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Guerre en Ukraine : faut-il craindre une pénurie d'huile de tournesol ?

Les rayons des supermarchés auront-ils encore de l’huile de tournesol dans les prochaines semaines ? A elles deux, l'Ukraine et la Russie représentent 80% des exportations du tournesol mondial. Et depuis que les deux pays sont en guerre, le marché est considérablement impacté.

Il faut dire que les Français en sont de gros consommateurs. Plus de 120 millions de litres sont vendus chaque année dans les grandes surfaces. Le secteur de la restauration et les industriels ont aussi de gros besoins.

En Belgique, deux chaînes de supermarchés ont déjà pris l’initiative de fixer un seuil maximum de produits à acheter. Lidl limite les achats à deux portions par client. Les images de rayons dévalisés par les clients au début de la pandémie il y a deux ans sont encore dans toutes les têtes.

En France, un grossiste majoritaire a lui aussi mis en place des restrictions pour éviter que certains clients ne fassent des stocks excessifs.

De leur côté, les industriels se veulent rassurants. Ils répètent qu’il y aura toujours de l’huile de tournesol dans les rayons afin de prévenir toute ruée. «C’est la désorganisation qui menace de créer une pénurie» explique Fabien Razac, directeur marketing Lesieur. «Il faut que chaque acteur de la chaîne se comporte normalement. Si les gens stockent excessivement des produits, cela va créer un déséquilibre».

700.000 tonnes produites en France

S’il estime que les marques propres ne sont pas menacées, c’est parce qu’elles produisent leur huile à partir de graines de tournesol 100% français. En effet, la France produit 700.000 tonnes d’huile de tournesol. En revanche, les marques de distributeurs, les MDD, sont réalisées à partir des importations ukrainiennes.

Et c’est sur ce segment que des problèmes d’approvisionnement sont à craindre car les approvisionnements en provenance d’Ukraine sont au point mort. Actuellement, des stocks ont été négociés dans d’autres petits pays producteurs. Mais pour combien de temps ?

Pour Fabien Razac, la crise a débouché sur une prise de conscience qui s’articule en trois axes. Le premier consiste à développer considérablement la production française de tournesol. Actuellement, les hectares destinés à la jachère vont être utilisé afin de booster la production. Mais les surfaces ne sont pas infinies.

Le deuxième levier est d’aller chercher d’autres pays exportateurs de tournesol et de les motiver à produire davantage. La Roumanie, la Bulgarie et l’Espagne sont dans cette situation.

Des huiles alternatives

Enfin, il faut pousser le consommateur à s’interesser aux huiles alternatives. Par exemple, le colza présente plus d’un avantage. Son huile est tout d’abord riche en nutriments (oméga 3) et sa production est beaucoup moins dépendante des exportations ukrainiennes (12%). Mais elle ne peut suffire à remplacer complètement le tournesol.

En attendant, ce marché qui doit se réinventer subit de plein fouet l’inflation. L’Asie est venue troubler les négociations il y a un an en achetant beaucoup de stocks. Sur les deux dernières années, le prix a triplé et cela ne risque pas de s’arrêter si le conflit en Ukraine perdure.

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