L'association du réalisateur des «Misérables» Ladj Ly, qui chapeaute son école de cinéma gratuite en Seine-Saint-Denis, est visée par une enquête préliminaire pour abus de confiance et blanchiment. Le montant des dépenses litigieuses serait de 200.000 euros.
Dans le cadre de cette procédure ouverte en février 2020, une perquisition s'est déroulée jeudi dernier dans les locaux de La Cité des Arts Visuels à Montfermeil, a précisé le parquet de Bobigny.
«On ne sait pas ce qui nous est reproché. Et pour le moment le parquet n'a pas jugé bon de nous entendre», a déclaré Julia Minkowski, l'avocate du cinéaste de 43 ans, qui se défend de toute malversation.
Membre du collectif artistique Kourtrajmé, Ladj Ly a accédé à la notoriété internationale en 2019 avec son film coup de poing «Les Misérables». Multi-récompensé, encensé par la critique, ce tableau sombre des banlieues a fait le tour de la planète et suscité l'engouement du milieu du 7e art pour le travail du réalisateur.
Une école créée en 2018 à Montfermeil
L'école Kourtrajmé, créée en 2018 dans la banlieue où il a grandi et débuté, Montfermeil, offre une formation gratuite et sans condition d'âge ni de diplôme en cinéma ou en art de l'image.
Selon sa représentante, le réalisateur n'a eu vent de l'enquête que fin décembre, lorsque des partenaires financiers de l'école ont reçu des requêtes de la police. «Cette investigation met en péril les projets et partenariats de l'association», a-t-elle déploré.
Le jeune établissement compte déjà nombre de collaborateurs et partenaires prestigieux. Sa section consacrée à l'art et l'image est ainsi pilotée par l'artiste JR, lui aussi membre de Kourtrajmé, tandis la comédienne Ludivine Sagnier dirige la formation des apprentis acteurs.
La plate-forme américaine Netflix a signé fin 2020 un partenariat de trois ans avec l'école de Ladj Ly et lui a apporté des financements pour «promouvoir une nouvelle génération de talents dans la création cinématographique et audiovisuelle».