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Procès Johnny Depp/Amber Heard : l'avocate de l'actrice accuse les jurés d'avoir été influencés

Pour l'avocate d'Amber Heard, la sur-médiatisation du procès et les fans de Johnny Depp prêts à tout pour détruire l'image de l'actrice ont forcément biaisé le jugement des jurés. [EVELYN HOCKSTEIN / POOL / AFP]

Alors que le procès en diffamation qui opposait Johnny Depp à son ex épouse s’est soldé par un jugement en faveur de l’acteur, l’avocate d’Amber Heard accuse les jurés d’avoir été influencés par les réseaux sociaux.

La polarisation du débat a forcément bénéficié à la star d’Edward aux mains d’argent. C’est ce qu’avance, comme de nombreux autres observateurs du procès qui a opposé Johnny Depp à son ex-épouse, Elaine Charlson Bredehoft, l’avocate d’Amber Heard. Invitée du Today Show, elle a pointé du doigt l’impossible l’indépendance des jurés dans cette affaire.

La violente campagne de dénigrement qu’ont mené les fans de Johnny Depp contre l’actrice a forcément «influencé» les jurés, analyse l’avocate, qui explique que ces derniers n’étaient absolument pas coupés du monde durant les six semaines de procès.

«Les jurés sont rentrés chez eux tous les soirs, ils ont des familles, les membres de leur famille sont sur les réseaux sociaux», déplore-t-elle. Les commentaires sur Amber Heard étaient «atroces» et le procès est devenu un véritable zoo médiatique, regrette-t-elle. Chaque geste, mot, soupire de l’actrice a été décortiqué, commenté, critiqué. Les réseaux sociaux et TikTok en particulier sont en effet devenu les théâtre d’un deuxième procès qui a vu les internautes se transformer en jurés avec une écrasante majorité en faveur de Johnny Depp, en témoigne les 12,4 milliards de vues pour le hashtag #JusticeForJohhnyDepp et 1,9 milliard pour #AmberTurd (« AmberMerde »), comme l’avait relevé Le Monde le 19 mai dernier.

Autre preuve de l'engouement des internautes autour de l'affaire, la simple décision de justice a fait l'objet de plus de tweets que l'assaut du Capitole, avec jusqu'à 479 tweets par seconde, dont là encore l'écrasante majorité étaient en faveur de Johnny Depp. Entre son ouverture le 11 avril et le 2 juin, le procès a fait l'objet de 32,6 millions de messages, soit plus que l'ensemble des tweets sur le Covid sur la même période, indique Visibrain.

Un retour à l'avant MeToo ?

Le capital sympathie de l’acteur a biaisé le verdict, analyse également la journaliste Maïa Mazaurette : dans un monde idéal imaginaire «les coupables sont des monstres ou des prédateurs, tandis que les victimes sont faibles et irréprochables», a-t-elle décrit avec ironie avant de rappeler qu’en réalité «dans la vraie vie, ça marche pas. On peut être victime alors qu'on a pris des risques, on peut être victime et auteur de violences en même temps, de même qu'on peut être coupable et apparemment très charmant». Une subtilité qui a peut-être aussi échappé aux jurés.

Tandis qu’après l’annonce du verdict en sa faveur Johnny Depp s’est réjoui de «retrouver sa vie», Amber Heard, dévastée, a pointé du doigt une société revenue à un autre âge. «La déception que je ressens aujourd'hui est au-delà des mots. J'ai le cœur brisé que la montagne de preuves ne soit toujours pas suffisante pour résister au pouvoir, à l'influence et à l'emprise disproportionnés de mon ex-mari, a déclaré Amber Heard. Je suis encore plus déçue de ce que ce verdict signifie pour les autres femmes. C'est un revers. Cela ramène à une époque où une femme qui parlait et s'exprimait pouvait être publiquement honteuse et humiliée. Cela fait reculer l'idée que la violence à l'égard des femmes doit être prise au sérieux», a-t-elle estimé.

Ce mercredi 1er juin Amber Heard a été reconnue, par un jury populaire composé de cinq hommes et de deux femmes, coupable de diffamation envers son ex-mari, et condamnée à lui verser 10 millions de dollars de dommages et intérêt. La défense de Johnny Depp arguait que la carrière du Pirate des Caraïnes avait été brisée après que la jeune femme s’était présentée comme une victime de violences conjugales dans un éditorial paru dans le Washington Post. 

Après six semaines d’audiences au tribunal qui ont vu se succéder de nombreux témoins et experts et mis au jour aux yeux du monde un mariage très conflictuel sur fond de drogues et d’alcool et d’accès de violences psychologiques, physiques et sexuelles les jurés ont estimé que l’actrice avait diffamé et menti. Un verdict bien différent de celui rendu dans un précédent procès intenté par Johnny Depp fin 2020 contre le Sun pour l'avoir qualifié de «mari violent», les accusations portées par Amber Heard avaient alors été jugées «vraisemblables» et l’acteur débouté. 

Au-delà du verdict, les violentes réactions à l'égard d'Amber Heard posent dès lors un autre problème d'envergure, celui de décourager les victimes de violences à porter plainte ? 

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