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Jean-Marc Dumontet, directeur de théâtres parisiens, sur le coronavirus : «Tout va dépendre de l'attitude du public»

Directeur de six théâtres à Paris dont Bobino, Le Point-Virgule, Le Grand Point Virgule, le théâtre Antoine, le Théâtre Libre, Jean-Marc Dumontet fait le point sur l'impact du Coronavirus dans la fréquentation des salles parisiennes. [STEPHANE DE SAKUTIN / AFP]

Alors que l’épidémie de Coronavirus se déploie en France avec plus de 1 412 cas confirmés, le ministère de la Santé a, depuis dimanche 8 mars, interdit les rassemblements de plus de 1000 personnes. Une annonce qui fait craindre une baisse de fréquentation des salles de spectacle déjà malmenées par les récentes grèves dans les transports.

Jean-Marc Dumontet, producteur et directeur de six salles parisiennes, fait le point sur la situation, entre fréquentation et conséquences économiques sur le secteur de l’art vivant. 

Avez-vous constaté une baisse de fréquentation des salles de spectacle depuis l’accélération de l’épidémie ? 

Hélas oui. Quand il y a une incertitude, les gens arrêtent de se projeter dans l’avenir et donc de réserver des places. Et puis, je constate qu’il y a également une incertitude sur le fait que les spectacles se jouent. Les gens nous appellent. Je passe mon temps à dire que, toutes les salles de spectacle et de cinéma, inferieures à 1000 places, jouent toutes. Je crois que le vrai message à passer c’est, d’une part, que les théâtres jouent leurs spectacles et qu’il ne faut pas céder à la psychose. Il ne faut pas qu’il y ait une crise économique beaucoup plus forte qu’une crise sanitaire, et on en prend un peu le chemin. Il est compliqué d’avoir des chiffres théâtre par théâtre, mais la baisse est significative. Elle est de plus de 20 %  pour tous les théâtres. 

Alors que le ministère de la Santé avait déjà suspendu les rassemblements de 5000 personnes, comment voyez-vous cette nouvelle disposition qui interdit la réunion de plus de 1000 personnes ?  

Ce n’est pas une bonne nouvelle du tout. C’est un signal supplémentaire qui va continuer à créer de la confusion.  Maintenant, je ne suis pas épidémiologiste. Je ne suis pas capable de mesurer la pertinence de cette mesure, donc je l’accueille comme un citoyen qui se doit d’être responsable, mais ce n’est pas réjouissant. 

Les salles de spectacle ont-elles pris des mesures particulières en terme d’hygiène ou de régulation de flux? 

Nous avions commencé à distribuer du gel hydro alcoolique. Puis nous avons été confrontés aux ruptures de stock. Ceci dit, on sait aujourd’hui que se laver les mains est aussi efficace que les gels hydro alcoolique, donc nous sommes dans cette logique. D’ailleurs, nous constatons qu’avant les spectacles, les gens vont beaucoup plus se laver les mains. La gestion des flux est quant à elle compliquée. Globalement, les spectateurs arrivent tous en même temps et nous n’avons pas de lieux adaptés pour les confiner. Mais dans l’ensemble ceux qui viennent au théâtre, n’ont pas d’appréhension. Ceux qui sont inquiets ne réservent pas. Et puis ce n’est pas parce qu’il y aurait une personne de contaminée dans une salle, que les 500 personnes présentes vont sortir contaminées. Si les gens ont utilisé les mesures barrières dont on parle, ne pas se serrer la main, se laver les mains régulièrement, ça ralentit beaucoup le processus. 

Faut-il envisager un assouplissement de la politique de remboursement des billets ? 

Dans notre politique de remboursement, quand quelqu’un décide de ne pas venir alors qu’il a réservé sa place, nous ne le remboursons pas. Dans la mesure où je ne veux pas entretenir la psychose, tant qu’on nous dit que l’on peut jouer, il faut que le public vienne. Après si les gens ont peur, c’est un choix d’avoir peur. Le spectateur qui refuse pour des motifs personnels de venir, c’est son choix. Et s'il fait un choix, il l’assume. Ceci dit, si tout à coup on nous interdisait de jouer, les spectateurs seraient remboursés. 

Quel pourrait être l’impact économique sur le secteur ? 

Avec cette crise sanitaire, les difficultés économiques pointent très fortement. Tout va dépendre de l’attitude du public. Soit dans une semaine, ils se rendent compte qu’effectivement c’est très contagieux mais que, malgré tout ce n’est pas un virus Ebola et que les gens se rétablissent, et ils reprennent une vie normale ; soit, au contraire, on s’enferme dans une forme de panique. Auquel cas, cela peut être très grave en terme économique. On a déjà eu une période difficile et un fléchissement de la fréquentation avec les grèves, et ce bien que le public avait trouvé des parades pour se déplacer et pour continuer à voir des spectacles, mais là, c’est plus profond et plus grave, parce que tout s’arrête. 

Tous les spectacles sont-ils logés à la même enseigne ?

Chaque spectacle a sa logique. Les spectacles qui marchent fort, marchent un peu moins bien. Mais ce n’est pas très grave. En revanche, pour ceux qui sont en phase de démarrage, c’est plombé. 

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