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«Saw» : tout savoir sur Jigsaw, le tueur qui emprisonne ses victimes dans des pièges macabres

Ce mercredi, Jigsaw, le tueur de la saga de films Saw, est de retour en salles avec «Saw X». Son sens du verbe et du meurtre ingénieux l'ont imposé comme l'un des boogeymen les plus célèbres du cinéma d'horreur. Décryptage de cet antagoniste, avec quelques spoilers des premiers films.

«Combien de sang seriez-vous prêts à verser pour rester en vie ?» Ce dilemme sanguinolent, œuvre de Jigsaw, le tueur en série de la franchise horrifique Saw, illustre à merveille la philosophie de ce boogeyman sadique. Depuis le premier volet sorti en 2005 en France, John Kramer de son vrai nom terrorise ses victimes pour les enfermer dans des pièges mortels, où, pour s'en sortir, les participants devront suivre des règles traumatisantes.

Pour exemple, dans la scène d'introduction de «Saw 2», le pauvre Michael, un indic' de la police, doit sacrifier son œil droit pour trouver la clé qui le libérera de son attirail, une espèce de masque à piques sous forme de «plante carnivore».

Derrière ces mécaniques pointues et cette cruauté exarcerbée, la volonté de Jigsaw est pourtant formelle : que les victimes s'en sortent. Ainsi, derrière la lourde violence des films, se cache un psychopathe adepte de punchlines et emprunt d'une philosophie de vie absolutiste.

L'histoire de John Kramer, le «tueur au Puzzle»

À l'origine, John Kramer est un ingénieur civil et un architecte d'une cinquantaine d'années. Après une vie dédiée au travail, il construit un foyer avec sa femme, Jill Tuck, une infirmière aidant des laissés-pour-compte dans une clinique, avec qui il attend un enfant, Gideon. Malheureusement, ce dernier meurt à la suite d'une fausse-couche provoquée par l'un des patients de l'établissement. Dans le même temps, John apprend qu'il est atteint d'un cancer du cerveau en phase terminale.

Dans «Saw 2», le tueur nous apprend qu'il a tenté de mettre fin à ses jours dans un accident de voiture, mais a survécu. Cet événement l'a alors transformé psychologiquement, au point de dédier ses derniers mois sur Terre à tester la volonté des personnes à vivre, en les enfermant dans des pièges mortels.

C'est là l'une des originalités des films Saw. Contrairement aux tueurs en série sanguinaires comme Michael Myers ou Jason Voorhees, dont la soif de sang n'a d'égal que leur absence d'humanité, Jigsaw est un vieil homme malade, jouant sur son intellect plutôt que sa capacité à poursuivre ses victimes. Très réfléchi, il montre, au fil des films, une capacité hors norme à discerner le caractère d'un individu, jusqu'à prédire ses actions et réactions.

Pour l'incarner, James Wan a fait appel à Tobin Bell, un acteur habitué aux seconds rôles de série TV («Walker Texas Ranger», «Les Sopranos»). «Tobin est un très, très bon acteur», confirme Kevin Greutert, réalisateur de «Saw 6», «Saw 3D» et «Saw X». «Il pense et vit comme le personnage de Jigsaw, avec le sérieux et la conscience que cela implique. Il sait ce qu'il veut et comment il peut contribuer à faire de John un meilleur personnage.»

La célèbre poupée Billy, annonciatrice de malheurs

Comme tout tueur en série qui se respecte, Jigsaw est doté d'un costume et d'un attirail qui lui est propre. Dès le premier épisode, nous le voyons être poursuivi par l'agent Tapp (Danny Glover), dans une tunique lisse noir, avec une doublure rouge flashy. «Nous avons remodelé le costume de films en films pour qu'il apparaisse moins effrayant, plus doux, plus abîmé, pour signifier que sa situation se dégrade à mesure que son cancer se propage dans sa tête», décrit Alex Kavanagh, costumière de la franchise de «Saw 2» à «Saw 3D». «C'est quelque chose de cérémonial, voire de religieux. Et lorsqu'un apprenti remet le costume, c'est comme un rite de passage», ajoute-t-elle.

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La poupée Billy débarque souvent dans le champ de la caméra avec un tricycle. © LIONSGATE / METROPOLITAN FILMS EXPORT

Pour capturer ses victimes, Jigsaw s'enveloppe dans cette veste et met un masque de cochon. «Pig head» («tête de cochon» en français) comme le surnomment les fans de la franchise, fait référence à deux éléments. Dans «Saw 4», Jigsaw capture dans une foule sa première victime, Cecil, celui qui a provoqué la mort de son nouveau-né. Les personnes étaient en train de fêter le Nouvel-an chinois, marquant l'année du Cochon. De même, dans «Jigsaw», Kramer explique que le cochon est un animal compatissant, symbolisant ainsi la bienveillance qu'il éprouve envers ses victimes.

Enfin, l'un des éléments les plus célèbres de la saga : la terrifiante poupée Billy. John Kramer ne se présentant que très rarement face à ses victimes, il fait le choix d'expliquer les règles du jeu par l'intermédiaire d'une poupée en costume, couleur blanche et avec des spirales rouges sur les joues. Celle-ci, qui devait être un jouet pour son fils, se retrouve à être annonciatrice des malheurs qui vont tomber sur les victimes. Dans le premier film, elle a été fabriquée par James Wan lui-même avec de l'argile, du papier mâché et des balles de ping-pong noires. Elle est inspirée, selon le réalisateur, par la poupée ventriloque qui apparaît soudainement dans le film «Les Frissons de l'Angoisse» de Dario Argento (voir ci-dessous).

