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Ayons envie des JO de 2024, par Pierre Ménès

Pierre Ménès, chroniqueur de Direct Matin. [MERIADECK POUR DIRECT MATIN]

Pierre Ménès est une figure du paysage footballistique français. Ancien reporter à L’Equipe, cette intarissable grande gueule officie aujourd’hui en qualité d’expert pour le Canal football club. Chaque vendredi, il tient sa chronique dans les colonnes de Direct Matin.

 

Comme on s’en doutait, Paris s’est déclarée, mardi, candidate à l’organisation des Jeux olympiques 2024. Cette candidature a été le fruit de longues négociations politiques entre François Hollande, qui a besoin de victoires et de messages positifs dans l’opinion publique, et Anne Hidalgo, qui a beau être socialiste aussi, mais qui a longtemps freiné des quatre fers. Un consensus a finalement pu être trouvé.

Et c’est avec un tweet simultané de nombreux sportifs réunis pour l’occasion que Paris s’est officiellement lancée dans la course.

 

C’est d’ailleurs l’un des principaux arguments de la candidature parisienne. Les erreurs du passé ont, semble-t-il, été retenues. Pour la candidature aux JO de 2012, les sportifs avaient quelque peu été laissés de côté au profit des politiques, trop mis en avant. A tort. Ce choix avait porté préjudice dans l’obtention de ces JO, attribués à Londres. 

Je conçois ne pas être forcément la personne idéale pour juger de certaines choses, notamment du coût de cette opération, mais évidemment en tant que journaliste sportif, les JO à Paris, ça fait rêver. Et comme un symbole, ce serait cent ans après les derniers. C’est une belle image.

Malheureusement, il y en aura toujours pour critiquer et s’y opposer. A peine l’annonce faite, on a d’ailleurs entendu une tripotée de personnes s’élever contre cette candidature. Et en première ligne, il y avait bien évidemment Jean-Luc Mélenchon. Mais, en même temps, il est contre tout, c’est un peu sa marque de fabrique. Et puis, si son avis avait une quelconque importance, ça se saurait.

L’argument des "anti-JO" qui revient le plus souvent est : "On ferait mieux de s’occuper du chômage." Mais il ne faut pas oublier que des emplois seront créés si Paris les organise. Il faut également rappeler que le contrôle des coûts et de l’environnement sont partie intégrante de ce projet. Ainsi, plutôt que de pointer les défauts, il faut y voir tous les avantages d’accueillir les JO. Et ils sont nombreux.

L’organisation de ces Jeux olympiques – et paralympiques, qu’il ne faut pas oublier même si le retentissement n’est pas le même, peut aussi permettre à Paris de retrouver une certaine attractivité, qui a tendance à s’amenuiser avec le temps, d’accélérer notamment la politique des transports et surtout de mettre le sport au milieu des préoccupations.

Si la capitale française est choisie à Lima (Pérou) en 2017, cela va donner une importance énorme au sport. Et en cas de désignation, cela peut également susciter des vocations. Un gamin, qui a aujourd’hui une dizaine d’années par exemple, peut avoir envie de faire du sport pour participer à ces JO 2024 parce qu’ils auront lieu à Paris. Il faut se servir de cette candidature. Car la France est à la ramasse au niveau de la place du sport dans la société, et encore plus au niveau des équipements.

La grande misère du monde sportif français commence même par ses installations. Pour faire une digression avec le foot, on a trois équipes, qui ont accédé cette saison à la Ligue 2, sans un avoir un stade digne de ce nom. Le Paris FC va jouer à Charléty dans un stade qui filerait la déprime à une armée de clowns, le Red Star va être obligé de jouer ses matchs à domicile sur plusieurs terrains différents et Bourg-Péronnas va devoir trouver refuge à Gueugnon, à 160 kilomètres de sa ville. Heureusement, l’Euro 2016 a permis d’avoir des stades neufs dans plusieurs grandes villes de France comme par exemple à Nice, à Lille, à Bordeaux et bientôt à Lyon.

Avec l’annonce de cette candidature, j’aimerais désor­mais sentir un souffle olympique sur Paris, comme à Budapest, Boston, Rome et Hambourg, les autres villes pour le moment candidates, où les populations font corps derrière leur candidature. Malheureusement, je ne le sens pas encore. Certes, l’unanimité est un vœu pieux en France, mais il est primordial de créer au moins une sorte d’union nationale autour de ces Jeux.

Car si ces JO nous passent encore sous le nez, ça ne serait que la quatrième fois et il ne faudra pas encore venir pleurer. Pour l’heure, il manque peut-être un peu de chauvinisme, un peu d’amour du sport et de rêve de grandeur. Il faut montrer que le pays vit et que le pays a envie. 

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