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Gwendoline, la pépite punk prometteuse et décadente

Le groupe de punk/new wave donne sa vision de Rennes ou encore de la notion d’engagement dans la musique © SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP

Après un album et un passage remarqué aux Transmusicales de Rennes, Gwendoline parcourt la France cet été. De passage au Biches Festival, le groupe de punk/new wave nous a parlé de sa vision de Rennes, ou encore de la notion d’engagement dans la musique.

Vous aviez sorti votre album il y a quatre ans, dans l’anonymat, avant qu’il ne ressorte cette année, qu’est-ce qui s’est passé ?

Pierre : L’album est sorti à l’été 2017, puis on est partis un peu chacun de notre côté. Le temps a passé, le confinement est arrivé et là un label espagnol nous a trouvés je ne sais pas comment et a décidé de distribuer l’album. Ensuite il y a eu notre résidence aux Transmusicales, grâce à notre ami Flo d’Astropolis, d’abord en captation France Télévisions pendant la pandémie, puis les «vraies» Transmusicales. C’est là où des tourneurs sont venus vers nous etc… Et nous voilà !

Le projet Gwendoline est né d’une blague, vous pouvez nous raconter ?

Pierre : On a commencé à faire de la musique ensemble il y a dix ans au moins, dans une optique de professionnalisation, on continuait nos études pour nos parents mais dans nos têtes on avait cette idée de la musique comme métier. J’en rêvais en tout cas. Sauf que ça n’a jamais marché, on a abandonné l’idée puis on a lancé Gwendoline, un projet pour nous, et soudainement ça a marché ! On fait ce qu'on aime et ce qui nous paraît vrai.

Il n’y a pas de moments où vous vous êtes dit que ça allait trop vite ?

Micka : Si, personnellement je me suis posé pas mal de questions à un moment. Je me disais «merde qu’est-ce qu’on fout». On partait du principe qu’on faisait juste un album, pas de concerts, et d’un coup on se demandait comment faire le plus beau live possible, c’était le jour et la nuit. Après on en a re-discuté et on s’est dit que finalement il fallait profiter, tant qu’on ne se prenait pas au sérieux.

Pierre : Finalement tout n’est que du bonus.

Si ça explosait un jour, comment vous réagiriez ?

Pierre : Je ne pense pas qu’on va se retrouver à faire 40 plateaux télé, pour ça il faut accepter le jeu. Il y a plusieurs accès je pense, celui de base où on a pu être intégrés en étant comme on est, ce qui est déjà inespéré. Mais le second niveau je pense qu’il faut tout accepter quitte à renier ses convictions, ce n’est pas nous.

Micka : Sauf si tu t’appelles Radiohead et que tu peux imposer tes convictions en étant connus, mais on a encore du chemin !

Vous étiez partis pour imiter les rappeurs auto tunés et vous êtes revenus à la cold wave, comment c’est arrivé ?

Micka : On voulait aller loin dans nos idées, on voulait même faire du karaoké géant sur scène ! Mais quand on a vu l’ampleur des lives on s’est dit qu’on allait revenir en arrière sur nos ambitions (rires).

 

En ce moment, il y a un vrai revival du post-punk.Pierre.


Pierre : Là, notre musique est audible mais si on l’avait fait il y a dix ans ou dans dix ans peut-être que ça n’aurait pas marché. Il y a cinq ans tout le monde s’en foutait du post-punk, là il y a un vrai revival. Il y avait eu ça avec le psyché aussi avant, ce sont des cycles. Les modes reviennent toujours.

Vous venez de Rennes, vous pensez que ça a influencé votre univers musical ?

Pierre : Non, nous justement c’était plutôt la démarche inverse. Dans notre tête c’était limite «'fuck' ce schéma où il faut faire de l’accompagnement, passer par les SMAC rennaises», etc… On n’a jamais réussi avec nos groupes d’avant, et maintenant on a été aux Transmusicales, c’est notre belle revanche sans amertume.

Je lisais dans une interview que vous ne feriez pas Gwendoline pendant 20 ans, vous êtes toujours du même avis ?

Micka : Ce n’était pas vraiment ça, on ne veut pas que ça s’arrête demain, on disait juste que si c’était le cas ça ne serait pas grave. Mais si ça continue vingt ans moi je suis content.

Pierre : Le succès actuel c’est juste une succession d’événements, c’est ça qui me permet de relativiser. C’est sûrement des choses que les gens voulaient entendre. Et puis on parle du quotidien, et ça traverse des générations, il y a beaucoup de cinquantenaires qui viennent et qui se retrouvent car finalement les années 1980 c’était pareil, il y avait cette crise de la jeunesse.

Micka : Et le bistrot, toujours le bistrot, c’est le plus fédérateur !

Pierre : On a accepté de parler de ça sans fard, d’être des loosers à un instant T. On évoque aussi le moment où nos amis ont commencé à réussir dans leur vie professionnelle, en amour etc… Et nous on n’a pas avancés. Je pense que ça parle, il y a de l’humilité.

Quelle part y-a-t-il de vécu dans vos titres ?

Pierre : Beaucoup ! C’est un projet proche de la réalité, il faut que ça soit sincère.

Micka : C’est un peu la photographie d’un moment. On grave ça dans la pierre, enfin dans l’ordinateur pour le coup (rires). On passait la soirée à capter des moments, et le lendemain on était devant l’ordi à hurler nos paroles pendant que mon coloc jouait à la console. D’ailleurs on entend parfois le bruit des touches dans l’album (rires). Quand il n’y a pas de barrière tu te lâches.

Vous n’aimez pas qualifier votre musique d’engagée, pourquoi ?

Pierre : Je pense qu’on l’est malgré tout. On n’est pas un groupe militant, après c’est forcément engagé. Même dans AUDI RTT, on dit quelque chose du centre-ville de Rennes, il y a un engagement. Pas à droite à gauche, mais c’est un état de fait. Mais on ne va pas dire «rejoignez-nous».

Micka : Après on ne dit pas «c’est bien c’est mal», est-ce qu’on peut dire que c’est engagé ? On ne dit pas quoi penser. Dans ce cas-là je ne comprends pas l’engagement.

 

Nous ne sommes pas un groupe militant, mais c'est forcément engagé. Pierre.


Pierre : En tout cas notre projet est clairement subjectif. C’est notre point de vue de la ville de Rennes, et d’une certaine catégorie de la ville.

Il y a un aspect quand même assez pessimiste sur cette génération, dans la vie de tous les jours vous avez cette même manière de penser ?

Pierre : Une facette je pense. On n’a pas vraiment foi dans l’avenir, on est bien no-future tous les deux dans notre manière de vivre. On n’a pas de projet à plus de deux ans et on n’est clairement pas dans la start-up nation. Maintenant il faut trouver comment rester dans cet état d’esprit tout en continuant à faire de la musique.

Album «Après c'est gobelet !» disponible sur toutes les plates-formes. En tournée en France cet été (le 2 juillet à Clermont-Ferrand pour Europavox, le 13 juillet à Lyon au Transbo, le 29 août à l'EMB Sannois...)

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