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Féminicide de Mérignac : la plainte de la victime recueillie par un policier condamné pour violences intrafamiliales

Le policier ayant enregistré la plainte de Chahinez en mars était lui-même auteur de violences conjugales. [Christophe Simon / AFP]

Le policier ayant enregistré la plainte de Chahinez pour violences conjugales à Mérignac (Gironde), deux mois avant qu'elle ne soit brûlée vive par son mari, était lui-même violent. Il avait écopé de huit mois de prison avec sursis pour des «violences habituelles» sur son ex-conjointe.

Le fonctionnaire a «reconnu les faits», selon le Canard Enchaîné, qui révèle l'information. Sa hiérarchie était d'ailleurs «parfaitement au courant». Pourtant, malgré son passif, il a bel et bien pris la plainte de Chahinez le 15 mars. 

La mère de famille de 31 ans s'était rendue au commissariat de Mérignac après avoir été agressée une nouvelle fois par son mari, Mounir B. Celui-ci avait pourtant interdiction de l'approcher. Il avait déjà été condamné pour violences conjugales sur Chahinez en 2020, et purgeait une peine de prison avec sursis. La plainte du 15 mars aurait donc pu le renvoyer derrière les barreaux. Mais Mounir B. n'a pas été arrêté. Le 4 mai, il a attendu Chahinez devant chez elle, lui a tiré plusieurs fois dans les jambes avec une arme à feu et l'a brûlée vive.

La plainte déposée en mars aurait-elle pu sauver Chahinez ? Selon la mission d'inspection mise en place par le gouvernement après le drame, «la grille d'évaluation du danger et la fiche d'évaluation des victimes» ont été «remplies» et transmises au parquet. Mais les précédentes condamnations du policier les ayant complétées posent question. «Il existe un doute sérieux sur le soin avec lequel ces grilles ont été renseignées», a reconnu le rapport. 

pas encore de conseil disciplinaire

Au moment des faits, le fonctionnaire faisait l'objet d'une «demande de renvoi devant un conseil de discipline», qui ne s'était «pas encore tenu». «Je trouve regrettable qu'après ce type de condamnation, la procédure disciplinaire et la réaction de la hiérarchie soit aussi longue», a asséné Maître Solène Roquain-Bardet, avocate de Chahinez depuis début 2021. «Cela me conforte dans l'idée qu'il est essentiel d'avoir dans chaque commissariat et chaque gendarmerie un référent» qui soit formé pour ce type de plainte. 

La mission d'inspection avait reconnu des défaillances dans le suivi du conjoint violent et dans la protection de la victime. Le gouvernement avait annoncé de nouvelles mesures, dont l'élargissement du recours au bracelet anti-rapprochement et au téléphone «grave danger». Pour de nombreuses associations, ces décisions sont insuffisantes. 64 femmes ont été assassinées en 2021 par leur conjoint ou ex-conjoint, selon le recensement du collectif Féminicides par Compagnons ou Ex. 

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