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Kids Return : «Le succès donne la liberté de pouvoir continuer»

Le duo composé de Clément Savoye et Adrien Rozé sera en concert le 14 mars prochain. © Ella Hermé

En seulement quatre titres, Kids Return, le duo composé de Clément Savoye et Adrien Rozé, a réussi à séduire l’industrie musicale. Rencontre avec le duo qui sort son premier album «Forever Melodies» ce vendredi 7 octobre.

La pop vous berce depuis votre enfance ? 

Adrien : A vrai dire j’ai plutôt été bercé par le cinéma. C'est la musique de film qui m'a touchée en premier. Mon père regardait beaucoup de westerns. Avec mon frère, on a très vite découvert Sergio Leone. Avec ma grand-mère, plutôt les vieux films français comme «La Chèvre», avec toutes les musiques de Vladimir Cosma. Et c'est encore cette musique qui m'inspire aujourd'hui.

Clément : Mes parents écoutaient plutôt du jazz, et c'est mon oncle qui m'a fait écouter des artistes plus anciens, comme les Beatles. Mais c'est surtout ma baby-sitter qui me faisait des compilations de groupes de rock. Elle m'a fait découvrir les Strokes, les Arctic Monkeys... Je lui dois énormement ! 

Vous avez toujours eu envie de faire de la musique votre métier ? 

Adrien : Ouais ! On a voulu faire de la musique avant même de savoir en faire. 

Clément : Même aujourd'hui c'est encore comme ça, on a toujours des idées, des objectifs et des rêves, et avant même que ça soit possible techniquement, on se dit qu'on va le faire, ça nous pousse à apprendre. Quand on a commencé le groupe, je ne savais pas faire de piano et aujourd'hui, je fais les synthés sur scène. On a eu d'autres groupes avant mais on sent que c'est avec Kids Return qu'il peut se passer quelque chose. 

Ça donnait quoi vos premiers groupes ? 

Clement : C’était au collège, j’avais un groupe et Adrien un autre, mais on faisait des concerts ensembles dans les bars. Même très jeunes, à 13 ou 14 ans. J'ai continué ce groupe très longtemps, Adrien a arrêté pour ses études mais il est revenu car ça lui manquait trop. Puis j'ai commencé à produire des artistes, j'avais même monté une sorte de mini-label. On a toujours été connectés à ce milieu, mais c'est la première fois qu'on fait un projet à deux à ce niveau. 

Le projet Kids Return est né au moment du confinement, quel a été l’élément déclencheur ? 

Clément : Avec mon ancien groupe, on était partis aux Etats-Unis, mais avec la pandémie on est restés littéralement quatre jours à la place d'un mois ou deux, l'autre moitié du groupe n'avait même pas eu le temps d'arriver… Puis, on s'est confinés avec Adrien et un autre ami, on avait trop peur de transmettre le virus à nos familles. On a essayé de finir l'album du précédent groupe à distance mais on ne s'entendait plus artistiquement parlant.

Adrien : On a composé pendant un an non-stop, et notre premier morceau est sorti il y a un an pile. C'est un peu une histoire de printemps (rires). Surtout, on a trouvé le nom à ce moment-là, ça a marqué un début. 

Il vient du film de Takeshi Kitano, c’est ça ? 

Clément : Absolument. Adrien m'a proposé de le regarder car il avait déjà vu des films de ce réalisateur, et il y a une évidence. C'est l'histoire de deux meilleurs potes qui prennent des chemins différents mais qui se retrouvent à la fin. Il y avait aussi quelque chose avec le vélo, le mouvement, l'adolescence. Plus on avance et plus je réalise à quel point ce groupe a déterminé l'ADN de notre musique. Le lendemain on se réveille, et… 

Adrien : Si tu devais le mettre en scène pour un film, on se dirait que la scène est fake (rires). Clément était sur le canapé, il y avait un rayon de soleil dans le salon, et là il se tourne et il me dit «Attends Adri, viens on fait un groupe et il s’appelle Kids Returns», là je me retourne, je lâche le piano au ralenti, et je dis «Oh putain» (rires). Comme si t'ouvrais une sorte de coffre secret avec une lumière qui sort ! 

Clément : Parfois tu as des envies mais tu ne les fais pas car ce n'est pas concret, et dès que tu mets un nom, tes fantasmes deviennent de plus en plus possibles et réels. 

Vous vous attendiez à un tel succès ? 

Clément : Ce qui est très drôle c'est que les gens nous posent cette question mais on ne ressent pas du tout ce succès. On ne s’est jamais autant sentis au début d'une aventure. Il y a juste des gens qui aiment la sincérité qu'on met dans notre musique, qui captent le côté où on ne fait pas de la musique pour faire genre, on ne fait aucune concession. Tout en étant une musique pop accessible. On tourne beaucoup, on rencontre de plus en plus de gens, mais quand on marche dans la rue, on est encore tranquilles (rires). 

Et si un jour le buzz arrive, ça vous fait peur ? 

Clément : On ferait encore plus de choses. Ce qui est cool c'est que tu peux faire des concerts pour plein de gens et que tu as plus de moyens pour faire les disques que tu veux. Tu te poses moins de questions pratiques, ça rajoute de l'intensité. 

Adrien : Le succès donne la liberté de pouvoir continuer à faire ce qui te rend heureux. Et ce qui nous rend heureux c'est de pouvoir créer, tourner avec notre équipe, aller dans des pays de plus en plus fous... Et de faire ça longtemps ! 

Clément : Quand on sort de concerts, les gens nous remercient. Je pense que pendant longtemps, on a manqué de musique juste organique en France. Le pays a toujours été fort en culture mais pendant un moment, on a un peu tourné en rond. 

Vous faites de plus en plus de concerts, vous avez quel rapport au live ? 

Clément : On se rend compte de la chance que c'est d'avoir nos années rythmées par les concerts. On adore composer et produire c'est notre passion, mais on adore aussi partir foutre le feu en tournée. Après quand tu es en studio tu veux être en tournée, et quand tu es en tournée tu veux être en studio, c'est ça qui est cool.

L'idée de chanter en français ne vous tente pas ? 

Clément : On aime trop la musique des Etats-Unis. On a envie de tourner là-bas, mais en même temps on n'écrit pas notre musique comme des anglophones. De la même façon que quand Air écrivait ses morceaux, on voit très bien que ce sont des Français qui écrivent en anglais. Je trouve ça plus simple d'écrire en anglais en fait.

Adrien : Et puis c'est intéressant l'approche de Français sur la langue anglaise. Ça crée une espèce de mélange entre la pop anglo-saxonne et ce qu'on a d'un peu plus romantique. 

Ado, vous rêviez d'un groupe de gros rock, qu'est-ce qui a changé depuis ? 

Clément : Quand il y a eu l'album «Random Access Memories» de Daft Punk, comme plein de groupes en France, je crois qu'on a réalisé qu'il y avait autre chose à exploiter. Ça n'a pas été ma période préférée en termes de composition, mais ça a ouvert des portes.  

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