Lophocladia Lallemandii : dans le Var, ce nom fait trembler tous les amoureux de la Méditerranée. Cette algue rouge et filamenteuse, originaire de la mer Rouge et de l'océan indien, a été découverte par hasard dans le parc national de Port-Cros. Invasive, elle fait craindre le pire pour les écosystèmes locaux.
La Lophocladia Lallemandii se développe en formant un «tapis» parfois si dense qu'il envahit les fonds marins. «Des dégâts importants sont à craindre, prévient le parc naturel de Port-Cros. Notamment au sein des colonies de posidonies».
Interrogé par le Parisien, Charles-François Boudouresque, professeur émérite à l'Institut méditerranéen d'océanologie, s'inquiète par ailleurs des «substances toxiques» dégagées par cette algue.
Elles «font que les poissons herbivores ou les oursins se détournent d'elle et ne la consomment pas, développe-t-il. Du coup, l'algue s'étend car les herbivores lui font de la place pour proliférer».
Un signe du réchauffement climatique
Les plongeurs de l'Institut méditerranéen d'océanologie sont tombés sur la Lophocladia Lallemandii alors qu'ils observaient les populations de grande nacre. Jusqu'ici, elle n'avait jamais été détectée dans la Méditerranée. Alors comment a-t-elle fait le voyage depuis la mer Rouge et l'océan indien ?
A ce sujet, Charles-François Boudouresque «pense à une hypothèse» : «une fuite de cette Lophocladia Lallemandii après l'élargissement du Canal de Suez, qui lui aurait permis d'arriver» jusqu'à Port-Cros. Son adaptation à la Méditerranée est en outre une preuve supplémentaire du réchauffement climatique, puisque cette algue exotique est habituellement rencontrée dans des eaux plus chaudes.
«La Méditerranée est la mer qui héberge le plus grand nombre d'espèces introduites», rappelle l'expert, le problème étant que le développement des algues invasives échappe souvent à tout contrôle. Déjà repérée au sud de l'Italie et de la Tunisie, la Lophocladia Lallemandii semble désormais avoir jeté son dévolu sur les côtes françaises.