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Val-d’Oise : un policier condamné pour avoir insulté via le 17 une femme menacée de violences conjugales

En juillet 2022, Ophélie avait appelé le 17 à l’aide face aux menaces de son ex-conjoint. Au bout du téléphone, le policier ne l’avait pas prise au sérieux et l’avait même insultée. L'agent a été condamné ce mercredi 8 mars.

Des faits indignes de sa fonction. Ce mercredi 8 mars, Stéphane A., fonctionnaire de police, a été condamné à 8 mois de prison avec sursis probatoire de 18 mois pour «omission de porter secours» après avoir insulté une femme qui avait appelé le 17 pour signaler des violences conjugales. La peine a été assortie d’une obligation d’indemniser la victime et de l’interdiction d’exercer le métier de policier.

Les faits remontent à juillet 2022. Menacée de mort par son ex-compagnon devant chez elle à Osny (Val-d’Oise), Ophélie, 31 ans, compose le 17 pour recevoir de l’aide, rapporte Actu.fr. A l’autre bout du fil, Stéphane A. décroche et demande à la jeune femme quel est le problème. Paniquée, elle répond avoir été menacée par son ex-compagnon : « Il est venu chez moi. Il a dit qu’il va me tuer», déclare-t-elle. «Non», rétorque le policier qui n’a pas l’air de prendre la menace au sérieux.

Le policier lui raccroche au nez après 40 secondes d'appel

«Commence pas à crier mon nom en bas de chez moi, casse pas les couilles Issa», crie alors Ophélie par la fenêtre s’adressant à son ex-compagnon. Des propos entendus par le fonctionnaire qui réagit aussitôt : «Tu parles mal grosse merde. Alors tu m'étonnes qu'il te menace. Et rappelez plus, démerdez-vous avec», lui lance alors le policier avant de raccrocher au nez de la jeune femme après 40 secondes d’appel.

«J’étais très choquée. J’ai tenté de rassurer ma fille. Je ne faisais que répéter : "Il m’a raccrochée au nez !" Je me demandais qui allait me protéger maintenant. Alors j’ai appelé mes copines», raconte Ophélie. Moins d’une heure et demie après, la jeune femme compose une nouvelle fois le 17. Elle tombe encore, sans le savoir, sur Stéphane A. Ophélie lui raconte avoir été insultée lors de son appel précédent, ce que nie le fonctionnaire de police, faisant comme si de rien n’était. Il abrège ensuite l’appel en lui conseillant de porter plainte. Aucune patrouille ne sera envoyée sur place afin de vérifier que l’agresseur a bien quitté les lieux.

Finalement, Ophélie a été agressée le lendemain matin par son ex-compagnon qui l'a surprise à la sortie de son immeuble. Frappée à coups de batte de baseball, elle a été gravement blessée et «laissée pour morte», selon son avocate Me Pauline Rongier. Agée de 12 ans, sa fille a assisté impuissante à la scène et a alerté les policiers. «J’étais défigurée, a rapporté la victime à l’audience. Ma fille est depuis suivie par un psychologue.»

Une affaire qui «met à l’évidence un problème sociétal majeur»

Issa B. a été condamné en novembre 2022 à quatre ans de prison ferme, dont un an avec sursis probatoire. Il a été écroué. Une agression pour laquelle le prévenu, Stéphane A., ne se sent pas responsable et n’éprouve aucun remord. «Je ne me suis pas trompé sur cet appel, il n’y avait pas de danger», a-t-il répété à l’audience. Une posture qui a fini par agacer Hélène Tortel, la présidente du tribunal correctionnel. «Vous avez l’air très à l’aise, vous ne devriez pas», a-t-elle rétorqué.

A propos des insultes proférées contre la victime, lors de son audition auprès de l’IGPN, le policier a confié : «J’ai eu un moment d’égarement et je me suis lâché verbalement contre elle». Stéphane A. a fini par présenter ses excuses à la victime, fortement poussé par Hélène Tortel. «C’est une peine sévère pour un primo-délinquant, mais juste à la hauteur de la gravité des faits, a estimé Me Pauline Rongier, l’avocate d’Ophélie. Elle souligne par ailleurs que l’affaire «met à l’évidence un problème sociétal majeur, droit des femmes et protection des femmes doit être un combat de tous les jours».

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