En direct
A suivre

Only murders in the building : l'histoire vraie et complètement folle de l'immeuble new-yorkais qui a inspiré la série

Selena Gomez, Martin Short et Steve Martin habitent dans un immeuble appelé l’Arconia dans la série.

Alors qu'«Only murders in the building» vient d’être renouvelée pour une saison 4, l’immeuble dans lequel habitent les personnages incarnés par Steve Martin, Martin Short, et Selena Gomez est inspiré d’un vrai bâtiment new yorkais, dont l’histoire est encore plus captivante que dans la série elle-même.

C’est l’élément le plus important de l’histoire. La série «Only murders in the building» doit beaucoup au talent de son trio de stars composé de Steve Martin, Martin Short, et Selena Gomez, et de leur alchimie à l’écran. Mais elle ne serait rien sans l’atmosphère bien particulière qui se dégage de l’immeuble dans lequel résident leurs personnages : l’Arconia.

Selon le site américain de Vanity Fair, ce bâtiment mystérieux a été inspiré par l’Hôtel Ansonia, et sa folle histoire depuis sa construction en 1904 par un homme appelé William Earl Dodge Stokes, et conçu par l’architecte français, Paul-Emile Duboy.

L’immeuble occupe un bloc entier de Broadway entre la 73e et la 74e rue avec ses 17 étages. Il possède une façade haussmanienne, ainsi que 1.400 pièces, des restaurants, un coiffeur, un tailleur, une banque, un bain turc, la plus grande piscine intérieure de l’époque, et une fontaine dans laquelle nageaient des phoques. Le propriétaire avait également installé un réseau de tubes de verre pour permettre aux clients d’envoyer des messages au personnel. Sur le toit, William Stokes avait fait installer une ferme avec cinq cent poulets (qui fournissaient des œufs frais aux clients), des canards, six chèvres, et même un ours. Dont le département de la santé de la ville a exigé la fermeture en 1907.

La folie des grandeurs

William Stokes pouvait compter sur une immense fortune héritée de sa famille, et semblait agir sans le sens des limites. À 42 ans, il découvre la photographie de l’héritière Rita Hernandez de Alba de Acosta dans un magasin, et décide d’en faire son épouse. La jeune fille acceptera pour l’argent, lui donnera un fils, et demandera le divorce à 21 ans. Elle obtiendra ce qui était considérée à l’époque comme la plus importante compensation pour une femme divorcée, avec 2 millions de dollars en liquide, et 36.000 dollars de pension annuelle.

Marié une seconde fois à Helen Ellwood, 24 ans, William Stokes fera l’objet d’un chantage de la part de sa maîtresse, Lillian Graham, 22 ans, qui menacera de dévoiler leur correspondance intime à son épouse s’il ne lui versait pas la somme de 25.000 dollars. Elle finira par lui tirer trois balles dans la jambe dans l’enceinte de l’hôtel. Il survivra assez longtemps pour recevoir la demande de divorce de sa seconde épouse, qui dénoncera au passage la présence de près de 50 poules sur le toit malgré l’interdiction du département de la santé.

Stars et mafia

L’Hôtel Ansonia était également un lieu de passage pour certaines célébrités locales, notamment la star du baseball Baba Ruth, ou le boxeur Jack Dempsey. C’est dans l’immeuble qu’un des scandales de paris sportifs les plus retentissants de la ligue de baseball américain s’est déroulé, et dans lequel était impliqué Arnold Rothstein, un des parrain de la mafia new yorkaise (il est mentionné dans la série «Boardwalk Empire», et son nom a inspiré celui du personnage incarné par Robert De Niro dans «Casino»). Ce dernier usera d’ailleurs de son influence politique pour éviter une condamnation à l’ensemble des protagonistes, malgré des témoins attestant de leur culpabilité.

William Stokes rêvait de faire de son hôtel «le plus grand de tout Manhattan», ce qu’il a fait en rachetant un terrain appartenant à un centre pour les orphelins de New York. Il avait des liens avérés avec le millionnaire-escroc Al Adams, à qui il a proposé de résider indéfiniment dans l’immeuble. Deux ans plus tard, il le retrouvera mort d’une balle dans la tête dans sa suite. La thèse du suicide a été retenue, mais certains ont affirmé qu’il s’agissait d’un meurtre en raison de dettes impayées (Stokes figurait sur la liste des suspects). William Stokes est mort d’une pneumonie en 1926, tandis qu’Arnold Rothstein fut tué d’une balle dans le ventre deux ans après.

L'esprit de la fête

Weddie Stokes, le fils de William qui était lui-même un escroc notoire, n’avait aucun désir de reprendre l’hôtel de son père. Il finira par le vendre en 1945 à un entrepreneur peu scrupuleux, Samuel Boxmeyer, qui mènera l’immeuble à sa perte jusqu’à sa condamnation pour fraudes. L’Hôtel Ansonia a ensuite été mis aux enchères, et vendu à un groupe d’acheteurs pour la modique somme de 50.000 dollars. L’endroit est alors en ruines, et les nouveaux propriétaires, affolés par les coûts de rénovations, le laissent pourrir dans l’espoir que sa démolition soit ordonnée. Une pétition organisée par les habitants du quartier parvient toutefois à sauver l’immeuble.

C’est alors que l’hôtel Ansonia a connu plusieurs transformations, sa piscine intérieure et les locaux attenants se retrouvant transformés en boîte gay appelée Continental Baths, avec une chute d’eau, un distributeur de lubrifiant, et une pièce réservée pour les orgies. Des personnalités comme Bette Midler ou encore Barry Manilow y étaient des clients réguliers. En 1977, l’endroit fut fermé pour devenir un club échangiste de luxe avec un jacuzzi pouvant accueillir 50 personnes, un salon pour jouer au backgammon, un bar et un buffet à volonté, une discothèque, et des matelas installés à même le sol.

Malgré l’état de délabrement des étages, les propriétaires encaissaient les loyers de résidents qui finirent par s’organiser au sein d’une association, la «Ansonia Residents Association», refusant de payer tant que des rénovations ne seraient pas réalisées. Ils ont également réussi à obtenir une préservation officielle du bâtiment auprès de la Commission de conservation des monuments de la ville de New York. Aujourd’hui, un appartement de 280 mètres carré, avec quatre chambres et trois salles de bain, affiche une valeur estimée à 9 millions de dollars, précise Vanity Fair.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités