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«Kaamelott - Premier volet» : le retour au pas de course du roi Arthur

Le long-métrage de et avec Alexandre Astier sortira ce mercredi 21 juillet au cinéma. [© SND]

Alexandre Astier va enfin dévoiler, dès ce mardi soir pour les avant-premières, la suite de sa série «Kaamelott», sur grand écran, avec la sortie de «Kaamelott - Premier volet», lancement d'une trilogie qui embarquera les spectateurs jusqu'au bout de la légende arthurienne.

Un travail au long court qui aura nécessité plus de dix ans de patience entre la fin du programme diffusé sur M6 et son prolongement au cinéma. Et pourtant, grâce à la vivacité et l'imagination d'une imposante communauté de fans inconditionnels, bien aidés par la rediffusion à la télé, sans interruption et toujours avec autant de succès (on parle de 40 millions de personnes ayant regardé la série en 2020 et 2021), des six saisons jusqu'alors disponibles, le succès semble déjà garanti.

Pour preuve, le record de préventes (plus de 130.000) pour les avant-premières du film, en France, en Belgique, en Suisse, au Canada, et même... dans l'espace, puisque Thomas Pesquet aura l'honneur de le voir dans sa Station Spatiale.

Pour Alexandre Astier, les défis étaient à la hauteur de cette attente. Comment concilier un humour à base de répliques qui fusent, adaptées au format de trois minutes des débuts, avec deux ou trois protagonistes à l'écran, dans des plans serrés,  tout en gardant le ton beaucoup plus dramatique des dernières saisons et leur format plus long, le tout sur grand écran, avec la promesse d'un grand film d'aventure comme on peut s'y attendre dès qu'il s'agit de raconter l'histoire du Roi Arthur et de la quête du Graal ? Surtout, comment ne pas abandonner en chemin les spectateurs qui découvriraient pour la première fois cet univers, et ses innombrables personnages, liés les uns aux autres par des centaines d'épisodes ?

Pour rappel, on avait laissé le roi Arthur dépressif, rescapé d'une tentative de suicide, qui avait dû fuir le royaume de Bretagne, direction Rome, après avoir laissé à la surprise de tous, les rênes du pouvoir au despotique Lancelot, bien décidé à éradiquer de la surface du royaume de Logres tous ceux qui soutenaient encore leur roi déchu. Quitte à faire appel aux mercenaires saxons pour les débusquer.

Après avoir eu la chance de découvrir le film en avant-première, les impressions laissées sont multiples. En voici, sans divulguer l'intrigue, les principales.

Une connexion immédiate avec la série...

A peine l'écran noir en place, les dix années d'attentes s'effacent comme par magie, par l'entremise de cette désormais incontournable triple sonnerie de cor, véritable signature sonore de «Kaamelott», autant que les répliques devenues cultes. Les nouveaux venus Clovis Cornillac et Guillaume Gallienne, premiers «guests» à faire leur apparition, semblent avoir été là de tout temps, alors qu'ils discutent avec le marchand Venec (Loïc Varraut), un «régulier» de «Kaamelott» depuis longtemps. Le décalage entre les dialogues toujours aussi savoureux et l'action fonctionne à merveille, et la beauté des plans, la respiration offerte par les décors naturels nous prouvent tout le potentiel et le bien fondé d'avoir transposé «Kaamelott» sur grand écran. On a ainsi parfois l'impression de se retrouver au côté du jeune Luke Skywalker - les références à la saga «Star Wars» sont nombreuses et revendiquées - seul face aux soleils couchants de Tatooine.

De la même manière, les clairs obscurs et les tons violacés de l'Europe du nord participent à la compréhension du récit, en portant le spectateur sans qu'une explication de texte soit nécessaire. Effets spéciaux, décors, costumes (le César leur est promis !), reconstitutions de scènes de batailles imposantes (à l'image de l'étonnant ballet d'engins de siège à rendre jaloux Leodagan de Carmélide, alias Lionel Astier)… Les 14 millions d’euros de budget du films ne sont pas passés à la trappe.

Sans oublier, bien sûr, une bande-son, composée par Alexandre Astier, qui rappelle avec bonheur autant la grandiloquence d'un John Williams que le rythme d'un Michel Polnareff dans «La Folie des Grandeurs».

