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«Une ode américaine» : que vaut le nouveau film de Ron Howard ?

Glenn Close (à g.) et Amy Adams sont à l'affiche de ce drame familial. [© Lacey Terrell/NETFLIX]

Après l’échec de «Solo : A Star Wars Story», Ron Howard revient avec le drame «Une ode américaine», disponible dès ce mardi 24 novembre sur Netflix. Une plongée au cœur d’une famille dysfonctionnelle, adaptée de l’autobiographie de J.D. Vance, «Hillbilly Elégie», parue en 2016.

Cet ouvrage rencontra un immense succès lors de sa sortie en librairie, alors même que Donald Trump s'apprêtait à devenir le 45e président des Etats-Unis. Au fil des pages, on y découvrait un jeune homme originaire des Appalaches, entre le Kentucky et l'Ohio, qui vivait son rêve américain de l'intérieur malgré un père absent et une mère dépendante aux opioïdes (l’une des principales causes de mortalité outre-Atlantique). C'est cette ascension sociale que Ron Howard a choisi de porter à l'écran.

Alors étudiant à la prestigieuse université de Yale après un passage chez les Marines, et voué à une brillante carrière d'avocat, J.D. Vance (Gabriel Basso) se retrouve face aux fantômes de son enfance et à cette Amérique qu'il a quittée sans forcément la volonté de l'abandonner totalement. La veille de passer un entretien important pour décrocher un stage d'été, il est appelé par sa sœur, et est obligé de rentrer chez lui en catastrophe. Leur maman Bev, infirmière au chômage sans couverture sociale, vient de faire une overdose. Et J.D. doit lui trouver au plus vite une place dans un centre de désintox. C'est dans cette région délaissée, dont il garde des souvenirs plus ou moins douloureux, que ce petit-fils repense à sa grand-mère «Mamaw». Cette femme victime de violences conjugales, qui s'est toujours battue pour l'élever comme «un bon Terminator», lui répétant avec force que «la famille est la chose la plus importante dans cette foutue vie».

Une fresque familiale au détriment d’un message politique

Dans ce long-métrage qui tend vers le mélodrame, le réalisateur de «Portrait craché d’une famille modèle», «Apollo 13» et «Un homme d’exception» se concentre surtout sur la psychologie des personnages, sur les liens qui unissent ces trois générations, et sur ce jeune homme qui viendra briser la malédiction familiale en accédant à de hautes fonctions. Mais au grand dam de certains, Ron Howard ne fait qu’évoquer la dimension sociale que dépeignait le jeune conservateur dans ses mémoires. Quelques plans sur les mines de charbon rappelleront tout de même aux spectateurs qu’à une époque ces hillbillies, ces rednecks, ces blancs qualifiés parfois de «ploucs racistes» à bord de leurs pick-up, y ont travaillé avant d’être frappés de plein fouet par la crise et de choisir comme «sauveur» le candidat républicain, Donald Trump.

Aux Etats-Unis, «Une ode américaine» a essuyé de mauvaises critiques, comme celle du Los Angeles Times qui estime que le film est «dénué de toute fonction politique significative», et ressemble à «un clip pour les Oscars à la recherche d’une ambition plus large». Des attaques qui interviennent alors que le démocrate Joe Biden – que Ron Howard a soutenu pendant la campagne – vient d’être élu dans une Amérique plus que jamais divisée, fragilisée, fracturée. «Je trouve cette histoire inspirante mais c’est aussi un conte moral. Et j’espère que, par son honnêteté, (elle) pourra établir des ponts entre les deux camps», a précisé l’interprète de Richie dans la série «Happy Days» au magazine français Cinéma Teaser.

Deux actrices au jeu convaincant

Vous l’aurez compris, «Une ode américaine» et ses multiples flashbacks est avant tout une chronique familiale qui traite de l’importance des racines et de la difficulté à trouver sa place dans un milieu huppé quand on est issu de la classe ouvrière. Pour donner vie à ce récit poignant et à ce duel entre femmes, Ron Howard a fait appel à deux actrices remarquables qui démontrent – encore une fois – l’étendue de leur talent.

Totalement méconnaissable avec sa perruque et ses grosses lunettes, Glenn Close, qui dégaine les cigarettes aussi vite que les critiques, fait figure de colonne vertébrale. Une femme à la fois dure et attachante grâce à qui la famille tient encore debout. Face à elle, Amy Adams incarne une mère au bord de la folie, bouffie par l’alcool et les médicaments, et capable du meilleur comme du pire avec ses enfants. La comédienne de 46 ans y est tout aussi bluffante que dans la série «Sharp Objects», réalisée par Jean-Marc Vallée, où elle incarnait une journaliste fragile et à la dérive qui tentait de se remettre sur les rails après un séjour à l’hôpital psychiatrique.

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