bon projet.»

Ses premiers souvenirs de cinéma

«J’ai découvert le cinéma à l’âge de 9 ans grâce à la télévision. Quand j’étais à Copenhague, il n’y avait qu’une seule chaîne. Mais en arrivant à New-York avec mes parents, j’ai compris que je pouvais changer de chaîne seulement en cliquant sur un bouton et ainsi passer en revue toute une palette d’émotion. J’ai adoré ce phénomène. A 14 ans, le cinéma m’a donc trouvé.»

Son envie de devenir réalisateur

«Plus jeune, j’étais en quête de reconnaissance. Je souhaitais simplement être connu, mais je ne savais comment faire pour y parvenir. Je suis dyslexique, daltonien, ne danse pas et n’ai que peu de compétences artistiques. Dans les années 1980, j’étais membre dans de nombreux clubs à New-York. J’ai pris conscience que je pouvais moi-même être un objet de création. Mon long-métrage «Bronson» (sorti en 2008, avec Tom Hardy) est devenue l’autobiographie de ma vie.»

Son conseil pour les apprentis cinéastes

«Il faut avant tout penser d’un point de vue commercial, trouver des financements. Le budget alloué leur permettra de réaliser le projet qu’il souhaite. L’argent ne fait pas le bonheur, mais offre la liberté de créer.»

Ses projets

«Je veux réaliser un nouveau film l’année prochaine. Sera-t-il présenté à Cannes ? Peut-être. J’ai le concept... et le titre : «I'm going to kill you».»

 

 

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