Une «volonté de vivre» à laquelle adhèrent ses apprentis

Dans ses méthodes meurtrières, Jigsaw se rapproche d'Hannibal Lecter, dans toute la froideur et la psychologie qui se dégagent de ses crimes. Son objectif est toutefois très clair : tester la volonté de vivre de ses victimes. D'ailleurs, lorsque celles-ci échouent à accomplir leur tâche, le tueur découpe sur le cadavre encore chaud un morceau de chair en forme de pièce de puzzle, symbole d'une pièce manquante chez la personne. En l'occurrence, «avoir ce qu'il faut pour survivre».

Du côté des (rares) vainqueurs, la plupart ressortent traumatisés, mais certains d'entre eux développent une nouvelle vision de la vie. Dans «Saw 3D», une victime témoigne à la télévision de son traumatisme, tout en affirmant que Jigsaw l'a «aidé». Quelques-uns deviennent alors des apprentis du tueur, au fur et à mesure des longs-métrages. La plus célèbre reste Amanda, victime du «piège à ours inversé» du premier film et de retour dans la maison empoisonnée de «Saw 2». Droguée et suicidaire, patiente de la clinique de Jill, elle a réussi à trouver en John Kramer un père de substitution. Il en est de même pour deux autres apprentis, révélés dans «Saw 4» et dans «Jigsaw», le huitième épisode, mais dont nous nous garderons bien l'identité pour ne pas divulgâcher l'intrigue.

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Amanda Young, une apprentie de Jigsaw, revient dans «Saw X», toujours interprétée par Shawnee Smith. © LIONSGATE / METROPOLITAN FILMS EXPORT

Il arrive toutefois que cette philosophie soit incomprise par les victimes survivantes. Le piège d'introduction de «Saw 6» voit deux banquiers véreux s'affronter, le gagnant sera celui qui donnera le plus de chair dans une balance. Quelques scènes plus tard, la survivante criera qu'elle n'a rien appris de son jeu, au grand dam de l'apprenti de John Kramer. Ce dernier, qui explique dans «Jigsaw» vouloir «parler au nom des morts», reste convaincu par sa philosophie mortifère et, dès lors qu'un piégé survit, ne souhaite que «sa réinsertion sociale immédiate», comme il l'explique dans «Saw 5». De plus, dans «Spirale : l'héritage de Saw», le tueur se veut être un imitateur de Kramer, mais ne fait que tuer froidement ses victimes.

La nature de Jigsaw se pose donc entre le juge, de par le caractère moralisateur des jeux, et le prêcheur d'une doctrine. Dans «Saw X», lors d'une scène de piège, John Kramer est montré près de sa victime, derrière une vitre, taiseux et portant un livre comme un prêtre tiendrait sa bible face à ses fidèles. Se glisse ainsi la volonté de «remettre sur le droit chemin», une notion très paternaliste mais logique lorsque l'on sait que le tueur a perdu son fils dans un accident.

Des pièges complexes et symboliques

Si la philosophie de Jigsaw peut paraître assez bancale, ses pièges, eux, ont marqué l'esprit des spectateurs. D'abord par leur violence crue dans la mise en scène, mais également par le symbolisme dont ils usent en fonction des victimes. Les exemples sont nombreux : dans «Saw 2», Amanda, consommatrice d'héroïne, doit trouver une clé dans une fosse à seringues, la ramenant à ses vieux démons. «Nous avons imaginé les pièges en nous inspirant des instruments de torture médiévaux et des traumatismes modernes», raconte David Hackl, réalisateur de «Saw 5» et constructeur des mécanismes mortels de «Saw 2» à «Saw 4». «Dans mon cas, j'ai une peur bleue des piqûres. Quand Darren Lynn Bousman (réalisateur de «Saw 2» l'a su, il a très vite imaginé le piège. Il fallait surtout que les dispositifs aient du sens en fonction des piégés, pas comme s'ils sortaient d'Indiana Jones», ajoute-t-il avec ironie.

Certains films travaillent cet aspect symbolique ou même critique de manière plus globale. Moqué en France par son titre, «Saw 6» est pourtant l'une des meilleures suites à l'épisode originel. Le principal piégé, William Easton, est le PDG d'une société d'assurance-santé, celle à laquelle côtisait John Kramer, et doit faire face aux pièges en appliquant sa «politique d'entreprise». Si Kevin Greutert, son auteur, dément une «écriture volontairement politisée», il admet que le contexte social et économique américain, entre la crise financière des subprimes et un système de santé américain de plus en plus inégalitaire, a permis au public de plus facilement se reconnaître dans le personnage principal, et donc d'être plus marqué par la violence des pièges.

D'autres sont parfois inspirés d'œuvres déjà existantes. C'est le cas du «pendule», celui qui ouvre «Saw 5», tiré de la nouvelle «Le Puits et le Pendule» d'Edgar Allan Poe, où un homme possédé par l'esprit d'un inquisiteur espagnol, tue ses victimes à l'aide d'une lame qui tombe comme un balancier. À noter que tous les pièges ont été construits en réel sur les tournages et fonctionnaient vraiment. «Lorsque je concevais les pièges, je me mettais à l'intérieur pour savoir la manière de réagir, comment je pouvais survivre malgré la situation, cela aide beaucoup pour donner un aspect viscéral, mais surtout réaliste», détaille David Hackl, réalisateur de ce cinquième volet.

Au total, la franchise «Saw» comporte plus de 70 pièges, tous plus sanglants les uns que les autres. Avec le succès au box-office mondial de «Saw X», Jigsaw n'a pas fini de tester ceux qui n'apprécient pas leur vie.

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