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Un très bon cru pour le nouvel album du Chat de Geluck

Années après années, la célèbre icône de papier s'est inscrite avec succès dans le paysage de la BD et de l'humour. Avec «La rumba du Chat», Philippe Geluck offre une vingt-deuxième déclinaison des trouvailles, bons mots et réflexions du gros félin aux 35 ans d'existence.

Et comme le bon vin qu'on l'imagine apprécier, plus le temps passe, et plus il se bonifie. Si les recueils récents savaient toujours humer l’air du temps et en tirer l’ironie par des remarques bien senties, il faut dire que celui-ci est particulièrement efficace, et on se demande une fois de plus en le refermant d’ou l’auteur tire-t-il son inspiration, après 14000 dessins publiés de l’imposant félin gris.

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« J'ai pu assister à l'exposition consacrée à Pierre Soulages au Louvre. Et je le voyais, à presque 100 ans, si alerte, toujours aussi créatif. Ca me fait évidemment craindre l’album de trop, serais-je de mon côté capable de garder la même envie, la même implication et envie de renouvellement avec les années qui passent? » s'interroge pourtant - à tort à la lecture de cet album- Philippe Geluck.

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Mais l’actualité, bien sûr, comme lorsqu’il évoque les religions, l’environnement ou le harcèlement sexuel, tout autant que son coup d’oeuil, véritable radar à absurdité du quotidien, devraient le garder de toute redite, même si les thèmes abordés tournent toujours autour des grandes préoccupations de l'auteur belge : « Ca n'est pas un livre de dessins d'actualité, même si les Gilets jaunes, MeToo, le racisme ou l'écologie sont incontournables».

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L’intérêt de l’album tient aussi au jeu de Geluck sur la forme même de ce qu’est un album de «strip», jouant sur les cases ou leur absence, les mises en abimes, ou encore le détournement -sans doute le plus hilarant- de vieilles gravures auxquelles il ajoute ses propres textes. Un procédé qu’il utilise désormais depuis plus de 30 ans, mais qui a fait école avec succès chez d’autres auteurs depuis quelques années. «Mon travail n'a pas bougé d'un iota» précise ce collaborateur de Siné mensuel.

«L'humour, selon moi, reste une proposition de dialogue. On peut et doit rire de tout. Si ce n'est pas la règle, on ne peut en fait plus rire de rien». Si cet album est plus drôle, c'est aussi qu'il manie une forme d'urgence, de sauvegarde, de mise en garde, parfois désabusée, cynique ou ironique, sur notre époque et ce qu'elle contient en germe. «Une règle a tout changé, c'est Internet, qui a finalement accouché d'un système censeur, même si l'on doit faire avec. La démocratie est en danger, donc l'humour aussi. Il faut continuer à faire de la pédagogie, surtout pour les générations à venir» préviens-t-il.

Bientôt un musée pour le chat

Si la sortie de cet album n’est pas une surprise-l’auteur le fait à cette période depuis des années avec la régularité d’un métronome-l’année 2020 pourrait être celle de la consécration pour l’animal de papier, qui prendra corps sour forme d’imposantes statues de bronze. De début avril à mi-juin 2020, Vingt Chats monumentaux de 3 mètres, que n’auraient pas renié Botero, seront en effet exposés sur les Champs-Elysées.

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Les statues seront exposées dans les grandes villes francophones, comme à Paris dès avril 2020. (© P.GELUCK/STUDIO FiftyFifty ).

Dans des postures dont il a le secret, il s’offrira ainsi au regard des touristes du monde entier-la Chine aurait fait part  de son intérêt-avant d’enclencher la tournée du «Chat déambule», qui le mènera, entre autres, villes, à Bordeaux, Caen, Lille, Marseille, Genève,... puis dans son pays natal, à Liège, avant de se poser à Bruxelles en 2023, pour l’inauguration du Musée du Chat et du dessin d’humour. LE grand projet de Geluck, que la vente des statues servira à financer. Situé à côté du musée des Beaux-arts bruxellois, il devrait devenir, selon les voeux de son créateur, « un temple pour préserver le second degré en péril, qui est pourtant la forme la plus évoluée de la pensée». 

«La Rumba du Chat», de Philippe Geluck, ed. Casterman, 48 p., 11,95€.

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