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«Saw» : du pire au meilleur, notre classement des 10 films de la franchise

Moqué en France par homonymie, «Saw 6» est pourtant le meilleur film de la franchise. [© LIONSGATE / METROPOLITAN FILMS]

Avec la sortie de «Saw X» dans les salles obscures pour cet Halloween 2023, la célèbre franchise de films d'horreur compte désormais dix longs-métrages, pour un résultat parfois inégal. Voici notre classement, du pire au meilleur, de toutes les aventures de Jigsaw.

La partie ne fait que commencer. En moins de vingt ans, la franchise Saw, qui comprend désormais dix films, a réussi à se développer avec d'abord une série de sept épisodes, avant de réssusciter à trois reprises : «Jigsaw» en 2017, «Spirale : l'héritage de Saw» en 2021, et donc «Saw X» cette année.

Et si la saga a été globalement constante sur la quantité d'hémoglobine, la qualité n'a pas toujours été au rendez-vous. Avec la sortie du dixième épisode en date, nous avons classé les dix longs-métrages que constituent cette saga remplie des pièges tordus de son célèbre tueur, Jigsaw.

«SAW 3D : Chapitre final» de Kevin Greutert (2010)

Censé conclure la première série de sept films, «Saw 3D : Chapitre final» restera dans les mémoires autant pour la qualité de ses effets spéciaux en trois dimensions que par la faiblesse de son écriture. Empêtré dans une production difficile, avec un réalisateur rappelé à la dernière minute, ce septième épisode souffre d'une écriture aberrante, essayant de justifier les pires maladresses d'écriture.

Malgré une belle générosité dans le gore, avec onze pièges sanglants tout au long du film, «Saw 3D» ne semble pas savoir dans quelle direction il veut aller. Même le jeu, présentant un charlatan se faisant passer pour une ancienne victime de Jigsaw, manque de crédibilité. Une triste conclusion pour les fans, avec un dernier twist qui soulève toujours plus de questions au détriment de la cohérence.

«Saw 4» de Darren Lynn Bousman (2007)

Également produit dans la douleur, «Saw 4» est un épisode qui n'aurait jamais dû exister. Alors que son précédecesseur concluait définitivement l'histoire de John Kramer, ce nouvel opus essaye de raccrocher les wagons pour étendre encore cet univers.

Si l'ouverture, une glaciale scène d'autopsie, est superbe, le reste n'est qu'une accumulation de pièges inintéressants et de personnages sous-développés. Avec un montage charcuté et une écriture bourrée d'invraissemblance, «Saw 4» n'arrive jamais à justifier sa création, si ce n'est pour user jusqu'à la moelle un concept qui avait déjà péréclité. En témoigne son twist final, dévoilant un nouvel apprenti du «tueur au Puzzle» de manière très grossière.

«Spirale : L'héritage de Saw» de Darren Lynn Bousman (2021)

La promesse était pourtant alléchante. En 2018, l'humoriste Chris Rock détaille aux producteurs son envie de participer à la saga, avec un long-métrage n'incluant pas le personnage de John Kramer. Dans ce long-métrage qui comprend également Samuel L. Jackson à la distribution, des policiers traquent un imitateur de Jigsaw, sous fond de dénonciation des violences policières.

Darren Lynn Bousman, déjà à la baguette de «Saw 2» à «Saw 4», échoue à transcender ces intentions louables et accouche d'un film sans surprise ni réelle ambition. Si la photographie et les pièges sont soignés, l'écriture est une véritable déception, avec des retournements grossiers et de nombreux trous d'intrigue. Plombé par la censure américaine, les séquences sanguinolentes n'arrivent pas à marquer le spectateur.

«Jigsaw» de Michael et Peter Spierig (2017)

Ce huitième épisode avait la lourde tâche de ressusciter la franchise Saw au cinéma. Dans une intrigue située dix années après «Saw 3D : Chapitre final», les pièges de John Kramer sont de retour, avec cinq participants dans un nouveau jeu macabre.

Pour ce nouvel opus, les producteurs ont embauché les scénaristes Josh Stolberg et Pete Goldfinger, les quatre mains derrière le jubilatoire «Piranha 3D» d'Alexandre Aja. Avec l'ajout d'une touche humoristique et un format cinémascope, «Jigsaw» dispose de quelques qualités visuelles et d'un twist plutôt surprenant. Mais la faiblesse de ses personnages et la présentation d'un énième apprenti empêchent le long-métrage de briller. Et la présence aussi courte que ridicule de Tobin Bell, un comble pour un film de la franchise, n'aide pas à rendre le film un tant soit peu marquant.

«Saw 5» de David Hackl (2008)

Voilà bien un épisode qui divise. D'un côté, beaucoup reprochent la lenteur de l'histoire et le manque d'ambition des pièges. De l'autre, ils sont nombreux à saluer le retour de l'atmosphère «thriller horrifique» qui avait fait briller le premier volet de James Wan. Le résultat final se situe sûrement entre ces deux aspects.

Car si «Saw 5» manque bien d'intensité dans la mise en scène des mécanismes de Jigsaw, il compense ce problème par une écriture plus poussée, développant la relation entre John Kramer et l'un de ses disciples, introduit dans le twist final de «Saw 4». Le long-métrage permet ainsi de découvrir une facette plus paternaliste du «tueur au Puzzle», sans sombrer dans une surenchère gore et une rythmique infernale comme son précedesseur. De quoi le hisser en milieu de classement sans hésitation.

