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Festival de Cannes 2024 : suspens total pour le palmarès avant la remise de la Palme d'or

Une première Palme d'or - d'honneur - a été remise à Meryl Streep en ouverture du Festival. Place désormais au lauréat de la 77e édition. [© Antonin THUILLIER / AFP]

La 77e édition du Festival de Cannes touche à sa fin. Une année riche en belles découvertes, tandis que certains poids lourds attendus ont pu décevoir. Verdict du jury mené par Greta Gerwig samedi 25 en fin de journée.

Alors que la Palme d'or sera décernée ce samedi 25 mai en clôture de la 77e édition du Festival de Cannes, les festivaliers comme les cinéphiles amateurs, le jury comme les professionnels (acteurs, réalisateurs, producteurs, techniciens...) y vont de leur pronostics quant au Palmarès que devrait annoncer la présidente Greta Gerwig et ses jurés.

Que retenir de cette belle édition sur le plan cinématographique ? Alors que «L'amour ouf», de Gilles Lellouche, n'a convaincu qu'à moitié (une première partie brillante mais trop d'effets de surenchère technique et de violence sur les trois heures de film), on attend avec impatience le nouveau film en compétition de Michel Hazanavicius («The Artist», «OSS 117»...), «La plus précieuse des marchandises», présenté ce vendredi soir. Il d'un film d'animation adapté de l'oeuvre de Jean-Claude Grumberg évoquant le destin d'un bébé juif recueilli par un couple de polonais au plus tragique de la guerre.

La France a toute ses chances

Toujours est-il que pour la France, «Emilia Pérez» tient haut la main sur les paris les plus nombreux quant à une éventuelle seconde Palme pour Jacques Audiard (après «Dheepan» en 2015) à défaut d'une place de choix au Palmarès (et pourquoi pas Karla Sofia, actrice espagnole transgenre couronnée du Prix d'interprétation ?). «Diamant Brut», d'Agathe Riedinger (sortie 9 octobre) a étonné par le traitement original de la cinéaste sur la question du rapport au corps et à la séduction sous le prisme de la téléréalité et des réseaux sociaux. Dans un style naturaliste et spontané aux antipode de celui d'Audiard, le film a quelques chances pour un prix du jury.

Que dire de «La substance», de Coralie Fargeat, qui célèbre le retour de Demi Moore ? Radical, clivant, malaisant, extrême, violent, virtuose, horrifique et... ultra référencé ! (Cronenberg, Lynch, entre autres). Quoi qu'on en pense (et certainement le plus grand bien jusqu'aux trois premiers quarts), la dernière demi-heure gâche l'ensemble comme un chateau de cartes qui s'écroule à force de grotesque et d'hémoglobine, beaucoup plus vains et ridicules que scandaleux. Dommage, mais un Prix du Jury n'est pas à exclure.

Parmi les films étrangers, «Anora», de Sean Baker (très apprécié) tout comme «Bird», de la britannique Andrea Arnold, ont séduit pas mal de festivaliers tandis que «Kind of Kindness», de Yorgos Lanthimos («La Favorite», «Pauvres Créatures») et ses fantasmes extrêmes - noirceur, absurde surréalisme et délire mental - auront peut-être un peu trop effrayé ? Les couleurs criardes et agressives du film brésilien «Motel Destino», de Karim Ainouz, sexuellement très débridé (à l'image comme au son !) n'ont guère emballé les premiers spectateurs...

Et si le Jury en décidait autrement ? Enfin, la balade mélancolique et vaporeuse de Pablo Sorrentino et de sa créature de rêve, «Parthénope», rassemble autant d'admirateurs que de détracteurs. Si les images sont somptueuse et Celeste Dalla Porta d'une beauté subjuguante, la mise en scène ultrasophistiquée et très contemplative en a laissé beaucoup à quai...

Quoi qu'il en soit, la thématique récurrente de cette 77ème édition cannoise aura bel et bien été le rapport au corps. De l'obsession de la séduction au plaisir charnel en passant par l'expression de la beauté, de la lutte, de la déchéance ou bien sûr, de la volonté d'en changer (transsexualités/diversités).

Des rendez-vous manqués

Tellement attendu, Francis Ford Coppola n'aura guère suscité l'enthousiame que la promesse de sa sélection laissait présager. «Megalopolis» a trop souvent flirté avec une farce plutôt boursoufflée et confuse, sans grâce, et surtout dépassée par les prouesses des Denis Villeneuve ou autres Christopher Nolan ces dernières années, sur des sujets pas si éloignés. «Les Linceuls», de David Cronenberg, avec Vincent Cassel et Diane Kruger, n'avait rien à faire dans cette compétition. Sujet confus et démago, complexe et rebutant, servi par une mise en scène «minimum syndical», mais surtout par un bavardage insupportable.

«Oh, Canada», malgré la présence de Richard Gere et Uma Thurman, s'avère d'un classicisme académique assez surprenant de la part de Paul Shrader («La Féline», «American Gigolo»...). En outre, le film souffre d'un très mauvais montage qui coupe l'élan de certaines pistes pour n'en livrer qu'une impression superflue...

Les pépites des sections parallèles

«Maria», de Jessica Palud, aura suscité une belle émotion dans la section CANNES PREMIERES. Cette douloureuse évocation de la carrière contrariée de Maria Schneider, abusée par la perversité de Bernardo Bertolucci et la complicité de Marlon Brando sur le tournage en 1972 du «Dernier Tango à Paris» a aussi rassemblé un flamboyant casting. Autour de la sublime Annamaria Vartolomei dans le rôle-titre, Matt Dillon (icône des années 1980), Yvan Attal, Celeste Brunnquell, Marie Gillain et Giuseppe Maggio sont tous remarquablement justes. «Le Roman de Jim» des frères Larrieu - avec Laetitia Dosh et Sara Giraudeau comme on les aime et un Karim Leklou parfait - questionne subtilement la paternité, le rapport à l'éducation, à la famille (qu'on imagine ou qu'on nous impose). Adapté du roman éponyme de Pierric Bailly, les cinéastes de «TraLaLa !» signent là leur plus beau film.

«Ma vie, ma gueule» enfin, à la Quinzaine des Cinéastes, nous aura permis de découvrir avec émotion l'ultime film de Sophie Fillières disparue il y a quelques mois. Agnès Jaoui, toujours attachante, décalée, capable d'être triste et joyeuse à la fois dans le même plan, porte avec panache cette oeuvre profondément touchante sur la mélancolie, la solitude et les désillusions qui en découlent.

Enfin, à la surprise générale et hors-compétition, «Le Comte de Monte Cristo» en aura ravi plus d'un. Même parmi les plus sceptiques. Fresque foisonnante d'idées et de thématiques puisant dans les contradictions les plus inavouables de l'âme humaine : trahison, injustice, pénitence, vengeance, rédemption... Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte («Les Trois Mousquetaire») ont brillamment réussi à moderniser sans maniérisme ni exercice de style, une intrigue légendaire en signant une mise en scène ample, aérée, fluide et pleine d'envolés romanesques.  

Ne reste plus qu'à patienter pour savoir quelle approche le jury aura adopté pour cette sélection. 

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