Sans brusquer le spectateur, néophyte ou fan de la première heure, tous les ingrédients qui ont fait le sel de «Kaamelott», la puissance évocatrice du cinéma en plus, se déploient dans une savante alchimie qui confirme les talents de conteurs d'Astier. Quel bonheur de retrouver le Roi Arthur en balade avec le diplomate Duc d'Aquitaine, campé par un génial Alain Chabat, dont le plaisir de reprendre ce rôle saute aux yeux, tout comme on rit à nouveau aux perles lâchées par les résistants Perceval et Caradoc, qui semblent n'avoir jamais quittés leurs costumes. Le jurisconsulte (Christian Clavier), Dagonnet (Antoine de Caunes), La Dame du Lac (Audrey Fleurot), Merlin (Jacques Chambon)… le plaisir reste intact de voir à nouveau défiler cette imposante galerie de personnages. Une décennie est passée, autant dans le récit que dans la réalité, et une pointe d'agréable nostalgie parcourt le film.

... Mais tant de choses à dire !

Néanmoins ce que les six saisons avaient offert à Astier pour dérouler son histoire, doit cette fois tenir en deux heures. Difficile alors d'offrir une place de choix à chaque rôle. D'autant que ce premier épisode de la trilogie a surtout pour but de faire avancer le récit de la légende arthurienne, et même à la sauce Astier, certains passages obligés doivent y figurer.

Une sensation d'emballement s'empare alors du film, dont le cahier des charges – faire rire comme dans les premières saisons, apporter le drame nécessaire à un film d'aventure, résoudre les multiples arcs narratifs – apparaît d'un coup presque insurmontable. On fait alors le choix d'abandonner l'envie de tout comprendre et de connecter les rôles entre eux (l'arrivée de nouveaux personnages, logique puisqu'il ne s'agit pas d'un best of mais bien d'une suite, achève de complexifier l'ensemble).

On se rappelle alors certaines astuces qui facilitaient la compréhension de certains films, comme «Indiana Jones» – une référence revendiquée par le réalisateur – et ses trajets autour du globe symbolisés en pointillés sur des cartes du monde. Pour le nouveau venu dans l'univers de «Kaamelott», difficile en effet de se repérer entre les différents royaumes qu'on visite à grande vitesse.

Cette frénésie d'actions, d'aventures annexes – qui pour un fan ont toutes leur importance – retirent parfois un peu du plaisir à retrouver les héros dans des moments clés qui auraient peut-être mérités une grandiloquence digne d'une comédie d'aventure d'envergure, sur ce fameux grand écran de cinéma. Comme si Alexandre Astier avait voulu préserver un difficile équilibre pour son film, ni une comédie, ni un drame. 

Un film à revoir, comme on se replonge avec plaisir dans la série

Sorti de la salle, on retrouve alors la sensation – et c'est de bonne augure – que l'on pouvait ressentir après avoir regardé les épisodes de la série. Celle d'avoir immédiatement envie de revoir le film, pour mieux en saisir toutes les subtilités. Celle, aussi, d'avoir sans doute assisté à la première tentative – réussie dans l'ensemble, les attentes étaient simplement immenses après dix années de patience – de mêler la comédie d'aventure à la française et la culture geek aux multiples références.

On se dit alors qu'à l'image des différentes sagas populaires – «Star Wars» ou «Indiana Jones» en tête – c'est à la fin de la trilogie qu'il faudra juger de l'ensemble, et que chaque spectateur a son propre épisode favori pour des raisons qui lui sont propres.

Et de même que celui ou celle qui n'aurait jamais vu les premiers «Star Wars» passerait forcément à côté d'une foule d'infos devant les derniers épisodes, le nouveau venu dans cet univers saura tout de même y trouver son compte. Entre la distribution pharaonique qui semble s'épanouir dans chacun des rôles, et la promesse offerte en toute fin de film (dans une scène qui, elle, vaut tous les cliffhangers hollywoodiens), Alexandre Astier a en tout cas réussi à susciter une fois de plus l'attente et l'impatience avant la sortie du deuxième volet.

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