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Pierre Genisson rend hommage au géant Benny Goodman dans un sublime album

Le clarinettiste français Pierre Genisson sera en concert à la Seine Musicale le 7 mars prochain. Le clarinettiste français Pierre Genisson sera en concert à la Seine Musicale le 7 mars prochain. [© Emma Pick]

Un pont entre les styles. En signant sur le label Aparté un album hommage au clarinettiste de jazz américain Benny Goodman, à travers les oeuvres marquantes qu'il a pu interprêter, le français Pierre Genisson, lui-même adepte de l'instrument à vent, offre un disque réjouissant, équilibré et entraînant.

Après de nombreuses collaborations avec les formations les plus prestigieuses, et deux albums consacrés au répertoire classique, le multi-primé -dans les concours internationaux comme pour ses disques- Pierre Genisson s'offre une virée symphonique à rebours du chemin musical de la légende américaine, venue du jazz avant de devenir brillant interprête pour la musique «savante». 

Une belle manière d'ailleurs de tordre le cou à cette distinction, de moins en moins pertinente au fil des décennies d'un XXeme siècle, qui a vu les barrières entre les styles disparaitre une à une. La liste des morceaux choisis pour ce disque en est le meilleur témoin. Bâti autour de trois oeuvres d'après guerre imaginées par des compositeurs considérés comme classiques, il alterne entre ces morceaux avec de purs standards de jazz, véritables machines à swing, qui mettent en exergue autant le talent du français pour l'éclectisme, que le savoir-faire de Benny Goodman (1909-1986).

Ce dernier, le bien surnommé «Mr Swing», fils d'immigré russe sans le sou, salué pour la vivacité de son jeu, a eu l'honneur d'être le bénéficiaire, ou l'inspirateur, de ces trois bijoux. Il commanda ainsi directement à Aaron Copland son «Concerto pour clarinette» de 1949, aux étonnants effets de percussions pour coller à une sonorité «jazz».

C'est lui qui donna en 1955 la première interprétation du «Prélude, Fugue and Riffs» de Leonard Bernstein (1949), sous sa direction, morceau qui illustre sans doute le mieux sur cet album le parfait mariage entre jazz, blues et structure classique. Dernière pépite du «grand répertoire» de cet album, l'étonnant «Ebony Concerto» (1945) d'Igor Stravinsky, où l'on retrouve tout ce qui fait la marque rythmique du compositeur russe, tout en découvrant une oeuvre à nulle autre pareille chez lui. Aux côtés de ces trois bijoux, gravitent certains des plus grands standards de jazz, popularisés entre autre par le pur autodidacte Benny Goodman. Comme le très chantant «Sing, Sing, Sing» de Louis Prima, qu'il interprèta pendant vingt minutes lors du mythique concert de 1938 à Carnegie Hall.

Temple de la musique classique, il devint pour l'occasion le plus beau parterre de musiciens de jazz de l'époque, illustrant la volonté farouche des artistes de l'époque de briser les frontières entre genres musicaux. «Chicago» de Fred Fischer, ou encore le délicieux «Sweet Lorraine» de Cliff Burwell complètent, entre autres, cet album caméléon et revigorant.

Pierre Genisson aura l'occasion de suivre un peu plus la démarche de Benny Goodman sur scène, le 7 mars prochain à la Scène Musicale (92), ou il tentera, comme son illustre prédécesseur clarinettiste, de mêler les publics, bien acompagné en cela par l'orchestre de la BBC, dirigé par Keith Lockhart.

«Swing, A Benny Goodman story» (label Aparté), Pierre Genisson (clarinette), BBC Concert Orchestra, dir. Keith Lockhart. En concert le 7 mars, Seine Musicale, Boulogne-Billancourt (92). 

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