«Saw 2» de Darren Lynn Bousman (2005)

C'est peut-être la première vraie prise de risque de ce classement. Avec un nouveau twist improbable, «Saw 2» avait, une nouvelle fois, surpris tous les spectateurs dans les salles obscures à sa sortie. Il est aussi le film qui avait propulsé la franchise Saw au firmament du box-office, malgré un budget ridicule. Il faut dire qu'il s'agit du premier film à dévoiler l'histoire de John Kramer, nous révélant les raisons qui l'ont poussé à entrer dans cette spirale du crime.

Le principal problème du long-métrage reste sa construction, bien trop schématique pour surprendre. Le spectateur se retrouve à suivre des péripéties très similaires et, pour la plupart, peu engageantes, à quelques exceptions près (la fosse à seringue, qui est restée dans les mémoires). De plus, «Saw 2» mise trop sur son twist final, au demeurant très réussi, jusqu'à en oublier de développer les victimes du jeu. À son crédit toutefois, il faut rappeler que le scénario de «Saw 2» est tiré d'une histoire créée par le réalisateur Darren Lynn Bousman, nommée «The Desperate», et qui a été remaniée pour coller à l'univers de Saw.

«Saw 3» de Darren Lynn Bousman (2007)

Plus long, plus ambitieux, plus gore, «Saw 3» a fait basculer la franchise dans l'ultraviolence, en filmant, parfois avec complaisance, les pires sévices possibles. Avec un budget décuplé par rapport à l'épisode originel, les scénaristes s'en sont donné à cœur joie, sans restriction aucune, pour conclure les aventures de John Kramer (avant que les producteurs n'en décident autrement).

Construit telle une véritable tragédie et empli d'un nihilisme certain, «Saw 3» est largement l'épisode le plus sombre et violent de toute la saga. En témoigne une interdiction aux spectateurs âgés de moins de 18 ans lors de sa sortie, fait très rare en France pour un long-métrage horrifique. Sa longueur le transforme également en longue descente aux enfers, un constat sans appel sur la spirale infernale de la vengeance. Et même si quelques sous-intrigues viennent casser le rythme, l'impression d'avoir été bousculé est plus forte que jamais. Une expérience à ne vraiment pas mettre devant les yeux de non-initiés.

«Saw X» de Kevin Greutert (2023)

Après neuf long-métrages réduisant petit-à-petit la présence de John Kramer à l'écran, le réalisateur Kevin Greutert et les scénaristes Josh Stolberg et Pete Goldfinger ont choisi de placer l'histoire de ce dixième épisode entre le premier et le second volet. Par la même, les trois hommes ont fait un choix fort : faire de Jigsaw une victime d'autres bourreaux.

Alors qu'on pouvait craindre le pire, «Saw X» s'avère être l'une des meilleurs suites de toute la saga. En empruntant un chemin inédit, il fait le choix de présenter un aspect plus humain de son tueur, et l'on se surprend à faire preuve d'une belle empathie vis-à-vis de ce vieil homme dans sa vaine quête d'un traitement pour rester en vie. Ainsi, les pièges, qui s'avèrent très réussis, sont entrecoupés de séquences de dialogue étonnemment émouvantes, élevant cette énième suite à un objet à la fois sincère et généreux dans la description de l'horreur.

«Saw» de James Wan (2004 aux États-Unis/2005 en France)

Surprise, le film originel de James Wan, qui a acquis un statut culte depuis sa sortie en 2005 en France, n’est pas en tête de notre classement. Il faut dire que le long-métrage accuse depuis le poids des années et surtout d’un budget absolu ridicule d’un petit million de dollars. En témoigne les nombreuses erreurs de raccords, la prépondérance de la caméra à l’épaule et une photographie qui sonne très ringarde aujourd’hui.

Cet aspect-là mis de côté, difficile de ne pas saluer l’audace cette petite production indépendante, qui a surpris tout le monde lors de sa sortie. James Wan pioche ses inspirations du côté du giallo italien, notamment dans les œuvres de Dario Argento, et du néo-noir américain. Son intrigue retord et dérangeante joue à merveille sur la psychologie des personnages, amenant à merveille sa révélation finale dans un tourbillon de suspens et de violence. L’occasion aussi de voir naître un cinéaste ambitieux, adepte du patchwork et d’effets de style d’envergure.

«Saw 6» de Kevin Greutert (2009)

Derrière son titre français involontairement humoristique, «Saw 6» constitue un petit miracle au sein de la franchise. À première vue pourtant, difficile d’y trouver de réelles nouveautés stylistiques : la trame est similaire au précédent épisode, avec son lot de flashbacks intempestifs et la sous-intrigue policière manque cruellement de profondeur, même de logique.

Derrière ces défauts inhérents aux méthodes de production, «Saw 6» est la démonstration qu’un concept, même usé jusqu’à la moelle après cinq films, peut être élevé grâce à un traitement thématique pertinent. Sorti en 2009, le film prend à bras le corps deux sujets politiquement brûlants dans l’actualité américaine : la crise des subprimes et le désastreux système de santé américain, qui a amené en 2010 à l’adoption de l’Obamacare, un système d’assurance-maladie pour les quelque 50 millions d’Américains qui ne bénéficiaient d’aucune couverture santé.

Si les scénaristes et le réalisateur Kevin Greutert n’ont fait que partir de ce constat, sans l’ambition de tourner au pamphlet, toute la logique et la symbolique derrière les pièges macabres de Jigsaw s’en retrouvent automatiquement décuplées. «Saw 6» apparaît alors beaucoup plus sincère et percutant dans sa démarche, où les mécanismes, basés sur un système de dilemme cornélien, glacent le sang. Avec, pour point d’orgue, le meilleur piège de toute la franchise, le carrousel, le plus long en durée et dont la dramaturgie bouleverse dans son final.

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